Je vous propose de continuer l'exploration outrancière de l'œuvre graphique du jeune Yves Chaland (que d'aucuns qui ne l'ont même jamais croisé — ne serait-ce qu'une seule fois — osent appeler "Maître", comme s'ils pouvaient se revendiquer d'être ou avoir été un disciple — padawan — ou que Monsieur Yves Chaland eut été leur mentor à un quelconque moment de leur vie !) …
Fermons cette parenthèse et revenons à ce qui est vraiment important.
S'il est un aspect négligé dans l'œuvre dessinée de Chaland, c'est bien son utilisation récurrente de la palissade en bois, dans ce qu'elle est de toute évidence : une barrière icono-séparative (à ne surtout pas confondre avec l'espace inter-textuel de certains penseurs du 9ème Art) entre le monde du réel dans lequel nous évoluons tous : la rue ou, plus simplement, l'espace macadamique intro pictural®, et ce qu'il y a au-delà de cet espace macadamique intro pictural…
Nous pourrions à loisir disserter sur la notion de monde réel mais, gageons, que sur ce point nous tomberons tous d'accords pour une définition communément admise et admissible telle qu'elle est expressément présentée et / ou révélée dans le fameux Traité de Philosophie Appliquée au(x) Monde(s) Perceptible(s) de la fin du 20ème siècle (qui aura au moins apporté cela de grandiose à la Pensée Humaine) : Matrix™…
S'il est un aspect négligé dans l'œuvre dessinée de Chaland, c'est bien son utilisation récurrente de la palissade en bois, dans ce qu'elle est de toute évidence : une barrière icono-séparative (à ne surtout pas confondre avec l'espace inter-textuel de certains penseurs du 9ème Art) entre le monde du réel dans lequel nous évoluons tous : la rue ou, plus simplement, l'espace macadamique intro pictural®, et ce qu'il y a au-delà de cet espace macadamique intro pictural…
Nous pourrions à loisir disserter sur la notion de monde réel mais, gageons, que sur ce point nous tomberons tous d'accords pour une définition communément admise et admissible telle qu'elle est expressément présentée et / ou révélée dans le fameux Traité de Philosophie Appliquée au(x) Monde(s) Perceptible(s) de la fin du 20ème siècle (qui aura au moins apporté cela de grandiose à la Pensée Humaine) : Matrix™…
• L'Art de la palissade en bois dans l'œuvre dessinée de Chaland :
Nous passons trop souvent sur des éléments indubitablement primordiaux et, sur certains aspects vitaux des récits fabulistes en narration séquentielle, en lisant nos chers livres de Bande Dessinée !
Il fait partie de mon devoir de lecteur du commun, que de révéler à quel point la palissade en bois revêt une nécessité incontournable pour saisir la substantifique moelle de l'œuvre graphique de Yves Chaland…
Il me paraît utile de préciser que la palissade en bois dissimule aux yeux des passants plébéiens le terrain vague, en friche ou oublié, en attente — stand by en bon français — du projet immobilier qui permettra aux promoteurs, et néanmoins humanistes, de remplir leurs tiroirs caisses en même temps que ceux de certains Partis Politiques vintage, par pur acte de partage sans égal que nos âmes issues d'une culture judéo-chrétienne fondée sur la contrition et la redistribution chère au marxisme-léninisme, ne peuvent qu'approuver du chef, les yeux fermés et les deux mains sur les oreilles ("parce que lorsque l'on ne voit et n'entend rien, on ne peut rien dire", disait mon Grand Oncle Vittorio, qui s'y connaissait aussi en béton puisque dirigeant l'une des Famiglia de… mais, je m'égare sur des sentiers Piémontais dont il ne faut pas parler)…
Projets immobiliers, disais-je, qui permettront aux promoteurs de s'en mettre plein les fouilles, pour oser employer un langage fleuri, de façon trop souvent inversement proportionnelle aux qualités architecturales et urbanistiques qui ressortiront desdits projets : cela n'a jamais été le but, faut-il le rappeler ?
La palissade en bois dissimule tout autant aux yeux des passants, ces espaces interlopes dans lesquels les événements les plus sordides peuvent arriver à tout instant, et, pourtant, que les enfants — les ketjes en bon français — s'appropriaient comme terrains de jeux.
Et, ce, évidemment, bien avant que la norme AFNOR ne vienne tout dramatiquement régenter et niveler !…
Commençons avec Bob Fish, paru en livre en 1981 grâce aux bons soins (si l'on oublie ces viles histoires de pelliculage fripé voire de papier gondolé pour l'édition de luxe) des excellentissimes éditions Les Humanoïdes Associés (pour reprendre la rhétorique désuète et d'arrière-garde de certains Docteurs ès Bande Dessinées : les vraies éditions Les Humanoïdes Associés) : Flup (qui n'est pas sans faire penser à Flupke : normal c'est son cousin par la belle-sœur de la tante de son oncle par le cousin germain de son père carolo), associé d' Albert aliasRic Hoch Al Mémory, a confié une mission à deux ketjes : retrouver une voiture grâce au numéro de la plaque d'immatriculation et la référence du modèle…
Les deux ketjes vont s'extraire du monde furieux qui nous entoure et s'isoler dans un terrain vague, derrière une palissade en bois, et ne rejoindront le monde toujours aussi furieux qui nous entoure encore et toujours — et ce n'est pas seulement à cause de tous ces damnésTémoins de Jého morantins qui sillonnent les trottoirs à témoigner d'on ne sait quel message divin trompeur ? — qu'une fois le numéro de la plaque d'immatriculation apprise…
L'un avalera le papier tandis que l'autre morveux aura bien meilleur et onctueux à avaler…
Il faut noter et faire remarquer le travail tout en finesse et discrétion fait par Yves Chaland : un forme de champ-contre-champ à travers un espace physique séparé — frontiéralisé serais-je enclin à écrire, si seulement cela signifiait vraiment quelque chose de tangible — par la palissade en bois. Le détail est diabolique (sic) : le réverbère à l'arrière-plan derrière la palissade et hors du terrain vague, dans la rue, est visible au premier plan à côté des ketjes revenus au monde furieux, dans la rue.
Je constate une nouvelle fois qu'il semble plus facile pour ces ketjes de mémoriser ce numéro de plaque d'immatriculation — malgré tout — que la moindre récitation de nos chers Grands Auteurs classiques…
Et, ce, évidemment, bien avant que la norme AFNOR ne vienne tout dramatiquement régenter et niveler !…
Commençons avec Bob Fish, paru en livre en 1981 grâce aux bons soins (si l'on oublie ces viles histoires de pelliculage fripé voire de papier gondolé pour l'édition de luxe) des excellentissimes éditions Les Humanoïdes Associés (pour reprendre la rhétorique désuète et d'arrière-garde de certains Docteurs ès Bande Dessinées : les vraies éditions Les Humanoïdes Associés) : Flup (qui n'est pas sans faire penser à Flupke : normal c'est son cousin par la belle-sœur de la tante de son oncle par le cousin germain de son père carolo), associé d' Albert alias
Les deux ketjes vont s'extraire du monde furieux qui nous entoure et s'isoler dans un terrain vague, derrière une palissade en bois, et ne rejoindront le monde toujours aussi furieux qui nous entoure encore et toujours — et ce n'est pas seulement à cause de tous ces damnés
L'un avalera le papier tandis que l'autre morveux aura bien meilleur et onctueux à avaler…
Il faut noter et faire remarquer le travail tout en finesse et discrétion fait par Yves Chaland : un forme de champ-contre-champ à travers un espace physique séparé — frontiéralisé serais-je enclin à écrire, si seulement cela signifiait vraiment quelque chose de tangible — par la palissade en bois. Le détail est diabolique (sic) : le réverbère à l'arrière-plan derrière la palissade et hors du terrain vague, dans la rue, est visible au premier plan à côté des ketjes revenus au monde furieux, dans la rue.
Je constate une nouvelle fois qu'il semble plus facile pour ces ketjes de mémoriser ce numéro de plaque d'immatriculation — malgré tout — que la moindre récitation de nos chers Grands Auteurs classiques…
Flup a rencontré un autre ketje — un vrai castar — qui a trouvé la piste de la voiture recherchée par Albert pour Bob Fish : rendez-vous est donné par une nuit pluvieuse — par beau temps sur Bruxelles, il va s'en dire — dans une carrosserie borgne et douteuse qui se trouve derrière une palissade… en bois.
Yves Chaland, Bob Fish —Planche 15 Éditions Les Humanoïdes Associés, 1981 > Les ketjes on rendez-vous derrière une palissade… |
Un espace interlope avec un seul immeuble posé entre usine aux cheminées fumantes et rails de chemin de fer ou de tramway… Le panneau publicitaire encore présent sur l'une des façades de l'immeuble ne doit plus avoir aucun impact (impacté dans le langage marketing actuel : beeeeurk. Impression de déjà lu peut-être ?) sur quiconque, puisque nous nous trouvons dans un désert urbanistique total…
Aussi peu d'impact que l'envoi de livres en service de presse à des fanzines ou a des sites internets pseudo culturels… c'est peu dire !
Aussi peu d'impact que l'envoi de livres en service de presse à des fanzines ou a des sites internets pseudo culturels… c'est peu dire !
Yves Chaland, Bob Fish Planche 16 Éditions Les Humanoïdes Associés, 1981 |
Continuons avec le travail de Chaland dans le domaine des estampes avec l'une des premières qui furent éditées : Ghost.
Cette estampe, imprimée en 1983 par Frédéric de B. du remarquable atelier de sérigraphie L'Atelier — sis à Paris dans le 14e arrondissement — présente un carrefour de ce qui semble être une petite ville tranquille, à l'ancienne : bien proprette. Une distribution gratuite de paquets de lessive Ghost faite par des fantômes (ce ne sont pas de vrais fantômes : je vous rassure : il n'y en a qu'en Écosse comme il a été scientifiquement prouvé par un Mac-quelque-chose) tous vêtus de blanc immaculé — allusion évidente à la puissance de nettoyage de la lessive en question… et davantage au nom de ladite lessive par un jeu de mot d'une puissance que seul le monde de la publicité peut délivrer au public sidéré par tant d'audace…
Au cas où l'on n'aurait pas tout saisi, les noms des rues nous mettent sur la piste : Rue Blanche, Place Propre ou Avenue de la Grande Lessive…
Au cas où l'on n'aurait pas tout saisi, les noms des rues nous mettent sur la piste : Rue Blanche, Place Propre ou Avenue de la Grande Lessive…
J'ai numérisé une partie de cette estampe (partie supérieure / gauche) : on distingue derrière la camionnette avec l'affiche Ghost collée sur les flancs (impensable à notre époque où même les véhicules de transports ou de livraisons sont presque tout le temps sous-loués), le fameux terrain vague dont seule une partie est entourée par la fameuse palissade en bois…
Le monde moderne et ses tours autant infernales que hautes guettent à l'arrière-plan et leur ombre rectiligne plane sur ce quartier resté haut en couleurs… Nul doute que cette palissade et ce terrain vague vivent là leurs derniers instants de friche, avant qu'une tour ne vienne jeter son ombre d'obscurantisme architectural sur ce qu'il reste de ce quartier habité, vivant et presque immaculé (en tout cas : bien blanc !)…
Si le terrain vague n'est pas, ici, investi par des hordes de gamins débraillés et criards, il sert de raccourci, pour celui qui veut courir vers la distribution gracieuse de lessive Ghost, tel un chemin de traverse dans le monde rigoureux et tracés de l'urbs moderna qui va déferler dans un futur proche.
Yves Chaland, Ghost (détail) Sérigraphie couleurs — 190 ex. numérotés & signés Éditions Central Union, 1983 |
Yves Chaland, Ghost (détail) Sérigraphie version au trait — Tirage signé Éditions Central Union, 1983 |
Dans une estampe précédente éditée par Magic Strip en 1982, nous suivions déjà Freddy Lombard, Sweep et Dina sur une piste sanglante dans l'une de ces zones interlopes, située sous un pont de chemin de fer…
Freddy, lanterne SNCF — ou SNB : je n'ai pas reconnu le modèle utilisé — à la main, précède ses deux complices et nous éclaire de ses lumières tel Diogène, qui cherchait déjà l' Homme…
Yves Chaland, Freddy Lombard Sérigraphie couleurs — 200 ex. numérotés & signés Éditions Magic Strip, 1982 |
C'est dans un autre terrain vague, derrière une palissade en bois dont certaines planches fournissent le matériau nécessaire au bon feu de bois qui réchauffe les âmes et, davantage encore, les corps de Freddy Lombard, Sweep et Dina Martino (ainsi qu'un chien certainement abandonné à son triste sort d'errance qui les a rejoint) que je vous emmène.
Cette palissade en bois leur permet de se retrouver et se protéger du monde extérieur après avoir été interrogé au commissariat du XIIème arrondissement (de Paris, il va sans dire), alors que Dina avait dit ne plus oser rentrer à leur appartement, après avoir découvert un crime abominable dans l'appartement voisin.
Le jeune Yves Chaland habitait rue de Lyon, à côté de la gare du même nom : était-il allé faire des repérages dans ledit commissariat afin de le dessiner avec réalisme, ou l'a-t-il créé de toutes pièces sur le papier à dessin ?
Le terrain vague était-il voisin de son immeuble, ou bien là aussi a-t-il créé cette palissade en bois sur sa planche à dessin ?
Il faut se souvenir qu'à cette époque le quartier était en pleine restructuration — gentrification en français du 21ème siècle — et que l'on avait évacué l' Ilôt Châlon à grands coups de matraques comme tous quartiers prolétaires qui se respectent sur Paris : nul doute que les terrains vagues derrière leur palissades en bois ont succédé rapidement à la destruction des habitations insalubres et autres repaires de toxicos et autres esclaves de la seringue (sic) qui y pullulaient…
Yves Chaland, Freddy Lombard, Le cimetière des éléphants —Planche 7 Éditions Les Humanoïdes Associés, 1984 Planche originale — Encre de Chine sur papier + gouache + collage |
L'hiver venu, et la bise qui l'accompagne (vent frais, vent du matin etc.), nous retrouvons le trio dans le même terrain vague enneigé, derrière la même palissade en bois en train de festoyer aux frais du traiteur voisin — à l'arrière-plan, les bras en l'air en train de hurler comme un cochon (rien que du très classique pour un traiteur) : "Aux voleurs !… Aux voleurs !!…" .
Cette variation sur le terrain vague et sa palissade en bois — avec la case de la planche 7 du Cimetière des éléphants montrée plus haut — permet au trio de s'en mettre PLGPPUR, même si cela n'est pas vraiment très moral : leurs ventres seront bien plus remplis que ce que la situation précédente ne le laissait présager…
Les périodes de fêtes sont propices à l'exploration de l'Art du chant de Noël et de la chorale, avec toujours une palissade en bois derrière Freddy Lombard, Sweep et Dina…
Les tenues vestimentaires ont changé et sont plus chaudes pour Sweep et Dina, et Freddy est passé de la canadienne tellement à la mode dans les années 40 & 50, au duffle-coat typiquement estudiantin, que certains dessinateurs post Chaland avaient aussi adopté…
Ces trois versions forment une variation intéressante sur le même dessin et sujet… puisque la fameuse palissade en bois à la Chaland y est particulièrement représentée !
Yves Chaland, Freddy Sweep et Dina Joyeux Noël Carte postale — Éditions Magic Strip 1983 > Chant de Noël avec chat, derrière une palissade en bois avec ciel étoilé à l'arrière plan… |
Le Jeune Albert ne peut échapper à l'exploration des terrains vagues et de leurs palissades en bois propres aux ébats des gamins parigots ou d'ailleurs, et des ketjes plus exotiques.
On le remarque dès la couverture de la première édition du livre publié en 1985 par Les Humanoïdes Associés : sur les quatre vignettes entourant le portrait du Jeune Albert, deux ont pour décor un terrain vague dont l'un est bien entouré de sa palissade en bois, même si elle est très dégarnie…
On le remarque dès la couverture de la première édition du livre publié en 1985 par Les Humanoïdes Associés : sur les quatre vignettes entourant le portrait du Jeune Albert, deux ont pour décor un terrain vague dont l'un est bien entouré de sa palissade en bois, même si elle est très dégarnie…
Yves Chaland, Le Jeune Albert — Couverture (détail) Éditions Les Humanoïdes Associés, 1985 > Albert pleurniche dans un terrain vague…… |
Yves Chaland, Le Jeune Albert — Couverture (détail) Éditions Les Humanoïdes Associés, 1985 > Albert et son lance-pierre avec terrain vague et palissade en bois… |
Le terrain et sa palissade en bois protectrice ne peut que servir de refuge absolu, surtout
après avoir lancé une pierre avec son fidèle lance-pierre, à la tête du
représentant local de l'Ordre, du Droit et de la police du Roi !
Si Albert s'emmêle souvent les pinceaux à toujours vouloir faire de grandes phrases quasi logorrhéiques — chiffe-mouillée synthèse ou contraction involontaire entre la chiffe-molle et la poule-mouillée —
et faire la leçon à son faire-valoir, ils sont tous deux obligés
d'aller s'abriter hors du monde appréhendé par la perception
intellectuelle du policier.
Effectivement,
le terrain vague qui trouve vie d'habitude derrière les palissades ne
l'est plus à ce moment là : le chantier de construction a pris sa place —
le décor est posé par les tuyaux de canalisation, briques et pelle qui
sont dans la place.
Comme tous chantiers, celui-ci doit être interdit au public
: il échappe évidemment à la sagacité du policier de proximité — comme
on allait les appeler quelques décennies plus tard (la proximité
remplaçant le quartier, que l'on n'oserait plus nommer ainsi tant les
lieux ne ressemblaient plus à rien, et certainement pas à un quartier
tel que l'usage commun l'entend) — que l'on puisse se dissimuler au
regard pénétrant du représentant de l'Ordre Public dans un espace interdit au public, qui, comme tel, est hors de l'espace public et de lui-même !…
Cet espace est passé au-delà du monde perçu par le policier… qui ne pensera pas à faire les quelques pas qui le séparent des deux ketjes, alors qu'il n'aurait plus qu'a se baisser et à faire respecter l'Ordre et le bon droit contre lequel le Jeune Albert ne cesse de se révolter…
Cet espace est passé au-delà du monde perçu par le policier… qui ne pensera pas à faire les quelques pas qui le séparent des deux ketjes, alors qu'il n'aurait plus qu'a se baisser et à faire respecter l'Ordre et le bon droit contre lequel le Jeune Albert ne cesse de se révolter…
Situation
déjà fort présente dans le cinéma muet, autre art visuel par
excellence, dans lequel fleurissait les bandes d'enfants désœuvrés et
autres marginaux sans rôle sociétal défini, dans le sens où tout le
monde est bien étiqueté et rangé dans le bon tiroir de nos jours (fort heureusement ! Sinon où irions-nous ma bonne dame ?…) : principalement dans les bobines de Charlot, pour ne citer que le principal, ou Our gang Little rascals…
Yves Chaland, Le Jeune Albert —Page 29 Éditions Les Humanoïdes Associés, 1985 > Après le forfait, il faut se réfugier dans un chantier derrière la palissade en bois… |
Yves Chaland, Le Jeune Albert —Page 43 Éditions Les Humanoïdes Associés, 1985 > Le terrain vague avec la palissade en bois restent à l'arrière-plan… |
Nous retrouvons avec une énorme surprise Yves Chaland et son Jeune Albert dans les pages de Pilote & Charlie ("la B.D. en fusion" : c'est chaud bouillant comme de la braise ce slogan d'accroche face à la machine à rêver, par exemple) en mai 1988, dans un numéro "Quand j'étais petit…".
Un numéro dans lequel Frank Margerin Présente, pour reprendre le titre de son premier livre chez Les Humanoïdes Associés et avant que cette formule ne soit déclinée sous forme de livres chez le même éditeur dès l'année suivante avec Frank Margerin Présente la Fête, ou, Frank Margerin Présente la télé, Frank Margerin Présente sa moto, Frank Margerin Présente sa guitare etc.
Dans cette planche, Le jeune Albert va à l'école, mais est, bien évidemment, en retard.
Heureusement il n'est pas seul, même si cela semble lui arriver un peu trop souvent si l'on se souvient du portfolio Cauchemars dont j'ai déjà parlé (et aussi ici pour une extension du domaine de la lutte)… La dernière possibilité pour ne pas arriver trop en retard serait après de multiples péripéties que je vous laisserai découvrir par vous-même, de prendre un raccourci et de passer par un terrain vague, entouré de sa palissade en bois réglementaire bien sûr !
Mais la mère aux chats leur barre la route… et il faudrait outrepasser les superstitions et préjugés digne de la campagne (tout le monde admettra sans réserve que le monde rural n'est que superstitions, rumeurs et délations, là où l'univers urbain n'est que progrès, modernité, propreté et rationalisation, plus encore depuis l'avènement d'internet) pour ne pas risquer d'arriver trop en retard à l'école.
Déjà en 1983 dans les pages de Rigolo, le magazine pas-si-rigolo-que-cela publié par Les Humanoïdes Associées voulant faire leur Fluide Glacial, Yves Chaland montre l'utilisation possible d'un objet presque autant improbable qu'inutile — le Périscope des Neiges — dans une sorte de fiche- bricolage que l'on pouvait penser sortie des pages d'un numéro de Rustica : avec des gamins en pleine bataille de boules de neige dans un terrain vague enneigé et, loin des regards réprobateurs de leurs parents, protégés par des palissades en bois !…
Yves Chaland, Périscope des Neiges in Rigolo numéro 6 — décembre 1983 > Le terrain vague avec la palissade est enneigé et sert de terrain de jeux aux bandes de |
Déjà vu précédemment, ce dessin avec Floc'h pour la couverture d' Objectif Pub, sorti en 1986 : le panneau d'affichage publicitaire central Avenir st présent pour dissimuler le terrain vague et la palissade en bois ,que l'on peut apercevoir à l'arrière plan, sur la gauche, derrière la cabine téléphonique, légèrement plus lourde qu'un technologique Iphone, les plus jeunes en conviendront, mais, déjà, avec l'éclairage intégré !…
Les palissades en bois ont disparu de nos paysages urbains depuis de nombreuses années, remplacées dans la plupart des cas par de magnifiques panneaux en métal rutilant, et le terrain vague n'existe lui-aussi quasiment plus…
Sac à papier ! Quelle est cette époque où on ne laisse plus ni au temps de faire son ouvrage, ni aux gens d'apprendre à se connaître un tant soit peu, et encore moins à ces terrains libres / libérés de respirer : dès lors que l'espace est disponible, les machines infernales de nos temps modernes déferlent en rugissant et investissent cet espace afin d'œuvrer au plus vite et construire avec une solidité et un sens de l'esthétique trop souvent liés au temps passé sur ces chantiers…
Aussi, les terrains vagues ne sont plus, et leurs représentations graphiques, reflets d'un monde en mutation, révolus : celui-là même que l'on pouvait retrouver dans les photographies du petit peuple de la ville, de Doisneau, Cartier-Bresson (Chicago) ou Willy Ronis…
Enfant, j'ai eu moi-même pendant des années un immense terrain vague sous mes yeux : un trou immense classique dans les cités dortoirs de la banlieue parisienne. Avant que celui-ci ne finisse par être "bouché" peu à peu — projet après projet — sur plusieurs décennies : par une Bibliothèque Publique de référence, puis un immense Bureau de Poste (période Service Public : quand la Poste fonctionnait correctement et ouvrait des Centres Postaux plutôt que les fermer, avant de certainement en rouvrir si elle plagie la stratégie commerciale de leur ancien affidé, France Télécom / Orange ?), un centre de CPAM et autres bureaux ou hôtel pseudo-moderne, sans oublier un magnifique Opéra-Théâtre…
Ce terrain de jeux n'en était pas un et nous était interdit, mais nous y allions, forcément, discrètement, malgré les différents pièges éparpillés un peu partout dans cet espace (mal) fermé par une… palissade en bois.
Cela m'a valu un beau trou dans la cuisse gauche, causé par une barre de fer, celles là même servant à renforcer le béton armé, par un beau soir d'été naissant où nous jouions la nuit tombée (sinon ce n'est pas amusant…) entraînés par les grands à trouver le ballon dégagé en l'air, au pied, le plus loin possible, entre les morceaux de parpaings et autres débris de chantier, dos tournés au tireur.
Comme je l'ai déjà dit, le terrain vague, espace laissé à l'abandon pendant un temps indéfini que les bandes de gamins pouvaient s'approprier n'existent quasiment plus, très / trop vite remplacés par les chantiers avec des systèmes de vidéo-surveillances dissuasifs.
C'était en ces temps anciens un morceau de nature sauvage laissés aux enfants, avant que le béton ne vienne tout recouvrir illico presto sous peine de surpayer les locations de matériels de chantier.
Ces terrains vagues et leurs palissades en bois étaient très couramment présents dans la Bande Dessinée franco-belge, dont — comme chacun sait — Yves Chaland fut le prolongateur surdoué et l'Héritier Naturel, pour ne pas dire naturalisé de fait (Belge, cela va sans dire !).
Aussi les avons-nous fréquemment vus, parfois dans les rôles centraux de ces bandes dessinées, ou comme simple décors dans d'autres histoires…
Tout comme nous, Yves Chaland a dû s'en imprégner, afin de les intégrer dans son œuvre graphique post-lecteur / collectionneur…
De nombreux autres extraits de bandes dessinées pourraient venir illustrer ces propos incroyablement révélateurs du talent de Yves Chaland pour représenter les terrains vagues et les palissades en bois dissimulés aux regards du chaland : un indéniable talent qui ne peut nous laisser de bois !…
Sac à papier ! Quelle est cette époque où on ne laisse plus ni au temps de faire son ouvrage, ni aux gens d'apprendre à se connaître un tant soit peu, et encore moins à ces terrains libres / libérés de respirer : dès lors que l'espace est disponible, les machines infernales de nos temps modernes déferlent en rugissant et investissent cet espace afin d'œuvrer au plus vite et construire avec une solidité et un sens de l'esthétique trop souvent liés au temps passé sur ces chantiers…
Aussi, les terrains vagues ne sont plus, et leurs représentations graphiques, reflets d'un monde en mutation, révolus : celui-là même que l'on pouvait retrouver dans les photographies du petit peuple de la ville, de Doisneau, Cartier-Bresson (Chicago) ou Willy Ronis…
Enfant, j'ai eu moi-même pendant des années un immense terrain vague sous mes yeux : un trou immense classique dans les cités dortoirs de la banlieue parisienne. Avant que celui-ci ne finisse par être "bouché" peu à peu — projet après projet — sur plusieurs décennies : par une Bibliothèque Publique de référence, puis un immense Bureau de Poste (période Service Public : quand la Poste fonctionnait correctement et ouvrait des Centres Postaux plutôt que les fermer, avant de certainement en rouvrir si elle plagie la stratégie commerciale de leur ancien affidé, France Télécom / Orange ?), un centre de CPAM et autres bureaux ou hôtel pseudo-moderne, sans oublier un magnifique Opéra-Théâtre…
Ce terrain de jeux n'en était pas un et nous était interdit, mais nous y allions, forcément, discrètement, malgré les différents pièges éparpillés un peu partout dans cet espace (mal) fermé par une… palissade en bois.
Cela m'a valu un beau trou dans la cuisse gauche, causé par une barre de fer, celles là même servant à renforcer le béton armé, par un beau soir d'été naissant où nous jouions la nuit tombée (sinon ce n'est pas amusant…) entraînés par les grands à trouver le ballon dégagé en l'air, au pied, le plus loin possible, entre les morceaux de parpaings et autres débris de chantier, dos tournés au tireur.
Comme je l'ai déjà dit, le terrain vague, espace laissé à l'abandon pendant un temps indéfini que les bandes de gamins pouvaient s'approprier n'existent quasiment plus, très / trop vite remplacés par les chantiers avec des systèmes de vidéo-surveillances dissuasifs.
C'était en ces temps anciens un morceau de nature sauvage laissés aux enfants, avant que le béton ne vienne tout recouvrir illico presto sous peine de surpayer les locations de matériels de chantier.
Yves Chaland, BDDP Il paraît que l'on a un nom à coucher dehors Affiche publicitaire (détail) — BDDP, 1985 > Le terrain vague derrière sa palissade en bois a laissé place au chantier de destruction… |
Ces terrains vagues et leurs palissades en bois étaient très couramment présents dans la Bande Dessinée franco-belge, dont — comme chacun sait — Yves Chaland fut le prolongateur surdoué et l'Héritier Naturel, pour ne pas dire naturalisé de fait (Belge, cela va sans dire !).
Aussi les avons-nous fréquemment vus, parfois dans les rôles centraux de ces bandes dessinées, ou comme simple décors dans d'autres histoires…
Tout comme nous, Yves Chaland a dû s'en imprégner, afin de les intégrer dans son œuvre graphique post-lecteur / collectionneur…
Hergé, Quick et Flupke, Drame sans paroles © Éditions Casterman — Moulinsart > Les ketjes s'isolent du monde extérieur dans le terrain vague, derrière la palissade en bois pour braver les interdits… |
Morris, Lucky Luke in Le Journal de Spirou numéro 557 du 16 décembre 1948 > L'arrière de la palissade en bois sert à Lucky Luke pour installer un subterfuge face à ses ennemis… |
Tillieux, Gil Jourdan, Libellule s'évade Éditions Dupuis > Derrière la palissade en bois , un terrain vague envahi par les hautes herbes… |
Tillieux, Gil Jourdan, Surboum pour 4 roues in Le Journal de Spirou numéro 1243 du 8 février 1962 > Derrière la palissade en bois, le mystère reste entier… |
Roba, La Ribambelle in Le Journal de Spirou numéro 1247 du 8 mars 1962 > Derrière la palissade en bois, le terrain vague qui sert de repaire secret à la Ribambelle avec ses nombreux pièges… |
Roba, La Ribambelle in Le Journal de Spirou numéro 1248 du 15 mars 1962 > Derrière la palissade en bois, le terrain vague qui sert de repaire secret à la Ribambelle avec ses nombreux pièges… |
Jidéhem, Sophie Les bonheurs de Sophie in Le Journal de Spirou numéro 1347 du 7 décembre 1967 > Derrière la palissade en bois, le terrain vague enneigé qui est apparu par enchantement… |
Jano, Kebra in Bennes dessinées Éditions Carton —1986 > Derrière la palissade en bois, le terrain vague typique de la Banlieue parisienne et zébra qui se retrouve dans une poubelle vintage… |
Tardi, Griffu Éditions Dargaud —1982 > Derrière la palissade en bois, le terrain vague a été remplacé par un chantier typique de la Banlieue parisienne des années septantes… |
Bravo, Spirou et Fantasio Le journal d'un ingénu Éditions Dupuis — 2008 > Derrière la palissade en bois, le terrain vague où les gamins s'échauffent avant une bonne partie de football des familles… |
De nombreux autres extraits de bandes dessinées pourraient venir illustrer ces propos incroyablement révélateurs du talent de Yves Chaland pour représenter les terrains vagues et les palissades en bois dissimulés aux regards du chaland : un indéniable talent qui ne peut nous laisser de bois !…
Gaston, Joyeux Noël… in Journal de Spirou numéro 1235 di 14 décembre 1961 |
… Gaston, Joyeux Noël… dans la palissade en bois ! in Journal de Spirou numéro 1235 di 14 décembre 1961 |
Valéry Ponzone
PS : Je peux déjà annoncer que les prochains sujets auront pour thèmes :
- L'Art de la chaussure dans l'œuvre graphique de Yves Chaland
- L'Art du col de chemise dans l'œuvre graphique de Yves Chaland
- L'Art de l'Art dans l'œuvre graphique de Yves Chaland
- L'Art de la chaussure dans l'œuvre graphique de Yves Chaland
- L'Art du col de chemise dans l'œuvre graphique de Yves Chaland
- L'Art de l'Art dans l'œuvre graphique de Yves Chaland