vendredi 1 février 2019

> Alex Barbier n'est plus…

C'est une sale nouvelle, qui me rend triste, très triste : j'aimais beaucoup Alex Barbier… 
Son travail, ses planches magnifiques et lumineuses…
Je me souviens qu'Alex Barbier est venu une fois à la librairie, en dédicace, et ce fut un moment fort. Il était arrivé alors que la nuit tombait tôt cet hiver là, un petit peu décontenancé en découvrant la librairie. Pas le lieu, mais l'adresse à laquelle il n'avait pas fait attention avant de venir.
Forcément, la rue Frédéric Sauton est la rue dans laquelle débouche celle des Trois Portes, adresse historique de Charlie Hebdo et Hara Kiri, où habitaient le Professeur Choron et Cavanna ! …
Ceux qui ne connaissent pas l'histoire du livre dans le Quartier Latin ne peuvent pas comprendre les interactions de certains lieux dans ce quartier si particulier de Paris !…

Alex Barbier, Nu - Aquarelle originale, 1985

Alex Barbier était décontenancé, troublé même car il lui était arrivé des histoires dans ma rue, à un moment où certains sombres crétins sévissaient dans les rues parisiennes, sortant certainement d'une soirée arrosée dans les locaux de Charlie Hebdo, ou bien alors du célèbre restaurant Le dodin bouffant, celui-là même qui servait de cantine aussi bien à l'équipe de Charlie Hebdo qu'à François Mitterrand…
Car lui aussi habitait le quartier, une rue parallèle, rue de Bièvres : il n'y avait donc pas que la brasserie Lip dans la vie culinaire de François Mitterrand, loin s'en faut !
Il faut imaginer tout ce beau monde se retrouver ensemble dans le même lieu par les hasards de leurs adresses respectives voisines : je doute fort que cela puisse être encore le cas de nos jours…
Je doute fort qu'un provocateur du niveau du Professeur Choron puisse chanter fort dans la salle où se trouve François Mitterrand, candidat à l'élection présidentielle de 1981 !…
Le dodin bouffant est devenu un pub machine à vendre de la bière quand Alex Barbier vient en dédicace ce soir là, quand ses souvenirs et ses émotions lui remontent à l'esprit et semblent un peu lui tortiller quelques nœuds intérieurs…

La séance de dédicace fut évidemment tranquille, peu de gens évidemment, mais de véritables lecteurs des livres de Bande Dessinée de Barbier : aquarelles qui glissent sur le papier, bouteilles de vodka sur la table à dessin, là haut, à l'étage de la librairie-galerie : nous semblions seuls au monde, comme avalés par la nuit obscure qui remplissait la grande fenêtre de la salle du premier étage !…
Un moment fort, dont je suis resté nostalgique… je me souviens davantage de la séance de dédicace que de l'exposition qui était sur les murs à ce moment là, même si je ne me souviens pas avoir demandé de dédicace pour moi : je n'y pensais quasiment jamais à cette époque !…

Alex Barbier — Autoportrait du vampire d'en face
Planche originale, 2001

Alex Barbier nous a quitté ce mardi 29 janvier dans la soirée et cela me rend très triste !…
Même s'il avait déjà choisi de la quitter il y a quelques années, c'est l'un des rares très, très grands artistes que la Bande Dessinée avait en son sein qui a disparu, qui nous laisse seuls dans la pénombre…

Alex Barbier, Visages "Paysage de chair"
Diptyque en sérigraphie à 40 exemplaires numérotés et signés
Éditions Squadro (Italie) 2000

Vous trouverez certainement ici ou là des articles, des billets qui vous expliqueront bien mieux que moi l'ensemble de son travai et l'impact de son œuvre…
Le mieux sera toujours de se replonger dans ses formidables livres, qui est, je sais que je me répète, une véritable œuvre, dont la plupart ont été remarquablement édité par FRMK, qui devrait mieux que moi vous parler d'Alex Barbier, de l'homme, de l'artiste, de son Festival Ploucs dans les Pyrénées et toutes ces sortes de choses…

Ciao Monsieur Barbier !…




Valéry Ponzone





jeudi 24 janvier 2019

> Rumiko Takahashi Grand Prix du Festival BD d'Angoulême 2019

Alors, là, sincèrement, je n'ai rien à dire !…
Je sais que ça va jaser dans les chaumières Franco-Belges (pas celles de condensation au gaz — collectors — de Franquin !), sur le pourquoi du comment du Festival International d'Angoulême et des attributions des Prix, mais quand on n'a rien à dire, il vaut vraiment mieux ne rien dire !…

Je n'allais pas faire un copier-coller de Wikipédia ou de l'info de l'AFP pour me donner un genre, alors que tout le monde, tous les médias, tous les sites internet vont déjà le faire !…

Juste : merci pour le moment…
Tiens, ça c'est pas mal comme formule non ?…
Il faudrait l'utiliser comme titre de livre un de quatre…


Rumiko Takahashi Grand Prix du Festival BD d'Angoulême 2019





Valéry Ponzone



mercredi 23 janvier 2019

> Franquin, Gotlib et la danse des chats : Slowburn…

Je fais régulièrement ma revue de presse internet : je ne lis que très rarement ce qui se rapporte à la Bande Dessinée, au risque de me trouver crispé devant certaines critiques ou analyses rédigées avec trop d'erreurs ou d'approximation…
Je n'aurais pas dû lire le blog d'un certain Jean-Samuel Kriegk dans le Huffpost qui nous parle du Slowburn de Franquin et Gotlib !…
Le chapô veut tout dire dans les nombreuses errances qui vont suivre : "Slowburn - La collaboration oubliée de Franquin avec Gotlib " : désolé mon cher Jean-Samuel (nous ne nous connaissons pas, mais permettez que je vous appelle Jean-Samuel : je n'ai jamais eu l'occasion d'appeler qui que ce fut Jean-Samuel) mais, non, cette collaboration entre Franquin et Gotlib n'est pas oubliée.
Pas par moi.
Pas davantage, j'en suis certain, par de nombreux lecteurs, connaisseurs ou collectionneurs de Bande Dessinée : par vous peut-être, mais je trouve que si tel est le cas, ce statut auto-proclamé de "spécialiste passionné de la BD" (sic)  en prend de suite un coup !…

Il est bon et intéressant de rectifier ou préciser certains points : on va passer sur "les personnages de matous"… puisque certains parlent de nos jours de « l'humanité des animaux » (sic)… 
Il fut pourtant une époque bien plus heureuse, malgré la cicatrice du Mur de Berlin en pleine face de la Déesse Europe, où l'on pouvait rire (mais pas de tout et surtout pas avec n'importe qui, si l'on s'en souvient bien) de ce genre d'assimilation, grâce au génie de Pierre Desproges qui se moquait en 1986 dans l'une de ses Chroniques de la Haine Ordinaire, Monégascons,  de ce qui aurait été un lapsus de Stéphanie de Monaco qui aurait déclaré en s'insurgeant contre la tauromachie : « je suis contre la tauromachie. Après tout, les taureaux ne sont-ils pas des êtres humains comme les autres ? ». 
Pierre Desproges n'oubliant pas de préciser avec son esprit si caustique « qu'il ne s'agit pas de l'expression involontaire d'une tendance à la zoophilie. ».

Cela dit, il y a déjà eu plusieurs éditions de Slowburn : trois pirates et une véritablement officielle publiée en 1989 et faisant partie d'une collection éphémère mais élégante et connue de tous les affidés des librairies de Bande Dessinée : Comixland !
Du fait de la faillite de son distributeur, cet éditeur n'a pas pu se relancer et cette édition officielle a souvent été soldée par la suite, ou se retrouve de nos jours vendue sur internet comme collector…
J'ai d'ailleurs vendu le dernier exemplaires que j'avais il y a quelques années à la librairie à un des scénaristes de Lucky Luke.
Voici les éditions de Slowburn que je connais, antérieures à cette fameuse édition officielle de Fluide Glacial : la première pastiche aussi la collection Copyright de Futuropolis (encore plus largement soldée que celle de Comixland) éditée chez Futuropolis !…

Slowburn — Édition pirate, 1982

Slowburn — Édition pirate

Slowburn — Édition pirate

Slowburn — Édition officielle Comixland, 1989

Slowburn — Édition officielle Fluide Glacial, 2019

Je sens monter de la foule impressionnante de lecteurs, la question qui taraude tout le monde : THE COUÉCHIONNE :
"Qu'est-ce donc qu'un "spécialiste passionné de la BD" quasiment inconnu de tout le monde ?…"
Quelqu'un qui est capable "de reconnaître instantanément le dessin de Franquin" quand il ouvre un livre de Franquin et Gotlib…
Très, trop fort !…

Ne parlons pas du diagnostic médical sur l'état de santé de Franquin en 1977 : en tout cas Fluide Glacial "ne vient pas d'être créé cette année là" , mais existe depuis 1975 !
C'est dans le numéro 9 qu'apparaissent les dessins qui feront Slowburn, et on peut aussi voir cette collaboration comme un échange entre Franquin et Gotlib : si Gotlib essaye peut-être d'attirer Franquin chez Fluide Glacial on peut surtout dire que Franquin aura aussi attiré Gotlib dans les pages du beau Journal de Spirou : ce qui était bien moins évident a priori !
En effet, n'oublions pas les diverses collaborations de ce cher Marcel au légendaire supplément underground des Éditions Dupuis : Le trombone illustrée (dans la cave du Journal de Spirou), qui vécu du numéro 2031 du 17 mars 1977 au numéro 2062 du 20 octobre 1977…
Pour ce qui concerne les Idées Noires, elles commencèrent, et furent créées dans les pages du Trombone Illustré avant de repasser dans celles du numéro 18 de Fluide GlacialMagazine d'umour — pour s'y développer tranquillement dans des numéros postérieurs…

Mais tout le monde semble oublier le côté profondément féministe de cette histoire courte de Gotlib et Franquin, dans une période marquée par le désir affirmé d'accéder aussi au plaisir car "les hommes sont tous des égoïstes" !

Fluide Glacial numéro 9 — Février 1977

Puisque l'occasion m'est donnée de parler des éditions Comixland, je la saisis au passage !
Cette maison d'édition fut créée à la fin des années 80.
Propagandiste acharnée de Peignot, elle publia de très jolis petits livres d'illustrations de format carré avec des auteurs comme Loustal, Teulé, Slocombe, Willem, Avril, Walter Minus, Dupuy & Berberian, Juillard, Clerc et… Franquin et Gotlib…
Un petit peu chers à leur sortie (j'ai retenu un prix de 42FF ?), beaucoup de gens les ont découverts en piles soldées ici ou là, ce qui a permis à ces livres de continuer à vivre…

La collection Comixland : "Nous étions passionnés…"

Une dernière histoire de chat avec Le Chat bleu des Dupuy-Berberian, l'un des derniers titres de la collection Comixland, dont voici un des dessin originaux qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler, dans son principe, Le miroir de Joost Swarte…
Ce magnifique dessin de l'adepte de la Ligne Claire® néerlandaise qui agrémentait les 4ème de couvertures des deux éditions du célèbre 30x40 Swarte édités par Futurolis, et orna le mur de ma chambre d'adolescent pendant des années tant ce dessin me subjuguait par ses innombrables lectures visuelles !…

Dupuy-Berberian, Le chat bleu - dessin original au trait

Joost Swarte, Le miroir
4ème de couverture du 30 x 40 SWARTE Futuropolis

Joost Swarte, Affiche Le miroir
Tirage signé "ouvert" — Format 50 x 70 cm

Clap! de fin pour Comixland : l'arrêt de leur distributeur les poussa dans le célèbre cul de basse-fosse des éditeurs passionnés… qui se font avoir par leur distributeur !…

J'y vois une résonance certaine avec mon humble travail d'édition, puisque la décision conjointe de Latino Imperato, Rackham version remix, et  de L'Association de ne pas continuer, ou persévérer,  avec le Comptoir des Indépendants m'a aussi planté de quelques factures de quelques milliers d'euros : les dernières factures de mises en place de mes livres de notamment Floc'h, de Juillard sur Louise et plus encore de mon gros Daniel Clowes Lloyd Llewellyn n'ayant jamais été payées, malgré l'immense trésorerie dont disposait L'Association (dévoilée suite à l' Asso Poutch, pour paraphraser le Rackham Poutch du siècle précédent, avant le remix Latino)…

Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets et visent à détruire les passionnés qui se démènent dans tous les sens à leur petit niveau pour arriver à faire leur maximum, produire, éditer des livres, des portfolios, des estampes, des tirages de luxe avec tout leur cœur et leur enthousiasme, faute d'être riches comme Crésus !…

Il faut toujours conclure sur un chanson :
Slowburn, c'est la danse, danse, danse des chats… S… L… O… W… B… U… R… N…
La danse, danse, danse des chats…




Valéry Ponzone



mercredi 16 janvier 2019

> Angoulême is Coming… Brrrr…

Very soon…
Angoulême is coming…
Brrrrr…

Angoulême is Coming © Valéry Ponzone - 2019





Valéry Ponzone