mercredi 6 mai 2020

> Notre société sortira-t-elle indemne de la crise du COVID-19 ?…

Peut-être aurait-il fallu un bon Roger Gicquel vintage pour véritablement sensibiliser tout le monde et faire respecter les règle de base, la Loi , du confinement obligatoire à cause du COVID19 avec une bonne frayeur salvatrice ?…

Une petite mise à jour  ?…

Roger Gicquel dans Le Journal de TF1 1976 - INA

On peut parfois ressentir cela  dès que l'on met le nez (bientôt sous un masque) hors de chez soi : la France a peur !…
Les gens se dévisagent dans la rue comme si, tels un Terminator, ils pouvaient détecter, repérer à distance les éventuels porteurs du virus du COVID-19 !… Mais ce n'est plus comme le chantait la Paradis, on s'dévisage — c'est certain — mais on ne s'envisage plus vraiment : la fashion tendance dans la rue serait plutôt au changement de trottoir …
À une dame d'un des beaux quartiers du coin à qui je lance en souriant et histoire de détendre l'atmosphère qu'on "lui fait peur",  alors qu'elle traverse la rue avant de prendre le risque de nous croiser, ma fille et moi, elle me répond gentiment "prudence" : jeu de sémantique, la peur, la lâcheté, la fuite ou la prudence devant l'invisible ? … Grand débat qui me rappelle peut-être un épisode de la série originale (surannée) de Star Trek, quand Spock doit convaincre une indigène extra-terrestre que tout ce que l'on ne voit pas peut-être dangereux (ou l'inverse : je ne sais plus ?) : comme l'air que l'on respire…
C'est la même chose dans les rayons du Carrefour City du coin où les clients évitent de se croiser, attendent presque que l'on sorte d'un petit rayon pour s'y engager, que l'on ait fini de se servir dans tel ou tel réfrigérateur avec sa porte légale, l'air de rien, sans siffler pour se donner un air dégagé non plus, on ne va pas jusque là, mais nous sommes dans l'esprit… Tout en constatant que ledit Carrefour City ne respecte pas tant que cela les règles de base de la distanciation sociale du Grand Confinement à faire passer en caisse dans l'urgence les (peu nombreux) clients, qui savent attendre patiemment en respectant la distance légale et minimum de un mètre, en file indienne : qui se retrouvent là au coude à coude, à quasiment se toucher, entre ceux qui posent leurs achats et ceux qui les rangent… Clients qui faisaient pourtant le maximum pour s'éviter… jusqu'au passage en caisse complètement incohérent !…

Dois-je parler du crétin que je vois au loin cracher, là-bas à un carrefour (de rues !) : le genre d'individu qui a tout compris à la période dans laquelle il vit, ce que je n'ai pas manqué de lui faire comprendre quand on s'est croisé, tellement la bêtise humaine n'a jamais manqué de m'énerver (un ou deux on dû s'en rendre compte à devoir compenser en pleurnichant dans des forums une fois rentrés chez eux, planqués derrière leur clavier ou un pseudo ?)…

Et nous sommes dans une zone relativement préservée, qui pourrait nous permettre de relâcher certaines tensions, d'avoir moins peur  : enfin, ici, jusqu'à présent, tout va bien, ou, en tout cas pas trop mal !??…

Dans notre Bande Dessinée, Manu Larcenet nous avait déjà mis dans l'ambiance, d'une autre peur…

Nic Oumouk, La France a peur par Larcenet
Éditions Dargaud

J'ai été très marqué par la lecture du cycle de Dune de Franck Herbert (pas cet immonde film de David Lynch !) : comme Muab'Dib, il ne faudrait jamais oublier de se réciter tel un mantra bene gesserit, qu'il ne faut pas avoir peur, car la peur est la petite mort de l'esprit…

"Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi."

Dune par Frank Herbert
Éditions Robert Laffont



Allez, on fait en sorte de se porter bien ?…




Valéry Ponzone


mardi 5 mai 2020

> Moebius aime vraiment beaucoup Mallet-Stevens…

Je regarde d'anciennes ventes aux enchères  d'originaux sur la toile et tombe sur ce bel original des Jardins d'Éros de Moebius…

Moebius Les jardins d'Éros
Portfolio Stardom 2005


J'ai acheté le portfolio il y a plusieurs années, mais j'avoue l'avoir peu regardé et comme il est rangé loin, très loin de moi… je ne le vois jamais, et l'ai très peu à l'esprit !


Moebius Les jardins d'Éros
Portfolio Éditions Stardom 2005 - 400 exemplaires numérotés et signés


Mais là, ce dessin sur l'écran m'interpelle particulièrement par l'architecture de la maison, que je trouve, tellement, tellement, tellement…

Je vais regarder mes livres d'architecture et, heureusement, j'ai ici le catalogue de Mallet-Stevens, édité par le Centre Pompidou en 2005, que je cherchais !


Robert Mallet-Stevens, L'œuvre complète
Centre Pompidou 2005

Je le feuillette, passe la série de dessin de cette Cité Moderne qui m'a toujours fait rêver (il y avait dans les années 80 un premier retirage en lithographie rassemblées en  portfolio, vendu par le Habitat du Centre Commercial de la Tour Montparnasse qui m'avait toujours fait envie, n'ayant jamais les moyens de me payer le tirage original de 1922 !) et j'arrive sur des dessins de projets de maisons, dont cette maison ouvrière pour Saint-Cloud…

Robert Mallet-Stevens Projet de maison ouvrière pour Saint-Cloud 1914
dans Robert Mallet-Stevens, L'œuvre complète - Centre Pompidou 2005

Robert Mallet-Stevens Projet de maison ouvrière pour Saint-Cloud 1914
dans Robert Mallet-Stevens, L'œuvre complète - Centre Pompidou 2005

By Grubert !…
Moebius a copié le dessin de Robert Mallet-Stevens : de la maison à la végétation du jardin très typique des dessins de Mallet-Stevens, jusqu'à la perspective, très légèrement modifiée !…
Perspective modifiée, mais pour ce qui concerne les proportions, je pense que si l'homme et la femme se lèvent et entrent dans la maison, ils se cogneront la tête au toit de l'entrée ?…

Shocking !…

Seuls de petits détails ont été modifiés, l'applique du mur de droite, une sorte de petit toit rajouté au-dessus de l'entrée sur la gauche, et surtout l'étage supérieur, ajouté, mais avec un toit typiquement Mallet-Stevens, dont on peut retrouver le principe dans d'autres dessins de lui.

Robert Mallet-Stevens Aquarium 1923 - encre de Chine sur papier
dans Robert Mallet-Stevens, L'œuvre complète - Centre Pompidou 2005

Je collectionne Moebius depuis que je suis adolescent, j'allais parfois en séance de dédicace au début des années 80 (Temps Futurs), et mon livre de Bande Dessinée préféré est Major Fatal (Le garage hermétique de Jerry Cornélius). Dessiner d'après des photos ou prendre, s'inspirer d'une architecture que l'on incorpore dans son univers fait partie du jeu : Joost Swarte ne nous a pas habitué à autre chose notamment avec l'architecture et ses typos à la Mallet-Stevens, entre autres sources d'inspiration…
Mais, là, c'est ni plus ni moins que le dessin de Mallet-Stevens qui est repris quasiment  tel quel, avec tous ses détails et toutes ses particularités, notamment le jardin lui-même !
Très gênant…
Davantage encore sachant que Isabelle Giraud est architecte : elle doit avoir la documentation dans ses bibliothèques et son cursus ne peut que lui faire reconnaitre du Mallet-Stevens au premier coup d'œil …
Très étrange ?…

D'autant plus que ce dessin précis, cette maison a aussi servi pour la bande dessinée publiée dans la revue Senso en 2005 : la végétation a laissé place au désert, puisque Les jardins d'Éros seront rajoutés en post-prod (sic) !… 
Tu parles d'un effet spécial…
Double utilisation de la même maison, du même dessin de Mallet-Stevens, pour deux supports différents : presse et édition sous forme de portfolio signé par Moebius…

Moebius Les jardins d'Éros page 6, dans Senso en 2005


Les dessins servant de prétexte à cette bande dessinée publiée dans Senso, très Inside Moebius d'ailleurs,  nous permettent de nous rendre compte qu'un des autres dessins a été modifié entre Senso et le portfolio Les jardins d'Éros, par des ajouts / suppressions de personnages : je vous laisse chercher ?…

Moebius Les jardins d'Éros dans Senso en 2005




Finissons avec un dessin de circonstance de Mallet-Stevens tiré de son portfolio Une cité moderne de 1922 : l'hôpital…
J'ai le sentiment que la modernité en a pris un sérieux coup en 2020…

Une forme d'hommage à celles et à ceux qui sont en première ligne depuis des semaines : de tout temps l'hôpital a représenté le dernier secours, le dernier recours pour espérer rester en vie ou se rétablir, grâce au dévouement et à l'abnégation de tous les personnels soignants : ce dont nos dirigeants politiques manquent cruellement depuis trop longtemps !…

Robert Mallet-Stevens Hopital 1922  dans Une cité moderne Éditions Massin 1922
dans Robert Mallet-Stevens, L'œuvre complète - Centre Pompidou 2005

L'homme statufié par Mallet-Stevens devant l'hôpital est Pasteur : n'oublions jamais que le jeune garçon sauvé de la rage était Alsacien !

Pasteur par Duval et Reding
dans Le Journal de Tintin numéro 280, 1954

Pasteur par Duval et Reding
dans Le Journal de Tintin numéro 280, 1954

Pasteur par Duval et Reding
dans Le Journal de Tintin numéro 280, 1954

Pasteur par Duval et Reding
dans Le Journal de Tintin numéro 280, 1954

Pasteur par Duval et Reding
dans Le Journal de Tintin numéro 280, 1954

Partir de Moebius en 2005, trouver la source avec Mallet-Stevens en 1914 et arriver à terminer sur une biographie de Pasteur par Reding en 1954 constitue une boucle temporelle des plus amusantes…




Portez-vous bien, et bien plus si affinités !…



Valéry Ponzone



Moebius
Mœbius
Moëbius
Moeb
Mœb

M.


lundi 4 mai 2020

> Yves Chaland et la tenue idéale contre le COVID-19…

En juin 1980, Chaland publie dans la presse magazine (un vieux truc en papier que les moins de vingt ans ne peuvent pas comprendre !) la plus branchée de la place de Paris et de la Galaxie (cf. plus haut !) la tenue idéale pour lutter contre la propagation du COVID-19 : quarante ans d'avance !!!…

Une tenue complète et vraiment, mais vraiment protectrice !…


Bob Fish par Yves Chaland
dans Métal Hurlant numéro 54 - juin 1980

Il est vrai que son client Monsieur Swartenbroeckx tient plus d'Howard Hugues que de votre voisin avec sa paranoïa des microbes et des odeurs !!!…
Tiens encore un Swarte-machin-chose : certainement un hommage appuyé à Joost Swarte, mais que signifierait la fin de son nom de famille ?…

Comme Bob Fish, protégeons-nous bien, et pas avec cet espèce de bikini reconverti en masque de protection qui aurait été vendu par un Super U de Montpellier : si cela est vrai, c'est assez terrible, non ?…


Valéry Ponzone