mercredi 25 janvier 2017

> Grand Prix de la Ville d'Angoulême 2017 pour Cosey

Je m'attendais à Chris Ware qui a été une révolution absolue dans la Bande Dessinée Internationale— tant pour la forme que pour le fond — et, au bout du suspense,  c'est Cosey, qui a été une révolution dans ma perception de la Bande Dessinée quand j'étais… adolescent !!!…

Il faut avouer que les révolutions de palais d'Angoulême rendent toujours les choix de ces prix un peu étranges, non pas que l'ensemble de l'œuvre et la carrière de Cosey ne le méritent pas.
Mais, bon, tout de même : Chris Ware.
Il faudrait revenir sur Terre.
Chris Ware… W-A-R-E.

Plus il y a de sorties de livres, moins les prix semblent nombreux comparativement à il y a quelques années et, surtout, il serait peut-être temps d'instaurer un Grand Prix de la Ville d'Angoulême pour les auteurs francophones, et un autre du même niveau pour les auteurs de langues étrangères qui sont ou ont été traduits en français, donc connus ou connaissables
Parce que à ce rythme ci, comme le nombre d'auteurs a largement augmenté au fil des ans, sans parler de certains revenus. dans le giron de la Bande Dessinée puisque ne gagnant plus des fortunes ailleurs, Angoulême risque de passer de plus en plus à côté de grands auteurs méritant largement ce Grand Prix, qu'ils soient plus connus du grand public ou plus alternatifs…

Des frères Hernandez à Clowes, Burns ou Chris Ware, Tomine, ou Baudoin, Bourgeon, Loustal, De Crécy, Turf, Davodeau, David B., Emmanuel Guibert, Frédérik Peeters (un peu tôt, mais bientôt),  Larcenet (un peu trop tôt mais bientôt), Rabaté, Alan Moore, Manara, Mattotti, Giardino, Gibrat, Carlos Gimenez, Jodorowsky, Blain (un peu trop tôt mais bientôt), Matsumoto…

Et pourquoi ne pas faire trois Grands Prix puisque nos sociétés seraient fondées sur la Trinité ?
- Grand Prix de la Ville d'Angoulême pour un auteur francophone pour l'ensemble de son œuvre
- Grand Prix de la Ville d'Angoulême pour un auteur non francophone pour l'ensemble de son œuvre
- Grand Prix de la Ville d'Angoulême pour un scénariste pour l'ensemble de son œuvre

C'et sidérant qu'en 2016 on en soit à encore encore à un système artisanal qui ne cesse de changer depuis des années dans son mode même d'attribution.
De changer, pas d'évoluer ou de s'adapter, et souvent sous la pression de la profession qui sent bien qu'il y a quelque chose de pourri au royaume de la Bande Dessinée : qui manquerait d'esprit Républicain ?!…

Il y eut pendant longtemps des prix par genre, qui rapprochaient la Bande Dessinée d'autres médiums, comme le cinéma pour parler du principal : la différence étant qu'Angoulême mélange plus les genres : festival international mais aussi remise des principaux prix annuels de la Bande Dessinée.
On pense aux César mais on est plus proche de Cannes, et en même temps, Cannes est un festival, donc très différent de l'esprit des César et d'Angoulême…
Angoulême mélange les deux sans réussite mais tout en étant important. Un peu complexe tout cela.
Je ne sais pas ce qui a poussé à faire et ces prix fauves et à en réduire le nombre, alors que la Bande Dessinée a connu un développement — tout au moins quantitatif — hors du commun en seulement deux décennies.

Il serait peut-être temps de revenir aux fondamentaux et de récompenser les différents aspects de la Bande Dessinée dans son ensemble avec des prix par genre, qui permettraient aussi, même par vote, naturellement d'embrasser le prisme du monde de la Bande Dessinée : un peu comme à San Diego (USA) par exemple ?…

Des prix qui n'oublieraient pas les aspects technique de l'édition pour la meilleure mise en couleurs, voire de la meilleure maquette, de la meilleure édition d'art (…), sans oublier des domaines comme le lettrage ou la traduction : sans tomber non plus dans des travers dignes de nominations de colonels dans certaines dictatures, en donnant — par exemple — un prix pour le meilleur papier ! Il ne faudrait pas oublier le nouvel aspect du numérique, avec aussi bien ses adaptations plus ou moins bien réussies, et ses blogs d'auteurs…

Il y a des articles un peu partout à propos de Cosey : des quotidiens comme Le Soir (de Bruxelles) ou 24 heures (Suisse) maitrisent davantage leurs sujets…
Par contre celui de Libération démontre une nouvelle fois que son rédacteur ne connait pas trop la Bande Dessinée dans son ensemble, dans sa richesse, ou bien alors très récente et très orientée (même quand on n'apprécie pas un auteur, ce qui est son droit, on veille à mieux écrire et maîtriser un tant soi peu son sujet…), entre son commentaire sur Hermann  et ce qu'il écrit sur Cosey, dont il ne connait pas vraiment l'œuvre : un journaliste capable d'écrire qu'il lui est impossible de terminer un seul Jonathan (qui se lit en moins de 15 minutes en prenant vraiment son temps) me laisse dubitatif… Il devrait laisser sa place à quelqu'un capable de parler ou d'écrire plus correctement sur la Bande Dessinée, et tout au moins capable de terminer une Bande Dessinée standard de 46 pages couleurs, d'un auteur tout simplement classique…

Voici  à mes yeux, les trois titres indispensables de Cosey…
Je pourrais y ajouter deux autres tirés de la Collection Aire Libre : Orchidea et Joyeux Noël May !.

Quand je lisais Jonathan, dans les pages du Journal Tintin, mes yeux s'écarquillaient car cela ne ressemblait vraiment à rien d'autre — placé entre Chick Bill, Ric Hochet et autres séries de Derib  ou Hermann — ne serait-ce que pour le cadre du décor dans lequel Cosey avait choisi de planter pinceaux et plumes : le Népal, le Tibet, l'Himalaya…

Mon Jonathan préféré est et reste le cinquième : L'espace bleu entre les nuages. Je sais que la plupart  de se lecteurs préfèrent souvent Kate, cette jolie histoire d'amour (toile de fond des deux gros morceaux suivants) plus touchante à leurs yeux. Peut-être ont-ils découvert Jonathan un peu plus tard ?  L'espace bleu ente les nuages— outre son rapport la peinture impressionniste, et, ce rêve ultime de peintures qui n'existent pas — est aussi, et avant toute chose une histoire d'amour…

Cosey fait partie de tous ces artistes qui peuvent remercier Proust pour sa Recherche du temps perdu !… C'est certainement pour cela qu'il fat partie de ces auteurs madeleines aux yeux de beaucoup de lecteurs de Bande Dessinée, mais aussi pour bon nombre de ses collègues auteurs de Bande Dessinée, qui sont parfois aussi lecteurs ?…

La quête de ce qu'il y a de meilleur dans la Nature Humaine avec de beaux sentiments bien palpables semble être le maître mot des récits de Cosey depuis toujours… Peut-être trouvera-t-il — enfin —  ce meilleur un jour prochain ?
En tout cas il a d'ores et déjà trouvé la récompense suprême du petit monde de la Bande Dessinée francophone…


Jonathan Tome 5 — L'espace bleu entre les Nuages
Éditions Le Lombard, 1980

Jonathan Intégrale Tome 2 avec L'espace bleu entre les Nuages
Éditions Le Lombard

Un titre à double référence : Proust et JM Barrie…
Excusez du peu, pour un long récit parus à l'origine en deux volumes et se déroulant en Suisse…
La couverture du tome 1, devenue celle du volume intégral est graphiquement incroyable, la revoyant maintenant. Loin, très loin des principes de certaines collections avec personnages — de préférence féminins — en plan américain etc.
Cette trace en diagonale dans le format du livre avec blanc dominant : très fort !

À la recherche de Peter Pan — Tome 1
Éditions Le Lombard — 1984

À la recherche de Peter Pan — Tome 2
Éditions Le Lombard — 1985

À la recherche de Peter Pan — Intégrale
Éditions Le Lombard

Encore un titre en  référence : à un très beau film de Roberto Rossellini…

Le Voyage en Italie — Tome 1
Collection Aire Libre — Éditions Dupuis — 1988

Le Voyage en Italie — Tome 2
Collection Aire Libre — Éditions Dupuis — 1988

Le Voyage en Italie — Intégrale
Collection Aire Libre — Éditions Dupuis



Valéry Ponzone