samedi 18 avril 2020

> Moebius et le chemin du Cristal…

Juste envie de mettre un beau dessin de Moebius pour ce week-end : on a beaucoup besoin de beauté et de poésie en ce moment, même si elles sont cristallines !…

Portez-vous bien ! 


Moebius  Mœbius Crystal - Stabur Graphics 1985



Moebius
Mœbius
Moëbius
Moeb
Mœb
M.



Valéry Ponzone



mardi 14 avril 2020

> Yves Chaland, Freddy Lombard La paroisse diabolique

J'ai reçu ces documents par courrier au tout début des années 90 : avec un beau cachet de la Poste du Puy-en-Velay, pour ceux qui connaissent …

Je me suis toujours demandé qui avait fait ce machin là : Frère Luc , est-ce toi ?…
Et quelle était l'intention derrière tout cela : faire entrer la référence au BDM peut-être ?… En tout cas il n'y a jamais été inséré, quoi que ce ne soit pas un grand exploit d'y être, ou non d'ailleurs…

Si quelqu'un a des infos au sujet de ce soit-disant collector ??…

Les aventures de Freddy Lombard
La pariosse diabolique

Courrier du "Cercle des Amis de Chaland"


En fait, ce devait juste être un super canular…
Il y en a qui s'amusent comme ils le peuvent, même en plein mois de juillet…




Valéry Ponzone


lundi 13 avril 2020

> Yves Chaland et La comète de Carthage… 

• Vente Sotheby's 2017
YVES CHALAND (1957-1990)
Freddy Lombard - Tome 3 La Comète de Carthage
Planche 42 Les Humanoïdes Associés - 1986
Un joyau taillé dans l’encre de Chine pour l’un des albums centraux de Freddy Lombard ! Cette page particulièrement originale dans sa construction appelle irrémédiablement le regard vers sa dernière case. On y passe d’un dessin où traits et aplats de noir tranchent sur le blanc du papier à une dernière figure dessinée en négatif à partir d’un noir prédominant. Difficile de ne pas penser au S.O.S. Météores de Jacobs auquel Chaland semble rendre hommage ici. Fidèle à la ligne claire qu’il a su réinventer dans les années 80, Yves Chaland travaille ici sur deux moitiés de planche totalement différentes. À la première, très découpée - elle compte sept cases !- la seconde répond par une succession de quatre plans verticaux homothétiques. Les trois premières cases de ce très haut strip constituent un zoom arrière dans lequel le corps de Freddy Lombard dessine une diagonale. La toute dernière case y fait écho, entièrement construite quant à elle sur une autre diagonale, plus vertigineuse.
Encre de Chine sur papier
54 x 42 cm


• Éditions Champaka Brussels
L’ouvrage « Les archives Freddy Lombard » revisite cette série, à bien des égards atypique et révélatrice de la personnalité et des aspirations d’Yves Chaland. Chaque album de « Freddy Lombard » illustre la volonté de l’auteur d’explorer un des « pays » de « sa » bande dessinée. « Le testament de Godefroid de Bouillon » flirte avec les « Johan et Pirlouit » de Peyo. « Le cimetière des éléphants » revisite avec délectation les aventures africaines de « Spirou et Fantasio » : « La corne du rhinocéros » et « Le gorille à bonne mine ». « La comète de Carthage » fait mine de regarder du côté de « S.O.S. Météores » de Jacobs, pour mieux s’en aller vers des territoires personnels. « Vacances à Budapest » et, surtout, « F.52 » seront autant de balades particulières dans un univers de première force. « Les archives Freddy Lombard », ouvrage à tendance bibliophilique, se veut un « making of » à rebours de la série. Il est constitué de photos et croquis de repérages, crayonnés de planches, d’illustrations et planches modifiées (car, entre la parution dans « Métal Hurlant » et l’album, Chaland redessinait toujours certaines cases, parfois des planches entières). Truffé d’anecdotes, le texte de José-Louis Bocquet (auteur des « Années Métal », déjà sur Chaland et chez Champaka) est d’un grand intérêt historique. Il a été nourri par des interviews réalisées par Eric Verhoest auprès des proches de Chaland: François Avril, Isabelle Beaumenay-Joannet, Serge Clerc, Luc Cornillon, Floc'h, Jean-Luc Fromental, Yann Le Pennetier et Didier Pasamonik.
http://www.champaka.be/les-livres/chaland/les-archives-freddy-lombard-yves-chaland



La première description est celle d'une planche originale de Chaland, Freddy Lombard La comète de Carthage vendue chez Sotheby's…
La seconde est celle sur le site de l'éditeur du livre Les archives Freddy Lombard (vendu 125 euros soit le double du prix à sa sortie par son propre éditeur : je ne savais pas cela était possible ?)…

Les archives Lombard d'Yves Chaland
Éditions Champaka

Envolées lyriques faites pour mieux vendre et/ou vendre au plus cher (quand un libraire parle d'un de ce qu'il a dans son fonds, avec un prix marqué donc fixé,  certains pensent qu'il essaye de le "placer",  par contre dans le cadre de ventes aux enchères, là où le but est de pousser les collectionneurs à acheter au plus cher, donc à fixer eux-mêmes un prix élevé par une rivalité exacerbée, cela est accepté ? drôle d'époque…) cette planche qui serait " un joyau taillé dans l'encre de Chine" : cela fait un peu  salamalecs, en oubliant quelques évidences… 

Voici déjà le visuel de la planche en question récupérée sur un site : avez-vous remarqué la rapidité récente avec laquelle les acheteurs de planches originales en salles de vente aux enchères les mettent sur des sites ?… Une planche vendue / achetée 15 000 euros (hors frais) tout de même, allez hop, illico presto sur internet…
Drôle d'époque…

Freddy Lombard, La comète de Carthage planche 42
par Yves Chaland

Chaland ne travaille pas sur deux moitiés de planches totalement différentes, même si les découpages sont différents, ce n'est pas un gauffrier pour les paresseux du découpage, la planche est linéaire dans la mesure où elle raconte la même séquence : aucune rupture dans cette planche, et il ne faut pas s'appesantir ainsi sur la partie haute et la partie basse : il n'y en a pas vraiment !  Elle est vraiment conçue sur trois bandes, avec les deux premières cases identiques encadrant la séquence du centre, puis la deuxième bande — qui centre la planche par leur horizontalité — avec deux cases de mêmes formats, auxquelles vont répondre les quatre cases verticales (ce ne sont pas des "plans" mais des cases, ou des rectangles) égales  dans la séquence (l'homothétie implique davantage un changement de taille agrandissement ou réduction, en conservant la proportion géométrique format A4 > format A3 par exemple)… tout en étant de mêmes largeurs que les deux cases de la première bande : celles à gauche et à droite.
À la rigueur, si on devait séparer cette planche, cela se ferait davantage entre la première bande (ce sont des strips, mais j'aime bien la bande puisque nous parlons de Bande Dessinée et pas de Comics Strip) et le reste de la page, les deux bandes suivantes…
Qui forment cet ensemble deux cases horizontales / quatre cases verticales : comme une subdivision digne de la reproduction chez les organisme unicellulaires : un devient deux, là, passage d'une case horizontale de la deuxième bande,  à deux cases verticales situées juste en dessous…
L'axe central est commun par l'espace intertextuel (??) cher aux exégètes (et aux universitaires qui vont peut-être bientôt s'approprier le discours de la méthode de la Bande Dessinée, après l'avoir tant dédaignée ?) , qui est le même pour les deuxième et troisième bande :  nous pouvons  même tous remarquer en chœur et avec gaspation (merci qui ?… merci Schlingo !) que le centre de la page — l'axe central —  est prolongée graphiquement, volontairement ou non, consciemment ou non, par/avec Freddy Lombard lui-même, alternativement de face puis de dos, et,  en pleine négociation serrée au sujet de cette fameuse patte de lapin !
La dernière bande est bien un zoom arrière, en plongée qui plus est, avec la diagonale créée avec le corps allongé de Frédéric, alias Freddy Lombard (il faut toujours chercher les diagonales dans les planches de Chaland depuis que Dupuy-Berberian ont raconté l'anecdote de leur page faite à l'origine pour un numéro de Junior pour le Crédit Lyonnais : Chaland les avait félicités pour une diagonale qu'ils avaient faite… par hasard !) d'ailleurs prolongée par le sous-marin…

Si la scène reste unitaire sur toute la planche, et dans un périmètre très restreint, entre les personnages, dans le décor de cette calanque (ou crique ? je passais mes vacances au Cap Bénat et la côte n'a pas le même relief ?), la mise en forme bouge beaucoup, avec des champs / contre-champs entre les cases 1 et 5 — les deux cases encadrant la première bande — puis la même chose pour la deuxième bande, enfin,  ce jeu de profondeur de champs dans la dernière bande assez impressionnant à la relecture pour animer, faire vivre une planche de transition, de dialogue théâtralisé avec un certain crescendo : partant d'une situation burlesque, comique presque ridicule avec cette histoire de patte de lapin dérobée par Freddy Lombard, qui revêt une importance si grande aux yeux de son propriétaire qu'il est prêt à tuer pour la récupérer (assommer Freddy et le laisser dans l'eau ne peut pas être bon que pour le teint !),  passant par la sauvetage de Freddy par Alaïa, arme au poing, finissant, enfin,  par la fuite d'Alaïa, précédée d'un monologue d'adieu très flaubertien, qui nous est offert puisque que Freddy est toujours inconscient, pour véritablement s'achever avec la case dans laquelle le sous-marin s'enfonce dans les profondeurs marines sous nos yeux, comme un rideau se ferme sur la scène qui se termine alors que nous peinons à reprendre notre soufflle : de la comédie — burlesque — à la tragédie absolue, en une seule planche, avant d'entrer dans la scène finale de La comète de Carthage, qui commence dès la page suivante, page de droite…

Mais, mais, mais ???… Personne ne semble voir que la descente du sous-marin, que l'acheteur de la planche compare sur le site  à "une descente aux Enfers" (sic), c'est osé dans la Méditerranée,  d'autant plus qu'un sous-marin devrait pouvoir remonter à la surface,  mais je m'égare… il faut revenir sur le sous-marin, qui descend, disais-je, dans la Méditerranée comme… la comète fendant la nuit azuréenne au fur à mesure qu'elle s'approche / s'éloigne de la Terre…
Pour constituer un enchaînement et une transition graphique discrète , mais très efficace, et, surtout, d'une intelligence rare : du bas de la page de gauche au haut de la page de droite !

Freddy Lombard, La comète de Carthage par Yves Chaland
Éditions Les Humanoïdes Associés 1986
Dernière case planche 42 + Première case planche 43

Freddy Lombard, La comète de Carthage par Yves Chaland
Éditions Les Humanoïdes Associés 1986
Première case planche 31

Freddy Lombard, La comète de Carthage par Yves Chaland
Éditions Les Humanoïdes Associés 1986
Dernière case planche 33

Freddy Lombard, La comète de Carthage par Yves Chaland
Éditions Les Humanoïdes Associés 1986
Dernière case planche 42

Freddy Lombard, La comète de Carthage par Yves Chaland
Éditions Les Humanoïdes Associés 1986
Première case planche 43


Freddy Lombard, La comète de Carthage par Yves Chaland
Éditions Les Humanoïdes Associés 1986
Planche 44


Hé ouais, hé ouais, ça n'a l'air de rien, mais ce pourrait presque être un vrai métier, même si tout le monde s'en contrefiche !…

Comme je vous sais intelligents (j'ai osé mettre au pluriel mais peut-être n'y-a-t-il qu'un seul lecteur de ce billet, voire aucun ?) , vous aviez vu tout seul la belle diagonale de la planche 44…
Cette transition graphique de la planche 42 à la planche 43, est vraiment plus évidente dès lors que l'on ouvre La comète de Carthage et … qu'on le lit : les deux mises en couleurs renforcent cette transition graphique, cet enchaînement, par des teintes similaires pour les deux trainées (plus net dans le livre que sur mes scans)  : sillage sub aquatique du sous-marin / queue de la comète !



Je comprends parfois les polémiques intéressantes sur lesquelles je tombe sur le fait que les planches originales ne devraient pas être dispersées car elles forment un tout, un ensemble indissociable au même titre qu'un manuscrit littéraire dont on ne vendrait a priori  pas les pages ou chapitres séparément : cette position se défend autant son opposée… surtout si le lecteur ne pense pas ou ne voit pas sa planche dans l'ensemble de l'histoire dont elle est extraite.

Pour en finir une bonne fois avec le descriptif commercial de cette planche pour la vente Sotheby's, la dernière case n'est absolument pas un négatif : voilà la case en question en négatif.
C'est bien de se regarder écrire, mieux encore de regarder ce que l'on écrit.

Freddy Lombard, La comète de Carthage par Yves Chaland
Éditions Les Humanoïdes Associés 1986
Dernière case planche 42 en négatif

Mais ce n'est pas du tout cela qui m'intéressait vraiment dans ces deux argumentaires commerciaux : 
- Difficile de ne pas penser au S.O.S. Météores de Jacobs auquel Chaland semble rendre hommage ici.
- « La comète de Carthage » fait mine de regarder du côté de « S.O.S. Météores » de Jacobs, pour mieux s’en aller vers des territoires personnels.

Hum, hum.
La comète de Carthage inspirée par ce fabuleux Blake et Mortimer, SOS Météores ???…
Freddy, Sweep et Dina à Cassis vs Blake et Mortimer à Paris ???…
Est-ce possible de vraiment lire cela ?… Car hormis la pluie, je ne vois vraiment pas le lien entre les deux histoires, mais vraiment pas ???…
Car il n'y en a pas du tout à mon humble avis hormis une manie récente de vouloir trop lier tout ce qu'a créé Chaland à un ou à des classiques de l'École Franco-Belge, en oubliant souvent des références mineures pour certains mais peut-être majeures dans son œuvre (je citerais Fripounet et Marisette de Bonnet dont Chaland possédait plus de livres que de Jacobs ou Hergé !…), tout simplement parce qu'inconnues de trop de lecteurs.

Faut-il vraiment toujours faire de la référence référentielle comme certains aiment à faire de la politique politicienne ? 

Je rembobine, tel le zoom arrière de cette planche 42… et je m'essaye aussi à la référence… 
Été 2017, nous sommes en vacances dans les Alpes pour marcher… une envie me prend de relire un ancien Collection du Lombard ayant pour cadre la montagne, je cherche et trouve sur internet une édition originale de Jari dans la tourmente : c'est bête, je sais mais pas pour la même raison que celle à laquelle tu penses cher lecteur de mes élucubrations, "c'est bête" disais-je, car j'en ai déjà un exemplaire chez moi, très abîmé, mais je commande tout de même celui que je dégotte. Le prix est correct et l'album semble en bon état… et le vendeur peut surtout me l'envoyer.
Mais qui commande un album de Jari en éditon originale au Lombard pendant ses vacances ?…
Moi !…
Réception rapide, je déballe et inspecte le livre sur le balcon ensoleillé, protégé par la chaîne du Mont-Blanc : les points Tintin sont bien présents, les plats et le dos sont plutôt très bien, la garde avant est fendue entre le plat et le cahier : le vendeur ne le m'avait pas indiqué mais le prix étant ce qu'il est, il ne faut pas exagérer non plus!

Jari dans la tourmente par Reding
Collection du Lombard 1961

Je le feuillette : j'adore l'odeur (si le livre n'est pas moisi ou sorti d'une cave humide !) et davantage encore les couleurs et les papiers de anciennes éditions du Lombard, même de séries que je n'aime pas trop (je n'aime pas du tout Michel Vaillant, et pourtant j'en ai lu, mais les voitures et moi, bof, bof), et Jari me plaisait enfant, le tennis en toile de fond certainement (ce sont les années où j'ai tant joué au tennis avec entraînements encadrés hebdomadaires et le toutim) et en feuilletant, bam, la révélation, alors que j'ai pourtant déjà lu ce Jari plusieurs fois par le passé : 
Je vous le dis, mes biens chers frères, mes biens chères soeurs, en fait la bande dessinée la plus proche de La comète de Carthage n'est certainement pas SOS Météores mais bel et bien ce Jari dans la tourmente !…

Ce village de montagne (attention spoiler !) coupé du monde, coupé de tout à la suite d'un avalanche, cette ambiance de fin du monde, cette angoisse latente après que la Dent du Géant se soit effondrée sur le glacier du Boratt,  ait crevé une poche d'eau faisant déferler le Nantgris sur le  village de Priolans détruisant tout sur son passage !…

Jari dans la tourmente par Reding
Collection du Lombard 1961
L'eau déferle sur le village

Jusqu'à la découverte de ruines romaines, station thermale oubliée au cours des siècles qui pourraient faire penser aux ruines de la Villa de Phidias dans La comète de Carthage ?…


Jari dans la tourmente par Reding
Collection du Lombard 1961
Les ruines romaines

Je n'irai pas jusqu'à rapprocher la couleur de l'avion de Jari identique à celle du sous-marin de La comète… ni même la façon de dessiner les masses de roches qui s'effondrent dans les deux livres (très Kirby aussi d'ailleurs ?) mais je pense qu'il y a davantage de liens entre Jari dans la tourmente et La comète de Carthage qu'entre La comète de Carthage et SOS Météores, hormis la pluie, comme je l'ai déjà écrit…

Je vous disais que j'avais déjà un exemplaire de ce Jari chez moi, mais dans un état misérable, même si je l'ai récupéré couvert : comme vous pouvez le constater vous-même !

Jari dans la tourmente par Reding
Collection du Lombard 1961

Mais, fort heureusement  il a bien ses 10 point Tintin (je plaisante mon père découpait les siens !) à la dernière page, et surtout, vous remarquez le tampon de… la Bibliothèque pour tous de Nérac !

Jari dans la tourmente par Reding
Collection du Lombard 1961
Le point Tintin est bien présent

Il s'agit donc de l'exemplaire ayant appartenu à Chaland, d'où la référence possible, résurgence inconsciente, entre La comète de Carthage et Jari dans la Tourmente pour des détails qui me semblent plus prégnants que ce l'on peut tirer de SOS Météores, cité, je pense, juste pour lier La comète de Carthage à ce grand classique de l'histoire de la Bande Dessinée… et mieux vendre ? 

Lorsque j'ai exposé les planches de La comète de Carthage en 1997, François Avril m'avait appris une chose très intéressante, et je suis toujours étonné que des années plus tard — sauf erreur de ma part — cela n'ait jamais été repris par ailleurs… Avril sait plein de choses intéressantes de ce genre, mais ne parle jamais de cela dans les livres, ou se perd dans des anecdotes / analyses un peu fausses et sans grand intérêt (celle des Tirages de Tête de Chaland dans Une vie en dessins est réellement… anecdotique et vire à la légende urbaine du chapô de Freddy Lombard des anciennes éditions du BDM,  style réalité modifiée et comme le rédacteur du texte ne recoupe ou ne vérifie pas, tout en semblant ne pas avoir été contemporain de ces TT ou avoir lu Chaland pendant les périodes en question…) : lors de cette exposition  je ne peux que constater étonné que les planches de La comète de Carthage sont de deux formats différents !
La première partie de l'histoire est dans un format plus petit, plus classique du format des planches originales de Chaland que j'avais pu voir ici ou là, Le cimetière des éléphants exposées chez Super Héros en 1990 ; Adolphus Claar exposées chez Super Héros en 1983 ; Bob Fish en vente chez Album d' Yves Rasquain, sauf évidemment Le Jeune Albert exposées chez La Marque Jaune en 1985 (qui n'est pas une galerie parisienne contrairement à ce qui est écrit dans le gros Chaland Illustrateur !)  ou Le testament de Godefroid de Bouillon évidemment… puis à un moment, en cours d'histoire,  les planches de La comète de Carthage changent de format et deviennent plus grandes, prennent davantage d'ampleur… 
Désolé, mais je n'ai pas une mémoire si extraordinaire qui me permettrait de me rappeler à quel planche cela commence, quoiqu'il en soit, devant mon étonnement face à ce phénomène étrange en plein milieu du même album, Avril répondit à mes interrogations quasi métaphysiques : si j'ai bien retenu la leçon, Chaland avait vu les grandes planches de Floc'h et avait trouvé que cela donnait une belle dimension graphique au dessin. Il en a donc profité pour s'essayer à un format plus grand en cours de réalisation de La comète de Carthage
Je crois qu'il est revenu à son format habituel par la suite, car encrer trop haut, du fait d'un plus grand format de feuille à dessin, devait le gêner ?…

De toute façon, chacun sait qu'il n'y a pas que la taille qui compte, sinon où irions-nous ma bonne dame, n'est-ce pas ??…

Il est vrai que Chaland avait dans son fameux carton à dessin Dalbe toilé vert, celui dont Avril parle dans Portrait de l'artiste ( je crois ?) chez Champaka, une ou deux plutôt très grandes planches de Floc'h, de ce qui aurait dû être l'Affaire Vera Lindsay… dont la première est présentée sur le même site que la planche 42 de La comète de Carthage dont il est question plus haut, mais par un autre collectionneur  que celui — devenu depuis lors gros vendeur en chambre non déclaré tout en profitant des Assedic  — à qui je l'avais cédée à l'époque…



Valéry Ponzone


dimanche 12 avril 2020

> Yves Chaland, Une vie en dessins… (part fayeveu)

Cet autre passage m'a un peu interloqué : cette justification répétée sur cette couverture de Chaland pour le deuxième numéro de Métal Aventure est assez cocasse. Une impression de déculpabilisation ou de réhabilitation postérieure sur ce dessin en particulier, alors que, sincèrement, je n'en vois pas la raison et je n'ai surtout jamais eu le souvenir que cette illustration eut pu faire autant parler d'elle à l'époque, et plus tard, sauf dans ces livres consacrés à Chaland  ?
Son côté cliché extrême ne pouvait dans mon esprit en aucun cas prêter à confusion, même plus de trente cinq après sa création…

Chaland La vie en dessins (extrait)
Éditions Champaka 2019

La couverture originale était d'ailleurs exposée en 1990 lors de l'Exposition Coloniale, Chaland Explorateur chez Super Héros et, devant mon admiration pour cette couverture qui n'était évidemment pas en vente, Yves Boniface m'avait appris qu'elle appartenait au… rédacteur en chef de Métal Aventure

Métal Aventure numéro 2 - novembre 1983
Couverture de Chaland

Le texte semble reprendre ce que j'ai déjà lu ailleurs avec cet accent mis sur le magnifique guerrier ou ce Noir qui est beau (sic), qui a force d'être répété risquerait de donner un peu l'impression à quiconque ferait des raccourcis expéditifs, ou aurait l'esprit mal placé, d'entendre un extrait de la bande-son des commentaires du documentaire sur la dernière passion de Leni Riefenstahl !…
Ou des slogans récupérés hors contexte sur ce qui est beautiful ?…
Quoi qu'il est vrai que le grand Franquin lui-même qualifiait aussi ses guerriers Africains ainsi dans Spirou et Fantasio, Le gorille a bonne mine !
S'appesantir sur cette couverture de Chaland, qui n'est pourtant pas reproduite dans cette Vie en dessins est étonnant, alors que d'autres le sont sans que l'on n'esquisse quoi que ce soit à leur sujet ???
Encore cette impression de voies séparées entre le texte qui parle de choses autres et les dessins reproduits sans être en relation avec le texte !…

Le gorille a bonne mine par André Franquin - détail planche 14
Éditions Dupuis 1959

Le gorille a bonne mine par André Franquin
Éditions Dupuis 1959

Le seul côté apparement sans ambiguïté, de cette couverture de Métal Aventure numéro deux, et avec de sales véritables relents colonialistes d'un autres temps (les années 80 pourtant !), bien au-delà de la maladresse, est, et reste l'accroche pitoyable en sous-titre de cette "Nostalgie Coloniale" !… Cela renforçait certainement  l'ambiguïté dont il est question dans le texte à propos de ce dessin de Chaland, que l'on ne trouve plus quand le dessin lui-même est ex-filtré de son support imprimé originel…
Hergé se fait en permanence tirer dessus à boulets rouges avec son Tintin au Congo qu'il a fait en 1930, mais ce numéro de Métal Aventure est sorti en novembre 1983 avec aux manettes des gens normalement plus et bien mieux informés qu' Hergé, trop subordonné à l'Abbé Dailliez en ces temps anciens ?…
Mais le côté guerrier magnifique peut devenir un argument à double tranchant potentiel à le mettre tant en avant pour justifier la démarche de Chaland pour ce dessin :
- dans la mesure où il y a deux guerriers dans ce dessin de Chaland que doit-on penser si le second guerrier, de dos,  n'est pas "magnifique" ou simplement "beau" (sic) ?
- connaissant les quelques éructations récentes de certains politiciens ou intellectuels sur cette période douteuse de la colonisation, il vaut mieux faire très attention au raisonnement que l'on cherche à tenir à ce sujet parce que "le bon temps des colonies" est devenu très premier degré pour certains primaires ;
- sachant  la conception particulière de la magnificence et de la beauté de la personne citée plus haut quant à ses passions, je doute que ce soit le vocabulaire le plus justifiant ?

Naostalgie coloniale par Yves Chaland
Éditions Les Humanoides Associés - carte postale

La sémiologie est une discipline rigoureuse et, heureusement,  la compréhension d'une image ne nécessite pas toujours d'avoir embrassé ce cursus spécifique pour essayer de la comprendre  : je ne vois pas du tout, mais alors pas du tout,  en quoi ce guerrier (magnifique ou non cela relève d'une subjectivité plus littéraire que biographique) a un regard las (sic) ????…
Personnellement je ne vois aucune espèce de lassitude dans ce regard, mais bien de l'amusement : plus encore on remarque bien que la pupille du guerrier pétille telle l'Étoile du Berger dans le firmament !…
Une sorte de regard presque ironique, appuyé par son sourire, sur la scène dont nous sommes témoins, renforcé par une complicité immédiate entre celui, spectateur direct, qui se tourne vers nous, qui sommes presque voyeurs de la même scène, laissant l'autre guerrier continuer à se plonger (délecter ?) dans ce spectacle qui ne peut qu'apparaître… exotique aux deux guerriers.
Serait-ce une mie en abyme évidente ?,  entre ces guerriers authentiques, indigènes serait le meilleur terme, habillés en vrais guerrier et avec de vraies sagaies, de celles qui peuvent tuer et transpercer, et la scène d'intérieur cadrée de la demeure coloniale… Et, comme il est justement précisé, les cadeaux de pacotilles qui sont déballés devant nous pour ce Noël colonial lointain : lance-jouet et pagne autour de la taille pour le garçon,  tête blonde de circonstance, robe / tenue de femme léopard pour la mère / épouse, cravate à palmiers pour le père / époux avec en option, les décorations du  salon familial de circonstance  : fétiche posé sur le bahut, devant la radio, crèche au premier plan, croix chrétienne au-dessus de la porte intérieure, sans oublier la touche finale avec le portrait de ce "bon roi" Léopold au mur, qui nous permet de situer la scène au Congo belge…

J'irai même plus loin dans ma perception personnelle de ce dessin ("Ben tiens, y s'permet tout c'lui là !!!"), tel Flaubert et sa Bovary, ce guerrier Africain qui se tourne vers nous me donnerait presque l'impression d'être une projection de Chaland lui-même !?…
Un vrai dessinateur, au sens authentique du terme, face au(x) cliché(s) et à l'aspect factice — de pacotille — de la saynète jouée par cette famille de colons / petits cochons roses à chevelures de blé que nous distinguons tous, qu'il nous montre ou nous invite à regarder à travers cette fenêtre… qui devient un cadre délimité dans le cadre du dessin, cadré et délimité plus encore par les deux sagaies qui orientent notre regard avec les deux diagonales…
La caricature ne serait pas où on la pense de façon trop primaire ou trop rapide : elle serait davantage dans ce que l'on voit tous par la fenêtre, guerriers et lecteurs du dessin…
N'oublions en effet jamais, que l'homme est naturellement bon et que c'est la société qui le  déprave et le pervertit, bien davantage depuis que la société de Jean-Jacques a été remplacée par la société de consommation qui ne nous fait que revenir en arrière : vers une forme de monarchie consumériste d'un autre temps, dont certains se gorgent d'importance à se considérer comme des… clients-rois !…

Le regard du guerrier est d'autant moins las, que l'on ne sait que trop bien dans la Bande Dessinée que la lassitude se représente par… des yeux fermés !…
La bande dessinée a ses codes crées par les anciens maîtres et ils en sont les fondements, les bases et les fondations : malheur à celui qui oserait aller au-delà des limites de ces figures imposées, dignes des plus grandes compétitions artistiques : le patinage !…

Astérix gladiateur par Uderzo et Goscinny
La lassitude du préfet romain de Lutèce…

Cela (ce las ?) dit, je n'ai jamais compris que Chaland n'apparaisse que dans ce numéro deux de Métal Aventure alors qu'il était présent en ouverture dans les numéros 0 de la revue qui aurait pu/dû prendre le titre de Casablanca ???…
C'était bien la peine de courir après ce numéro 0 à l'époque, même si je n'ai eu que celui plus courant avec la couverture de Dominique Hé !!!…

Passons sur cette erreur d'interprétation et cette fausse lassitude, toute en subjectivité, plus communément définie comme "à côté de la plaque", et revenons vers des cieux plus célestes : vers les autres couvertures que Chaland a dessiné pour Métal Aventure puisqu'il en a réalisé tout de même cinq sur les dix numéros (très inégaux) qui furent publiés !…

Métal Aventure numéro 3 - janvier 1984
Couverture de Chaland

La couverture du numéro 3 de Métal Aventure, qui, est présente dans cette Vie en dessins mais ne semble pas appeler de commentaire particulier sur l'une des grande crainte des années 80, dernière ligne droite de la Guerre Froidene peut que rappeler la fin du monde (François M. avait proclamé en 1983 que les Pacifistes étaient à l'Ouest et les missiles à l'Est)… Mais une autre fin du monde antérieure me vient à l'esprit (non, non, je ne parle pas des anciens uniformes des gardiens de la paix option képis,  pas encore passés entre les mains de Balmain : plus tard, en 1985) :  celle représentée par E.P. Jacobs dans les pages du Journal de Tintin en 1946 dans les premières pages de Blake et Mortimer, Le secret de l'Espadon : la Tour Eiffel est détruite de la même façon, si le cadrage de notre prestigieux monument parisien est de trois-quart pour Jacobs mais de face pour Chaland, son effondrement se fait quasiment au même (deuxième) étage et suivant un angle plutôt similaire… pour l'une des séquence parmi les plus marquantes de ce Blake et Mortimer et de la Bande Dessinée franco-belge !

Blake et Mortimer par E.P. Jacobs
Le secret de l'Espadon planche 12
dans Le Journal de Tintin, 1946

Couverture de Métal Aventure numéro 3 qui fait forte résonance avec celle de Métal Hurlant numéro 98 aussi présente dans cette Vie en dessins sans attirer plus de commentaires que cela (valait-il mieux disserter sur une couverture non reproduite dans le livre que sur celles qui sont visibles ?), alors qu'elle aurait pu être en regard de celle de Métal Aventure numéro 3, voire placée juste avant, pour rester dans ce principe de chronologie basique en maquette : il y a bien un commentaire (en rouge) de J.P. Dionnet, pour mettre l'accent sur le réalisme possible dans le dessin de Chaland en prenant comme exemple les couvertures de… Métal Aventure, placé sous un crayonné d'une couverture de… Métal Hurlant !…

En ce printemps 2020, les astronautes, cosmonautes et autres spationautes qui rentrent sur Terre en cette période de COVID19 doivent avoir aussi l'impression d'un monde très différent à leur retour sur Terre !!??…

Métal Hurlant numéro 98 - avril 1984
Couverture de Chaland

Autre résonance peut-être aussi avec la couverture de l'Agenda 1991 de Reporter : quelques détails peuvent laisser à penser que nous sommes dans cette France post SS20 lancés sur Paris atomisé sur la couverture du Métal Aventure numéro 3 : la carte accrochée au mur avec l'Europe Unie (de l'Atlantique à l'Oural, voire au-delà, jusqu'à la Sibérie ?), cette assiette soupesée par la jeune femme brune avec la faucille et le marteau logotypaux au centre, ou cette pierre martienne Souvenir de Mars — la planète rouge ! — sous cloche transparent, voire cette affiche de film avec un rôle d'acteur vieillissant pour l'immense Gérard Depardieu (qui a d'ailleurs fini par devenir citoyen russe quelques décennies plus tard !), et ce détail délicieux au possible avec cette lampe conceptuelle, à double éclairage : mi-électrique avec une ampoule classique d''un coté et une chandelle de l'autre : certainement pour compenser les possibles coupures de courant dues aux impérities de la bureaucratique administration de l'énergie collectiviste dans cette Europe Unie post SS20  ???…
Chaland ne peut s'empêcher de nous faire glisser discrètement, délicatement, subtilement dans une uchronie à sa façon, renforcée par cette couverture de Paris Match, qui sera toujours publié quand Mandela Jr sera élu President de son pays…

Agenda 1991 Reporter - couverture par Yves Chaland



• Métal Aventure numéro 6 :
Ah, les titres accrocheurs de Métal Aventure tout en finesse pour ce numéro 6 par exemple avec  ce "Chaland à la rescousse de Moebius" : pour ce qui est vraiment la seule véritable erreur dans tout ce qu'à fait Chaland, avec cette reprise concept tout bidon du fabuleux  Major Fatal (ai-je déjà dit qu'avant La comète de Carthage, Le Jeune Albert, Bob Fish ou La ballade de la Mer Salée et autre WatchmenMajor Fatal Le garage hermétique de Jerry Cornélius est mon livre de Bande Dessinée préféré au monde de l'univers de la galaxie du Désert B aux différents niveaux du monde du Major Grubert ???) avec une chute tellement hermétiquement focalisée sur les revues, Métal Hurlant, Rigolo et Métal Aventure, des Humanos (seul Métal Hurlant restera mythique) que ces pages n'ont que peu, voire pas d'intérêt pour le lecteur lambda : ce qui est paradoxal dans l'œuvre globale de Chaland d'ailleurs, plus encore dans celle de Moebius qui vise à l'universel par la Grâce du Cristal !!!…
Si Moebius avait su que Chaland allait venir à sa rescousse,  peut-être ne serait-il pas parti à l'autre bout du monde pour guetter les extra-terrestres ?…

Métal Aventure numéro 6 - juin 1984
Couverture de Chaland



• Métal Aventure numéro 7 :
Le Général de Gaulle tueur de boches, une image édifiante de l'icône de la Résistance, du Sauveur de notre honneur national, qui n'hésite pas à utiliser son coutelas d'ivoire poignard pour trancher dans le vif le nazi…
Est-ce aussi un portrait du même Général de Gaulle que l'on voit encadré au mur gauche de la première case de l'intérieur de Bill Baxter contre les reliques de la mort ? …

Métal Aventure numéro 7 - octobre 1984
Couverture de Chaland


• Métal Aventure numéro 8 :
Était-ce un prolongement de la Nostalgie Coloniale des début de la revues, avant sa fin toute proche, avec cet avant-dernier épisode de la fin de l'empire colonial français ?
Ce reporter nous montre qu'il y a tout de même des priorités dans la vie, certainement un peu surpris par l'explosion dans la rue, surtout s'il n'a pas emporté assez de cravates et de chemises pour son reportage : ah, qu'il est toujours difficile de manger avec des baguettes !!!…

Métal Aventure numéro 8 - octobre 1984
Couverture de Chaland

Cette dernière couverture eut sa variation, ou reprise,  (parmi tant d'autres) de Serge Clerc dans les années 90 : 


aventure Indochine 54 par Serge Clerc
Dessin original inédit 1996

Quelqu'un trouvera peut-être le numéro de Paris Mach que Chaland a placé sous l'appareil photo du reporter ?…
J'ai un peu laissé tomber, je trouve que les recherches sur Google deviennent assez pénibles même quand les paramètres saisis sont très précis…

Ce serait préférable que les connaisseurs de Chaland (compagnons de route ou découvreurs tardifs) s'accordent un peu, déjà sur cette façon récurrente de vouloir nous faire passer ces très belles gouaches (couvertures de Métal Aventure ; agendas…) pour les œuvres majeures de Chaland  : comparativement à l'ensemble de sa production pour la Bande Dessinée, les estampes, les portfolios, les affiches (…), mais aussi sur les sources, puisque pour certains tout ce qu'a créé Chaland semblent inexorablement et toujours être issu de l'œuvre d'un autre artiste, ou être "sourcé" ?…
Pour Fromental dans le (petit) catalogue "Exposition 1995, La collection Chaland" (Éditions Reporter ; p. 16) :
" Le pinceau de ce dh Desmé nous rapproche en outre d'une veine que Chaland avait eu explorée mais où il excellait. Ses illustrations et couvertures (notamment pour Métal Aventure) à la gouache."

Cocktails d'amour par dh Desmé - vers 1945
Gouache originale Collection Chaland

Merry Christmas Joyeux Noël par dh Desmé - vers 1945
Gouache originale Collection Chaland

Et pour d'autres, ces illustrations à la gouache sont systématiquement et uniquement rapprochées de Di Marco, dont Chaland possédait également un dessin original…
Cela dit je ne sais pourquoi ces quelques gouaches seraient toujours référencée au travail de Di Marco, tellement d'auteurs travaillant avec cette technique et dans cet esprit pouvant être cités (un peu comme pour la… Ligne Claire® !!!!), Joubert avec notamment ses couvertures de Bob Morane, voire ces dessinateurs inconnus officiant dans les cartes scolaires et nammoins éducatives de jadis ??…

Rompons-là avec la dernière phrase de ce paragraphe : "Alors qu'il assure la maquette de Métal Hurlant, Chaland prend plaisir à accueillir les novices qui viennent présenter leurs dessins".
Quand je parle de fouillis et d'incohérence : je me demande ce que cette phrase vient faire là (comme un cheveu de Morantin dans la soupe ?) ?…
L'auteur nous parle de la période de Métal Aventure et des couvertures que Chaland a réalisées de fin 1983 à fin 1984 et il n'est plus maquettiste de Métal Hurlant depuis longtemps à cette époque : il ne l'a été que neuf mois, à partir de 1979, bien avant ces années Métal Aventure !!!…
Quelle est cette façon de parler d'un auteur en glissant  des événements qui n'ont rien à voir entre eux par l'opération du Saint-Esprit d'une chronologie anarchique ?… Comme si des pièces du puzzle avaient été oubliées, à force de copier-coller des parties du texte, mais qu'il fallait à tout prix les caser, les intercaler, quitte à les mettre un peu n'importe où et à réécrire l'ordonnancement des événements   ??…

C'était déjà ainsi pour la toute dernière page du texte, "Un maître quatre-vingt hors du temps", où l'on nous reparle de Métal Hurlant, et de sa fin, survenue trois ans avant la disparition de Chaland : alors qu'en toute cohérence cela aurait du rester dans les pages consacrées à… Métal Hurlant.
Idem pour F-52 (avec trait d'union comme Magic-Strip !) dont il est question de façon lapidaire dans le chapitre sur Freddy Lombard et qui est davantage développé dans celui sur "Robots, atome,  et télétrans", passant de F-52 à F52, en ignorant totalement le portfolio F-52 qui met énormément de choses en place des années avant (dès 1986) cette dernière histoire de Freddy, Sweep et Dina !…
C'est avant toute chose pour ce portfolio F-52 que Chaland a utilisé ce numéro de Science et Vie Spécial Aviation 1949 : la couverture de la revue est exactement celle du portfolio F-52 édité par Déesse, et les séparations sociétales et/ou de caste, sont d'ores et déjà précisées dans la maquette du F-52 présentée dans ce portfolio !!!…


Science et Vie - Hors-série Aviation 1949


Portfolio F-52 planche de présentation de l'avion et maquette sur calque
Éditions Déesse 1986

Le texte de référence part dans des directions qui me paraissent étranges, voire presque hors-sujet, tout en oubliant de souligner des évidences pour certains lecteurs pointus, mais tous n'ont pas à l'être,  qui se trouvent visibles dans les fameux back cover (pas peau d'ours) pour paraphraser Le Jeune Albert qui va retaper son Spirou contre l'Invisible chiné sur les quais parisiens : Freddy Lombard, Vacances à Budapest avait été annoncé en préparation sous le titre Les insurgés de Budapest.


Freddy Lombard, La comète de Carthage par Yves Chaland
Éditions Les Humanoïdes Associés 1986
> 4e plat avec Les insurgés de Budapest en préparation…

Peut-être le changement de titre fut-il inspiré par cette histoire de Spirou et Fantasio qui faisait suite — on y revient — à celle du Gorille a bonne mine… ?…

Spirou et Fantasio, Vacances sans histoire par Franquin
dans Le gorille a bonne mine
Éditions Dupuis 1959

Mais, plus important encore, que la dernière histoire de Freddy Lombard initialement prévue ne devait pas être F-52, qui a supplanté une toute autre histoire de Freddy Lombard : La parabole de la soucoupe !!!…
Sauf erreur de ma part il n'est nulle part fait allusion à cette Parabole décalée par l'intérêt immédiat que Chaland avait porté au sujet de F-52

Freddy Lombard, Vacances à Budapest  par Yves Chaland
Éditions Les Humanoïdes Associés 1988
> 4e plat avec La parabole de la soucoupe en préparation…

Cette Parabole de la soucoupe était à l'étape de recherche graphique alors que survint le décès de Chaland : surprenant de ne pas en parler du tout, tout en faisant cette irritante erreur quant à ce devait être le projet de livre d'artiste en sérigraphie sur Ubu !…

Chaland 2000 par Jean-Pierre Fuéri
Yann explique -  Bo Doï 2000

Un dernier clin d'œil pour la route : ami collectionneur de Chaland, ami partout, toujours
Tu auras certainement remarqué l'orthographe digne du Jeune Albert pour le premier album de "Freddy Lombard, Le testament de Godefroid de Bouillon" ?…
"Godefroid" est en effet écrit sans son joli "d" à la fin !… Étonnant non ?…
Peut-être un vengeance des Humanos pour ce titre édité par Magic-Strip, qui n'est d'ailleurs pas crédité comme éditeur ???… Mais non, pas du tout, car si tel avait été le cas, la faute grossière aurait été rectifiée dans la réédition de 1989 chez Magic-Strip, en couleurs avec une maquette façon  Collection Eldorado des Freddy Lombard édités par Les Humanoides Associés !!!…
Mais Magic-Strip n'avait pas rectifié cette faute grossière, que ce soit au catalogue du 4e plat ou bien encore dans le catalogue intérieur du livre, alors que le titre est écrit correctement sur la couverture et sur le dos… et avait conservé La parabole de la soucoupe en préparation alors que F-52 allait sortir cette même année 1989 !

Freddy Lombard, Le testament de Godefroid de Bouillon  par Yves Chaland
Éditions Magic Strip 1989

La bibliographie de Chaland de la première édition du Cimetière des éléphants avait peut-être  "complexifié" la tâche des graphistes suivants puisque Le testament de Godefroid de Bouillon avait été abrégé en "Le testament de G. de Bouillon" …

Captivant… n'est-il pas ?…

Je sais bien que ce n'est pas le cas, mais ça m'amuse !!!…




Valéry Ponzone