samedi 29 octobre 2016

> La pin-up du week-end… par Stan & Vince

Tsk Tsk par Stan & Vince
Encre de Chine et feutres sur papier ; 1999

Un dessin de Stan & Vince, fait en 1999, pour mon anniversaire…
Un bon prétexte pour renouer avec la tradition des Pin-Up du week-end !!!
Un bien beau cadeau : merci au duo de choc !




Valéry Ponzone




PS /  Message personnel :
Reviens Belinda, reviens… Je regrette trop que tu sois partie… Penses à tous les bons moments que l'on a passés ensemble… Reviens Belindaaaaaaaaaa !… Aaaaaaaaaaaargh !!!… Ta longue chevelure rousse me manque tant !!!…

vendredi 28 octobre 2016

> Blueberry dégaine des numérotations différentes… chez Swof

Alors ça pour une surprise !
Une nouvelle énigme des numéros qui va certainement nous révéler où se situait vraiment l'Atlantide et pourquoi diantre les Atlantes ont garé leur vaisseaux spatiaux pyramidaux au bord du Nil, il y a quelques milliers d'années ???

L'avantage d'avoir vu passer beaucoup de choses sous les yeux et d'être un peu attentif : voilà une petite image éditée par la revue fanzine suisse Swof en 1997, avec le célèbre Blueberry de Giraud, mis en couleurs sur ordinateur je pense. 
Qu'elle n'est pas ma surprise de constater des numérotations différentes sur plusieurs exemplaires !

Une partie du tirage est justifiée sur 199 exemplaires et l'autre sur 200 exemplaires…
Qui résoudra ce mystère ?
Je ne me résoudre à penser qu'il aurait pu y avoir une double numérotation ? 
Si on ne pouvait même plus compter sur la probité suisse, où irait-on ???…
Mystère et boule de gomme !

Giraud, Blueberry Hands up !
Offset couleurs — 199 ex. numéroté & signés par l'artiste
Éditions Swof — 1997

Giraud, Blueberry Hands up !
Offset couleurs — 200 ex. numéroté & signés par l'artiste
Éditions Swof — 1997

Même dans la numérotation des exemplaires hors-commerce il y a un truc étrange puisque sur seulement 20 exemplaires, je remarque que l'écriture n'est pas la même…
Cela est un détail puisque c'est surtout le fait d'avoir des exemplaires sur 199 et sur 200 exemplaires qui me trouble davantage…
J'imagine le casse-tête pour celui ou celle qui fera un catalogue raisonné sur Giraud un jour prochain.

Giraud, Blueberry Hands up !
Offset couleurs — Ex. HC numéroté & signés par l'artiste
Éditions Swof — 1997

Giraud, Blueberry Hands up !
Offset couleurs — Ex. HC numéroté & signés par l'artiste
Éditions Swof — 1997




Valéry Ponzone

mardi 25 octobre 2016

> Librairie Coconuts à Périgueux… souvenirs

Ce n'est pas moi qui ai écrit cette fois-ci…  mais un invité.
Cela faisait longtemps que je pensais à tous ces libraires que j'ai connus ou dont j'ai entendu parler, que ce fut dans la presse spécialisée qui — jadis — relayait les productions, animations des uns et des autres, où qu'ils se trouvent dans l'espace francophone du 9ème art, ou par d'autres canaux…
Si l'un d'entre vous a aussi envie de se coller à l'exercice, ce sera avec plaisir que je le ferai partager par ce blog : nous avons connu un grand nombre de librairies marquantes avec suffisamment de personnalité, d'intérêt ou de caractère pour en parler… et partager !


Rien ne meurt en nous de ce que nous avons aimé.  Même quand l’on n’y prend pas garde, tout nous revient toujours par la bande – et, souvent, par la bande dessinée. Parce qu’elle est d’abord un lieu par où nos regards se fixèrent un jour : un grenier à la campagne, une bibliothèque, plus souvent une librairie, quelquefois surgie de nulle part, perdue dans une petite ville, comme à l’écart du (grand) monde. Ainsi Coconuts, Périgueux, aujourd’hui disparue.
Hommage en guise d’inventaire par Redstarpx.


Une librairie, c’est ce qui reste quand on a tout oublié. Étrangement, c’est souvent quand elle a disparu que l’on se rend compte à quel point elle nous aura marqué, et combien elle nous manque. Comme si quelque chose s’était joué là qui nous aura révélé non pas qui nous étions, peut-être même pas ce que nous allions devenir ou gagner, mais bien ce que nous allions définitivement perdre. Gagner, perdre, l’un n’ira jamais sans l’autre : la librairie, c’est d’abord une chambre noire, un temps anté-mémoriel – celle des vies qu’on s’invente, que l’on arrache à la morosité (la province, l’adolescence, la gangue du quotidien) ; c’est aussi le manque et le désir anticipé, un peu trouble, de ce manque : la conscience malaisée que tout aura bientôt une fin, que l’on devra nécessairement rétrocéder quelque chose de ce privilège insensé qu’elle nous aura offert : l’espoir d’apercevoir l’abîme – un monde de mystère et de désir, impossible à concevoir tout à fait.

Ouvrir un livre , c’est ainsi entrer en autarcie : c’est d’abord un retranchement, mais sous la forme d’une opération double : additionner, soustraire. Ajouter une couche de vérité à une autre, évacuer le réel pour mieux se dérober : vivre l’aventure, effectuer l’inventaire de soi-même, dans le fracas des mots et des images qu’ils convoquent. Opérer ce retrait dans la bande dessinée, c’est faire l’expérience de l’impureté : accepter ce qui aura toujours été perçu comme une manière un peu déceptive, un en-deçà au carrefour des autres arts (littérature, cinéma, théâtre, architecture, pantomime, etc), dépourvu de langage articulé, à jamais prisonnier du babil propre à l’enfance. Ce fut peut-être la raison première à cette idée somme toute étrange : aller nous enfermer un jour dans ce qui nous semblait l’endroit le plus intimidant qu’il nous ait été donné de fréquenter – ce quelque part où personne jamais ne nous aurait conduit. Aller vers l’impur ; entrer dans des cases et découvrir l’ailleurs. Comme fermer les volets et laisser l’extérieur continuer de s’agiter : être enfin libre. Libre de mettre tout le reste à distance, pour relier un point à un autre, pour commencer à développer une perspective. Là se trouvait l’échappée : à nous l’infinité du monde ; aux autres la société, ce vain théâtre.

Banalité que tout cela ? Mythologie de faible amplitude ? Pour nous ce fut considérable : c‘est notre enfance qui se sera jouée là, et l’on sait bien que l’enfance est toujours plus forte que les mythes – ils sont désespérément universels, alors qu’elle est fondamentalement unique. Ce qui nous a unis, ce fut d’abord ceci : une petite boutique (était-elle si petite ? Pour nous, elle fut parfois comme un refuge, ou un jeu de piste – être là, tracer des cercles autour d’autres exilés volontaires, les renifler autant qu’on renifle les livres), un type arrivé là très jeune (la vingtaine), presque dans un désert.

Voilà : Henry S., Coconuts, « librairie de bande dessinée » installée depuis 1983 à Périgueux,  petite ville du sud-ouest de la France. 

 
Librairie Coconuts — Périgueux
Publicité in L'année de la BD 1984-1985


Le type avait dix ans de plus que nous, et c’était un gouffre qui aurait dû être insurmontable. Des collégiens ou des lycéens qui s’encanaillent en séchant les cours et viennent flairer l’endroit, dont le propriétaire est déjà un adulte, avec des responsabilités : vendre, acheter, faire sa marge puis payer ses charges, calculer. Ce qui nous fit adopter d’abord Henry et Coconuts, ça n’est peut-être même pas l’exotisme un peu bancal du nom, ni cette idée saugrenue que nous pouvions nous aussi être regardés comme des adultes. C’est sans doute la conscience claire, immédiate, qu’avec lui il n’y aurait jamais de calcul, justement. Pas besoin d’opération, même élémentaire : il flairait tout de suite le nouvel arrivant, savait instantanément à qui il avait affaire, et puis, presque toujours, il lui donnait une chance. Une chance d’aller chercher ce qui était évidemment fait pour lui, qui l’attendait là, dans les rayons, et n’attendait que lui. Une chance de lui donner cette liberté-là, bien souvent totalement inédite.

Pour moi, comme pour quelques autres, ce livre premier fut Le Cimetière des Eléphants de Chaland, Collection Eldorado, début 86. Tout est ancré dans ma mémoire : trois personnages sur la couverture, en tenue d’expédition, échappés du cadre répondant au titre, avec cette ombre noire qui guette et que seule la fille semble avoir aperçue ; la fille, ou plutôt la jeune femme – présence inédite par son réalisme, comme débarquée d’un film noir des années 1940 : arrondi parfait du visage, tâches de rousseur de l’enfance sous une frange impeccable, formes souples se détachant sur une taille de guêpe, bouche très exactement dessinée dans le prolongement du geste effectué par le bras, corsage entr’ouvert, ceinture du holster dont un cran est négligemment défait - une créature tombée de la planète Mars !

L’érotisme qui soudain débarque dans le dessin, comme nécessairement à l’écart des deux autres personnages (des siamois, ou des reflets inversés). Qui est cette fille ? Et puis : « Les aventures de Freddy Lombard », avec ce lettrage plus tard reconnaissable entre mille. Les aventures ? Quelles aventures ? Où ? Quand ? Combien ? Ouverture du livre (comme on dit à l’opéra : « Ouverture » … un opéra de papier ? Sans doute, mais ça, je n’en comprendrais la portée que bien plus tard). Une double page d’objets fétiches (ça tombait bien), comme chez Hergé, comme chez Hitchcock dans le clip promotionnel de Psychose : « regardez bien cet objet, il aura une importance capitale dans notre histoire ! ». Tout l’attirail de l’aventurier, et aussi, bien sûr, des livres : un magazine pulp, une encyclopédie. Et puis la page suivante : un fétiche de Tintin (c’est toujours comme ça que je le perçois : je n’avais jamais encore rencontré Freddy Lombard), criblé de projectiles, ou percé de clous ; plus loin, une liste, à rendre fou : j’entrais par effraction dans un monde déjà solide, avec une œuvre en train de se poursuivre ! Il n’y avait plus qu’à se jeter dans cette jungle, remonter le fleuve, quitte à s’y perdre !

Sourire du libraire, qui devait déjà se dire : « ça y est, encore un ! ». Extase du lecteur, venant de poser le pied sur un continent à ses yeux encore vierge, mais où tout le précédait. Et puis voracité à rattraper le temps perdu, et découverte que d’autres étaient déjà passés par là, ou en étaient au même point que nous : ceux-là aussi resteraient pour la vie.  

Très vite se forma donc une communauté de gamins qui ne seraient plus jamais seuls, ou comprirent la richesse d’avoir été seuls jusque-là. Puis l’on s’aperçut que les âges de ces gamins variaient grandement ; certains avaient parfois dix ans de plus que le maître des lieux – mais lui avait dix ans d’avance sur tout le monde. Nous étions au milieu d’une page à construire, lui était déjà en train de rassembler les planches pour mieux les disperser : peut-être savait-il que le temps lui était compté, peut-être avait-il décidé de n’être lui-même qu’en sursis (la librairie allait durer dix ans à peine).

C’est sans doute par là que naquirent deux phénomènes contigus : la permanence du rire (prendre les choses au tragique, certes, mais jamais au sérieux), et la toute puissance de l’instinct. Henry était un libraire incapable a priori (le simulait-il ?) de lire plus de trois pages d’un livre non dessiné : il s’ennuyait très vite, ça le mettait presque en colère, il ne comprenait pas ou ne voulait pas comprendre. Écrire sans dessiner, c’était faire montre d’un sérieux insupportable, c’était être réduit à l’impuissance : démontrer, expliquer, développer, là où deux cases en disaient toujours plus que tout. Il avait une méfiance quasi pathologique pour tout ce qui ressemblait vaguement à une forme d’intellectualisme. Le remède : un rire « hénaurme » à la Cravan (qu’il n’avait sans doute jamais lu), une mise en question permanente de soi, de ses propres limites, un rire de barbare, après lequel rien ne repoussait complètement : ni lui, ni les autres, ni aucune contingence de quelque ordre que ce fut. 

Henry ne perdait pas de temps à faire preuve d’humour, il avait bien mieux à faire à renverser le monde. Ainsi, cette manie étrange du surnom : par cet adoubement, ce nouveau baptème, il conférait au nouvel adopté comme un surcroit d’existence : l’heureux élu intégrait illico cette société secrète - la bande dessinée -, et devenait un personnage. Tête Plate, M. de Pojo, Moustache et Trottinette, l’Homme-Mouche, et tant d’autres encore : qui a jamais su quels étaient leurs patronymes officiels ?  Quelle importance, au fond ? Pour chacun, cette idiotie salutaire avait valeur d’ascèse : tremblant d’envie et d’effroi mélangés, il s’agissait alors d’être digne de cette sur-réalité tombée de nulle part. Un doigt sur la tête, nous dansions cette gigue effrénée, comme Georges Rémi s’effaçant devant Tintin.

Librairie Coconuts — Périgueux
Carte de visite

Comment s’en étonner : nos lectures finirent par déteindre sur nous, contaminant notre langage, le rythme de nos phrases, leur scansion, jusque dans certaines postures ou grimaces. Henry était le Jarry marionnettiste du Théâtre de l’Oeuvre, et nous les palotins de ce souriant Père Ubu ! Nous nous mîmes dès lors à parler couramment le Chaland, buvant des cocktails russes comme chez Serge Clerc, rêvant de femmes dessinées par Götting ou Avril.

La vie devenait une gigantesque bande dessinée en train de se construire : comme fabriqués en direct, nous nous roulions avec volupté dans les herbes folles de la fantaisie. Cette confusion des genres agissait comme un baume, d’abord piquant, puis chauffant même un peu trop (où fixer la limite ?) ; une forme d’émollience s’installait, et rien ne pouvait plus nous atteindre, jamais. L’ancien monde perdu dans son reflet, les mots devenus étrangers à eux-mêmes, nous commencions de tourner comme dans un kaléidoscope, à toute vitesse, les repères envolés, et la raison avec. C’est à partir de ce moment-là que l’on devient mûr pour faire les plus grosses bêtises.

La bande dessinée cessait tout à coup d’être du papier ordinaire, même de luxe : elle devenait un palimpseste sur lequel nos vies s’imprimaient. Parfois, cela tenait plutôt du papier tue-mouches : on ne savait plus vraiment distinguer le réel de la légende. Telle cette anecdote de l’inauguration de la boutique avec le ban et l’arrière-ban des édiles locaux – Henry prétendait ceci : avoir annoncé la venue d’Hergé, et tout le monde avait suivi (était-ce quelque temps avant sa disparition ? Était-il même déjà mort ? Anecdote impossible à vérifier, mais là n’est pas la question : nous étions chez John Ford - print the legend !  - et peu nous importait). Tout était envisageable : chaque jour apportait son lot d’histoires invraisemblables, que nous nous empressions de croire, forcément.

L’intuition d’Henry fut le miracle qui permit tout ceci, au moins autant qu’il fut une source permanente d’interrogation : comment ce type, résolument fermé à toute théorisation esthétique, sortait-il de son chapeau, avec une sûreté de goût confondante, des auteurs ayant de telles affinités électives ? Chaland, Clerc, Götting, Avril, donc - mais aussi Floc’h, Benoit, Loustal, Swarte ou Ever Meulen, tant d’autres encore, parfois totalement inconnus. Pourquoi sauvait-il d’instinct Léon La Terreur ou Maurice le Cowboy, au nom de ce principe par lui jamais formulé : l’absence de toute vulgarité ? Où dénichait-t-il les productions encore embryonnaires de l’Association ou Cornélius ? D’où surgissait Glen Baxter, pour qui n’avait jamais entendu parler d’Edward Lear ? Par quelle étrange clairvoyance de sa part repartions-nous avec, calés sous un bras, Martiny & Petit-Roulet, sous l’autre Willem ou Schlingo ? Par quel tour de passe-passe nous conduisait-il de Martin Veyron à Herriman, ou de Moebius à Mattoti ?

Généreux concours de circonstances, alors ? Décalage dans les générations ou l’expérience ? Soyons plutôt persuadés de ceci : un bon libraire est celui qui sait : c’est un mystère qu’il nous faut savoir apprécier. On appelle cela un métier : une inspiration doublée d’une aspiration. Un bon libraire sait en effet qu’il y a toujours deux poids, deux mesures ; qu’un kilo de plumes est parfois plus lourd qu’un kilo de plomb ; que l’on ne traite jamais deux histoires de la même façon ; et qu’un passant dans la librairie, quand bien même passerait-il tous les jours, c’est toujours un scénario différent, un instant à recommencer. C’est sans doute pourquoi l’on y revient forcément un jour, même quand l’on n’en revient toujours pas. 



Redstarpx, été 2016

dimanche 23 octobre 2016

> Puisque l'on parle des ploucs par Vuillemin…

"Un trésor de Culture qu'il faut absolument Préserver : les Ploucs"

Pfffft !…
Ce dessin date de je ne sais combien de décennies ?…
Mais Vuillemin savait déjà  cette époque ce qui importerait au niveau électoral,  pour le siècle futur !?…

Philippe Vuillemin — Les Ploucs
Dessin original — Encre sur calque + gouache







Valéry Ponzone