jeudi 8 janvier 2015

> Je suis Charlie… moi aussi

07/01/2015
Ils ont tiré sur la satire
C'est à la fin du siècle dernier — une autre époque que les jeunes de moins de 20 ans ne peuvent connaître —  que j'ai eu la chance de recevoir Charb et Luz à la librairie pour une séance de signature mémorable à l'occasion de la publication de leur deux premiers livres chez les éditions Bichro…
J'avais rencontré l'éditrice à la librairie, accompagnée de Charb, mais la séance de signature avait été obtenue par la suite grâce à Christian Marmonnier qui avait fait l'intermédiaire, si je me souviens bien…

Charb était venu pour Police partout :

Charb, Police partout - Editions Bichro 1998

Luz, Les Mégret gèrent la ville - Editions Bichro 1999


… et Luz pour l'édition librairie des Mégret gèrent la Ville.

Mémorable journée pour la météo exécrable qui l'accompagnait : il pleuvait à verse ce jour là, la nuit était tombée tôt.
Malgré cela, comme l'info avait été publiée dans les pages de Charlie Hebdo, des lecteurs téméraires et quelques clients fidèles avaient bravé les éléments pour rencontrer et discuter avec Charb et Luz…
Ce qui m'avait le plus marqué était la profonde gentillesse de ces deux dessinateurs qui ne faisaient que commencer leur trajectoire. Avec un sens de l'humour très aiguisé !
Je me souviens d'un échange pendant lequel ils m'apprenaient qu'à cette époque, devant se rendre au Salon du Livre de Toulon, dont la Mairie était aux mains du Front National, ils devaient — déjà — être accompagnés de gardes du corps !
La lutte de Charb, comme des Cabu, Wolinski, Tignous et les autres contre tous ceux tentés par l'amputation de nos libertés remonte à bien longtemps…
Et plus généralement, leur lutte contre la connerie et l'étroitesse d'esprit d'un certain nombre de nos contemporains qui se servent de tous les prétextes à leur disposition (religion ; politique ; famille ; morale etc.) pour essayer de nous imposer leurs mondes cloisonnés, par la force, la sauvagerie voire… les armes de guerre !
Une certaine innocence, la nôtre, celle lisible sur les bouilles souriantes de Charb et de Cabu sans oublier l'air goguenard de Wolinski, vient peut-être de disparaître en ce début du mois de janvier 2015.
Chruchill parlait du sang et des larmes qu'il n'avait qu'à offrir mais c'était en temps de guerre : j'ai l'impression qu'une autre plus sournoise tente parfois de se glisser parmi nous ?

(…)
Foi, incroyance, rumeurs colportées,
Coran, Torah, Évangile
Prescrivant leurs lois ...
À toute génération ses mensonges
Que l’on s’empresse de croire et consigner.
Une génération se distinguera-t-elle, un jour,
En suivant la vérité ?


Deux sortes de gens sur la Terre
Ceux qui ont la raison sans religion
Et ceux qui ont la religion et manquent de raison.
(…)

Abu-l-Ala al-Maari (973-1057)


Moi aussi je suis Charlie : d'autant plus que le siège historique de Hara Kiri, Charlie Hebdo ou Mensuel se trouvait situé Rue des Trois Porte, juste à quelques mètres de La comète de Carthage. Là où habitaient Choron et Cavanna d'ailleurs…

Un ami vient de m'envoyer le dessin que Charb lui avait fait le jour de sa venue en cette fin de 20e siècle à La comète de Carthage…








Valéry Ponzone