lundi 23 mars 2020

> Yves Chaland, Une vie en dessins…

J'ai dû attendre Noël dernier pour découvrir ce très gros et très lourd livre sur Chaland sorti au mois d'octobre, et apparemment très beau… C'est amusant car depuis quelques années je redécouvre le plaisir d'attendre pour avoir certains livres de/sur la Bande Dessinée, ce même plaisir que j'avais enfant et qui constituèrent les premières pierres de ma collection de Bande Dessinée, quand on m'en offrait à Noël ou pour mes anniversaire…
Et je peux ainsi ouvrir les cadeaux avec ma fille !…

Yves Chaland, Une vie en dessins
Éditions Champaka Brussels,  2019

Je m'étais pourtant dit que je n'écrirais pas de façon trop développée sur ce livre, restant quelque peu partagé à son sujet… comme la période nous permet d'avoir un rapport à l'espace et au temps quelque peu expérimental, finalement je peux m'y atteler.

Une fois le paquet cadeau ouvert, je me suis effectivement plongé dedans, pris à le feuilleter en n'entendant plus rien de ce qu'il se passait autour de moi ce 25 décembre 2019, car je me trouve face à un livre censé être LE livre sur Chaland, avec un texte de référence (sic).
Soyons clair, même si je ne vois que des pauvres photocopies de dessins de Chaland inconnus, j'ai les yeux qui s'écarquillent…
Mais, là, effectivement, je me trouve devant autre chose avec ce livre rassemblant une foultitude de documents, de dessins, de planches originales et toutes ces sortes de choses, et dans tous les sens  bien plus intéressants que les vulgaires photocopies précitées !…
Cela est d'autant plus normal que Champaka est L'ÉDITEUR de Chaland par excellence…

Comme Jean-Pierre Dionnet l'avait dit quelque part dans les années 80 : "la Bande Dessiné est recouverte de pelliculage pour permettre aux lecteurs qui bavent la bouche ouverte  de ne pas les abimer" (dans l'esprit, je cite de mémoire grosso modo) : depuis lors je veille à bien fermer la bouche (et encore mieux me laver les mains !), j'évite de baver sur mes livres et j'essaye davantage d'aiguiser mon regard sur les livres que j'ai en main et à ne pas trop tomber dans le piège du fan énamouré qui vire lou ravi devant chaque livre (les critiques adorent-ils encore parler d'opus ?) de ses auteurs préférés…

Un sentiment mitigé est apparu, peu à peu, mon regard se troublant, face à la mise en page et une foultitude de petits détails gênants à force de s'additionner et de tomber dessus…
Le principe annoncé de cette Vie en dessins est simple : compiler plus de 250 scans de planches, dessins originaux divers et variés au fil de pages (j'en ai même compté un peu plus de 300 en fait !).

Le premier souci est le choix du dessin de couverture, non pas que ce dessin ne soit pas intéressant, mais cela fait tout de même la troisième fois que Champaka l'utilise en couverture !!!…
Six fois en fait si l'on considère qu'il est aussi présent au 4e plat et sous la jaquette de cette Vie en dessins, et qu'il était déjà sous la jaquette de Chaland Illustrateur !…
Ça commence à faire beaucoup, pour le même dessin, chez le même éditeur, sauf pour un adepte de Lavoisier !
N'oublions pas qu'à l'origine ce dessin est la vignette de couverture du catalogue de la dernière exposition de Chaland Explorateur : L'exposition coloniale organisée par Yves Boniface, à la librairie Super Héros en 1990 !!…

Chaland Explorateur 1990 Exposition coloniale
Éditions Reporter 1990

Chaland (Illustrateur)
Éditions Champaka 1995

Chaland Portrait de l'artiste
Éditions Champaka Brussels, 2008

Donc pas de surprise pour la couverture du livre qui m'accueille, dessin déjà vu et revu, et plus que déjà vu …
Le livre est donc à considérer comme un livre d'art, mais la jaquette en est très, très fragile, et risque de s'abîmer sur les parties extérieures, d'autant plus que tous les exemplaires en pile étaient sans aucun conditionnement extérieur : quel dommage que l'éditeur n'ait pas conservé son principe antérieur de jaquette américaine, c'est à dire avec rabats pliés à l'intérieur, comme le furent aussi les livres de la Collection Hors-Série de Futuropolis entre autres exemples ?…
Pour un livre à ce prix et avec cette ambition, la fragilité prévisible de cette jaquette est vraiment dommage… pour rester poli, mais en tant que client (la plupart de ceux qui chroniquent des livres les reçoivent gratuitement ! ) je n'aime pas cela !…

Yves Chaland, Une vie en dessins
Éditions Champaka Brussels,  2019

La question essentielle quand on achète un livre d'illustration de Champaka est aussi de savoir si le prix ne sera pas baissé avec le temps : en gros savoir si on ne fait pas pigeonner en l'achetant à sa sortie (même si c'est un cadeau) du fait de précédents très fâcheux pour mon budget : 
- Chaland illustrateur s'est trouvé en nombre en solderie BD
- Chaland et les publicitaires aussi, mais là ce pouvait être compréhensible entre le sujet pointu et le fait que le livre était très très mal imprimé ou numérisé avec des noirs, pas noirs, des décalages de couleurs etc.
- les livres d'Avril Paris Tokyo Bruxelles et de Serge Clerc Night Clubbing desperados sont sortis en nouveautés sauf erreur à 85 euros, puis se sont retrouvés à 65 euros et ont fini leur vie chez le distributeur, toujours en commande de fonds (MDS) à 45 euros ! La suite fut encore plus désespérante pour celui qui comme moi (vous aussi ?) les avais achetés à leur sortie, puisqu'un distributeur parisien m'apprit un jour qu'un grossiste en livres les lui avait proposés, en quantités importantes, à 5 euros pièces ! Étonnant que les collectionneurs si prompts à réagir sur les prix de vente de tel ou tel vendeur n'aient jamais remarqué cette courbe de prix pour le moins pénalisante pour leur porte-monnaie ?…
Comme cette Vie en dessins est éditée par Dupuis, on peut raisonnablement penser que le stock sera tenu  et que les nombreux exemplaires invendus ne seront pas soldés ?

Je ne suis pas entièrement convaincu par le papier choisi, qui semble être un Munken (?), le papier à la mode depuis… plus de 10 ans  : les noirs ont tendance à être écrasés, cela se voit sur certains documents avec trames, qui donnent l'impression de boucher, les planches de Bob Memory entre autres, cela se perçoit encore  davantage sur certains documents photographiques : les photos noir et blanc sont parfois très / trop denses, mais aussi certaines en couleurs, comme la photo où Chaland posait pour la publicité du nouveau procédé Letrachrome de Letraset
On tombe un peu sur les mêmes défauts que dans les fac-similés Franquin chez Marsu Productions, avec tout de même un meilleur contraste.
Finalement, un bon couché mat de base est plus fidèle…

Pour ce qui concerne la mise en forme du livre en lui-même : depuis Chaland illustrateur, je ne fais que regretter ces choix répétés de mettre trop systématiquement des dessins horizontaux à cheval sur deux pages !… C'est terrible : on ne voit pas bien les dessins qui plongent dans la reliure, moins encore lorsque l'on n'est pas du tout dans une vraie double page (celles où la couture des cahiers apparaissent) !… Cela est amplifié dans cette Vie en dessins, tout simplement parce que sa pagination est largement plus importante que les précédents ouvrages et, que par conséquent, son ouverture à plat moins facile, si ce n'est impossible.
Cela était déjà gênant dans Chaland Illustrateur, avec qui plus est des choix étonnants comme celui de tourner une image à 90° pour la placer volontairement sur deux pages : le tirage en sérigraphie d' Une année de bonheur par exemple…
On échappe à ce principe pendant une bonne partie de cette Vie en dessins, car, par chance, la majorité des originaux sont verticaux, mais arrive la déferlante, avec diverses incohérences, une maquette qui ne se tient pas finalement ou qui ne semble pas avoir de ligne définie  : les planches du Jeune Albert sont placés sur deux pages (une dizaine), comme ceux de John Bravo (4) ou de Spirou etc. etc.
Il est triste de voir ce très beau strip de Spirou sur deux pages, accompagné d'une case écartée et  calée bizarrement sur la planche de Spirou et qui coule dans le livre parce que ferrée au centre… 
Tout cela est gênant car on ne peut tout simplement pas voir correctement — à plat — le travail de Chaland, quand un livre est si épais, la courbes des cahiers intérieurs empêchent une ouverture totale et à plat de l'ouvrage…
Les visuels visibles sur le site de l'éditeur sont à ce niveau trompeurs, puisque l'on y voit bien les quelques doubles pages à plat, comme sur la maquette et sans perte dans le dessin : un bon pdf de la maquette nous permettrait de bien mieux voir, et profiter, des originaux placés ainsi…

Yves Chaland, Une vie en dessins - extrait du site de l'éditeur
Éditions Champaka, 2019 
Yves Chaland, Une vie en dessins - extrait du site de l'éditeur
Éditions Champaka, 2019  
Yves Chaland, Une vie en dessins - extrait du site de l'éditeur
Éditions Champaka, 2019 

J'ai un peu lâché sur la logique de la mise en page : nous partons d'une chronologie, c'est à dire une apparence de cohérence qui permet de voir une évolution graphique certaine : enfance / jeunesse / beaux-arts de Saint-Étienne / Métal Hurlant / Métal Aventure / Rigolo… Mais à un moment, retour en arrière avec les dessins de Chaland pour l'émission L'Impeccable de Dionnet et Manœuvre sur Antenne2…
Cela se prolonge par des travaux divers : presse (Best ; bulletin Rombaldi Club…), pochette de disque de  L'affaire Louis Trio, couvertures pour les agendas Central Union : la chronologie n'est plus respectée, on tombe dans un fatras pour déboucher sur la partie avec les travaux publicitaires de Chaland !?…
Qui, eux, ne respectent absolument aucune chronologie !… Complètement désordonnés… On commence par la photo de Chaland pour Letraset puis celle de Felix et le Bus (alors qu'une autre de la même fine équipe était déjà présentée plusieurs pages avant !!??) suivies des pages de Hibernabus (in Felix et le Bus UTP 1986), suivies de deux planches pour Les exploits du Géant (Reader's Digest 1981) : ensuite aucune chronologie n'est respectée, c'est le grand hoquet de la capsule spatio-temporelle !!!…

Le livre semble reprendre une mise en page thématique, en revenant sur les séries / personnages avec les livres de Bande Dessinée ou les travaux — comme les portfolios ou estampes — s'y rapportant… Bob Fish pour commencer, puis Freddy Lombard Le testament de Godefroid de Bouillon (mais la partie du texte se rapportant à cette période se trouve bien plus loin dans le livre !?),  Le Jeune Albert, avec, je ne sais pas trop pourquoi, une sorte d'interlude avec des publications presse sans respecter de chronologie : 

- illustrations Abécédaire Schtroumpfs magazine : 1988

- BD avec des strips de John Bravo (à cheval sur deux pages) : 1980

Pour reprendre le fil avec Spirou : du Bocongo au Cœurs d'acier

Pour retrouver, à nouveau, Freddy Lombard avec La comète de Carthage, Vacances à Budapest et F-52, puis passer à Adolphus Claar, bien antérieur, et retrouver une thématique Robots qui se termine par un dessin des Cybers ne sont pas des hommes qui est un dessin issu de… Bob Fish !…
Ouf !!!…

Yves Chaland + Landon, Les cybers ne sont pas des hommes
Éditions Les Humanoïdes Associés, 1988

Avoir la carte de vœux pour Magic-Strip de 1985 à a gauche et celle de 1982 à droite est plutôt aberrant, même si j'en saisis la logique dans l'incohérence du livre (celle de 1985 avec Freddy Lombard, Sweep et Dina fait suite au début de Freddy Lombard, Le testament de Godefroid de Bouillon, et comme c'est une carte de vœux Magic-Strip, hop, on place l'autre à côté, même si elle est antérieure et qu'elle n'a rien à voir avec Freddy Lombard, mais attends, si, en fait c'est une sorte de chapitre sur les frères Pasamonik et la Belgique… Ouf !)… Mais la carte de vœux de 1987 est placée bine avant les deux autres : damned de by jove !
Amusant de constater que Daniel Pasamonik m'a repris il y a peu de temps, parce que dans un mail j'avais écrit Magic Strip sans trait d'union… Dans les légendes de cette Vie en dessins, il n'y a aucun trait d'union à Magic-Strip : by jove, le livre va-t-il être retiré de la vente ???…
À ma décharge, je n'ai pas travaillé chez Magic-Strip

Le dessin du Jeune Albert et la corrida (1989) est bizarrement mis en page et je ne comprends pas ce name dropping sur les trois dessinateurs (connus que d'initiés) qui l'auraient commandité (dans la mesure où d'autres dessins sont dans la même logique et que ces précisions ne sont pas données : Dionnet, Manoeuvre ou Fromental devaient aussi commanditer des couvertures ou des dessins pour Métal Hurlant ou Aventure ???) : l'idée de présenter le dessin au trait et la mise en couleurs au verso, comme le furent certaines planches originales franco-belges (Gil Jourdan par Tilleux par exemple) est splendide et l'idéal eut été d'avoir un page qui se déplie, sort du corps de l'ouvrage… Mais cela est compliqué et coûte diablement cher en fabrication…
Mais choisir cette formule bizarre sur quatre pages avec moitié de mise en couleurs sur une page puis double page avec le dessin au trait sur une double page (qui ne se voit pas bien du fait de la plongée dans dans la reliure du livre) et enfin la 2e moitié de la mise en couleurs est tout simplement malvenue et gâche la fausse-bonne idée : ni fait, ni à faire…
Pourquoi ne pas avoir réduit le dessin sur une seule page recto et la mise en couleurs calée au verso : il suffit au lecteur joyeux de tenir sa page et de mettre sa lampe-torche (ou la lumière de son smartphone)  fin d'obtenir par transparence et jeu de lumière la version au trait qui devient colorée : magnifique… 
Là c'est en deux parties, avec le centre de ce dessin impossible à voir puisque plongeant dans la reliure !…

La fin, la fin, la fin : des illustrations mélangées, des dessins familiaux (anniversaire de Grand-Mère), des originaux de portfolio (F-52) et des originaux de certaines estampes, notamment Crime de la rue Morgue, Drame dans l'atelier, La valse des saisons, avec des dessins de presse (Le Matin) au beau milieu et pour terminer avec trois dessins du Jeune Albert… sans aucune chronologie non plus dans cette dernière partie… 

Je n'ai vraiment pas trop saisi la logique de mise en page de ce livre (comment ? je l'ai déjà écrit ?), qui n'en a aucune et c'est très ennuyeux quand on veux ou retrouver un dessin, sans aucun index ou foliotation des pages, ni même le moindre signet pour un ouvrage de cette nature !…

Tout est toujours contredit par une exception : je peux comprendre que l'on finisse sur des originaux de sérigraphie, mais moins que des dessin pour la presse s'y glissent, et, en ce cas pourquoi le dessin de celle éditée par Chic Bull, Freddy Lombard  ne se trouverait pas aussi à la fin (j'en profite pour préciser que cette estampe n'est pas la première sérigraphie de Chaland contrairement à ce qui est légendé !) ?…
J'aurais trouvé plus juste que les trois dessins du Jeune Albert de la fin se trouvent avec les planches du Jeune Albert
Tout cela est très très confus, surtout si on recherche un dessin particulier… car non chapitré en fait.

J'aurais trouvé préférable que tous ce qui se rapporte à Freddy Lombard se suivent en respectant la chronologie, puis que l'on passe au Jeune Albert par exemple…
Peut-être que le livre soit conçu comme un assemblage de boîtes d'archives ou de cartons à dessins,  classés…
Les travaux presses d'un côté, les travaux publicitaires d'un autre, pour terminer avec le côté illustratif, portfolios, originaux de sérigraphie ?
Quoi qu'il en soit je préférerais moins ressentir cette impression de désordre complet qui ne cadre pas trop, à mon avis,  avec l'univers graphique ultra maîtrisé de Chaland : pas vraiment "…à l'image de sa table de travail parfaitement rangée (…)".

L'autre intérêt de ce genre d'ouvrage me semble-t-il  est de pouvoir constater l'évolution graphique d'un dessinateur, surtout  aussi important (à mes yeux) que Chaland : que ce soit dans un domaine spécifique ou dans l'ensemble :
- la publicité : les planches des Exploits du Géant, précurseur d'une certaine époque, plus façon comics n'ont rien à voir avec le reste et doivent donc bien être positionnées dès le début, comme curseur de départ ; 
- les livres de Bande Dessinée : De John Bravo à Bob Fish, en passant par Freddy Lombard ou Adolphus Claar et Le Jeune Albert : j'aurais préféré suivre l'évolution graphique de Chaland aussi à ce niveau…

La chronologie est a priori le repère le plus évident pour  les livres d'art, de peinture…
Comme c'est d'ailleurs le principe d'autres collections chez Dupuis, dont l'excellente Collection Patrimoines

Finalement il faut accepter de n'avoir que des petits bouts d'un peu de tout,  un peu comme un échantillonnage ou un zap de l'oeuvre globale, alors que les portfolios Cauchemars, F-52 ou presque de toutes les estampes auraient pu être quasiment intégralement reproduits !…


Comme d'autres originaux en allant chercher plus loin… mais pas si loin !…

Yves Chaland, Le cimetière des éléphants
Page de séparation des histoires
Éditions Les Humanoides Associés, 1984

Les légendes comportent pas mal d'erreurs ou de chose un peu crispantes à lire quand le regard tombe dessus, d'autant plus qu'elles se veulent précisent et de références !…
Il y a par exemples énormément de détails pour ce qui concerne les travaux publicitaires, cela va jusqu'à l'agence de pub dont tout le monde se fiche royalement (le client ou la marque, oui, mais, sérieusement :  l'agence de pub ???), mais sur l'ensemble du livre, nous n'avons jamais ce qui est pourtant très important, les formats des originaux ?…
Les agences de pub pour des dessins parfois anecdotiques (Euromarché) en oubliant de préciser l'éditeur de la carte postale Bonnes Vacances : Yvon est pourtant un éditeur historique de cartes postales, que l'on a tous vu sur les tourniquets de vacances !…
Tout en se demandant ce que cette carte postale vient faire au milieu de travaux publicitaires ???…

On pourrait faire une liste des erreurs dans les légendes : il est vraiment dommage de ne pas avoir fait faire une dernière relecture par une tierce personne (nul doute qu'il y en a eut beaucoup ?) pour éviter ces erreurs, si faciles à rectifier, comme, par exemple :

- je tombe un peu partout sur des dessins avec trames mécaniques alors que sauf erreur il s'agit de trames manuelles : les mécaniques étaient faites en machine (les Tintin n&b si je ne m'abuse et je ne referai pas la mauvaise vanne du Docteur !) et les manuelles découpées à la main (Letraset ; Mecanorma : in memoriam…) et collées : Serge Clerc, Walter Minus, Borrini, Al Séverin, Floc'h, Yves Chaland… Précisé parfois et d'autres non ????.

- la pochette de L'affaire Louis Trio ou de la couverture de Best sont des versions au trait alors pourquoi est-il précisé "couleurs Ben day" ?…

-  il me semble qu'il y a une erreur dans l'utilisation du terme "repentir" : normalement ce n'est pas la case écartée (Chaland les découpait proprement) mais c'est la partie refaite sur le dessin, la modification… ou rustine. On me confirmera ou m'infirmera ?…

- "dos de la planche" : un peu plus professionnel et élégant de parler de verso d'une planche, ou d'une feuille de papier…

- Les héritiers d'Hergé : ce n'est pas pas la couverture du livre de Lecigne, qui est de Pierre Pourbaix !… 

Bruno Lecigne - Les héritiers d'Hergé
Éditions Magic-Strip, 1983

- Le lecteur Rombaldi n'est-il pas une illustration pour la couverture du bulletin Rombaldi Club et non pas un ex-libris ?

Le lecteur Rombaldi par Yves Chaland
Rombaldi Club 1985

- Le voleur de Ballerine, planche 28 faite par Chaland pour l'album d'Avril n'est pas un inédit : elle est dans le livre, non ?…

- La comète de Carthage,  Illustration pour la couverture et le dos de l'album
Ça c'est assez grossier et montre une méconnaissance du livre étonnante pour un éditeur de l'envergure de Champaka Dupuis : il s'agit de la couverture et du 4e plat ou du 1er plat et du 4 plat etc. mais certainement pas du dos ! Le dos d'un livre est la partie opposée à la tranche, ce n'est pas "l'arrière d'un livre" !…
Cela est d'autant plus agaçant que c'est l'erreur de base contre laquelle il faut lutter quand les gens décrivent un livre… mais en général la confusion est faite entre tranche et dos, pas entre plats et dos…

(…/…)

J'arrête là.
Pas excitant comme inventaire.
Ceux de Prévert sont plus amusants !…

Il y a également dans ce livre beaucoup de photos, ce ne sont donc pas uniquement des dessins, des dessins et encore des dessins (sic Juillard) : s'il est bien évidemment très intéressant de voir celles de Chaland, déjà connues ou nouvelles, et amusant de voir Avril et Dominique Corbasson ou Dupuy-Berberian jeunes et en couple, Walter Minus et sa femme (…), j'aurais préféré que certaines soient remplacées par des… dessins de Chaland, ou des document comme cette fameuse lettre, mal attribuée et pourtant citée deux fois  !

L'autre partie que j'attendais avec impatience est le texte de référence (sic) que j'ai surtout perçu comme une synthèse de tout ce que l'on a pu apprendre au fil des interviews de Chaland dans des revues, des fanzines (…) et ce qui a déjà été dit dans d'autres ouvrages… S'il est évidemment très bien rédigé, avec des envolées délicieuses, je trouve ce texte assez étrange car finalement placé parfois parallèlement au contenu graphique , tout en vivant sa vie indépendamment des placements des originaux…À tel point qu'il y ici ou là de gros décalage entre le texte et les planches qui devraient s'y rapporter, avec quelques erreurs grossières ou quelques errances et affirmations déplacées (dont je parlerai dans différents billets postérieurs du blog) :

"Trente ans après, le récit dense et nébuleux, fait d'une succession d'ellipses, suscite toujours le malaise"
Nous somme davantage à trente cinq après, mais, non, La comète de Carthage ne m'a jamais suscité le moindre malaise !
Il est incroyable de se voir imposer ce genre de jugement subjectif !!!…
De l'admiration, certes,  depuis sa découverte dans les pages de Métal Hurlant, face à la construction et à l'ambiance de cette histoire charnière de Freddy Lombard, mais jamais aucun malaise !…

Ou cette envolée un peu gênante : « la pochette de l’affaire Louis (…) dit tout de l’esprit léger et envolé de la décennie » : est-ce une plaisanterie ?
Dit tout de cet esprit là pour cette chanson de Cleet Boris et Cie, mais quelle décennie est légère et envolée sur le plan historique ? Pas davantage les années 80 que d’autres :
Les années Reagan qui met la 2e couche sur la mise en bouche de Thatcher dès les années 70, tout en se prenant une balle dans le buffet, comme le Pape JP2 ou John Lennon avant ;  les années SIDA, les concerts pour l’Ethiopie en train de crever, la Nouvelle Calédonie, ; le Rainbow Warrior ; explosion de la navette Challenger (en direct c'était très marquant, davantage avec le discours de Reagan juste à la suite !)  toujours le mur de Berlin et les SS20 faces à l’installation des Pershing en RFA (« les missiles sont à l’est et les pacifistes sont à l’Ouest » disait François M.) et on a frisé le pire, les manifs lycéennes et Malik Oussekine tué par les voltigeurs (devant la librairie Album rue Monsieur Le Prince d’ailleurs) ; les attentats à Paris et dans le RER St-Michel ; la guerre des Malouines / Falklands ; celle du Liban, la guerre Iran / Irak ; des papes assassinés avant JP2 ; le chômage qui s’installe plus profondément en France et Europe ; le FN aussi ; Bhopal, Tchernobyl : on peut faire un inventaire de cette décennie si légère qui finit avec Tia'anmen et la chute du Mur de Berlin pour résumer !…
N’oublions pas, n'oublions jamais 1982 et 1986 : les éliminations de la France face à la RFA en demie-finale de Coupe du Monde : le plus terrible de la décennie pour certains, sans nul doute…
Où est l' esprit léger ?  J'aurais bien aimé que les années 80 ne soient que Les enfants du Rock

Je n'avais d'abord lu ce texte que trop rapidement préférant laisser courir mes rétines sur les "images" : j'ai davantage lu à la fin de mon "feuilletage" et, tombant sur une énorme faute sur l'avant-dernier paragraphe, je suis revenu au début pour le parcourir d'un seul jet, comme on fait un brouillon de dessin ou de texte, j'ai fait là un brouillon de lecture et certains détails, me surprirent vraiment…
L'erreur de la fin, est anormale : non pas parce que j'en parle ici (je n'ai pas cette prétention !), d'autres le savent aussi, mais parce qu'elle est grossière :

"Parallèlement au moment de sa mort, Chaland travaillait aussi à un portfolio consacré à Ubu Roi"

Désolé cher rédacteur de référence, mais j'ai réservé / souscrit à cet Ubu en avril 1990, ainsi que quelques autres collectionneurs de Chaland, pour un livre d'artiste en sérigraphie et absolument pas pour un portfolio : ce n'est absolument pas la même chose sur le plan éditorial, loin s'en faut  !… 
Un livre d'artiste n'a rien à voir avec un portfolio !!!…
Je l'ai déjà écrit, ce livre d'artiste était présenté par Yves Boniface qui allait quitter peu après la librairie Super Héros qu'il avait fondée, pour se consacrer à Reporter (éditeur du catalogue de Chaland explorateur : L'exposition coloniale) et aurait certainement inauguré le principe de la collection de livres d'artistes en sérigraphie devenue postérieurement L'atelier Médicis, contraction de L'atelier de sérigraphie L'Atelier Éric Seydoux et la Galerie Médicis, située rue Médicis dans le 6e arrdst parisien !…
Cette collection a vu le jour un peu plus tard, inaugurée par Les Montparnaos de Dupuy-Berberian, Duo de Loustal ou Gloria d'Avril…
Ce livre en sérigraphie présenté comme un livre d'artiste était d'autant plus particulier qu'il n'y en avait pas en Bande Dessinée (il n'y a eu que quelques éditions de luxe intégralement en sérigraphie) : il était plus compliqué de le présenter, l'expliquer aux collectionneurs qui n'ont pas forcément les références en bibliophile pour les transposer dans notre domaine préféré…Mais Yves Boniface savait le faire, et on fait confiance à son / ses libraires quand ils sont eux aussi investis par le livre, et cela devait fait par Chaland, 'un des auteurs s'impliquant le plus dans ce type d'édition…

Tombant sur cela à la fin du livre, en guise de conclusion (en oubliant le travail de publicité pour le Conseil Général de Bretagne, en cours, et finalisé par Avril, Stanislas…), je me demande si d'autres erreurs de ce genre sont disséminées ailleurs ?…
Ou cet autre projet qui devait être la décoration du Quick République (Paris), qui a finalement été fait par Ted Benoit ?…

Avis aux jeunes citoyens bretons
Conseil régional de Bretagne 1990
Couverture de Chaland

Ma déception est d'autant plus grande que je devais peut-être attendre quelque chose de trop conséquent et plus structuré : peut-être sur le modèle des magnifiques livres sur Hergé, Chronologie d'une œuvre de Philippe Goddin : il est vrai que là,  l'auteur maîtrise certainement beaucoup mieux son sujet, qu'il connait vraiment et depuis plus longtemps… Ces ouvrages vont tellement loin, ne se contentant pas de montrer un original avec sa rustine (repentir) pose, mais en numérisant tout les couches afin de voir aussi ce qu'il y a sous la rustine (la couverture du Sceptre d'Ottokar par exemple), donc ce qui a été modifié…

Ni dans le texte, ni dans les légendes je ne vois ces choses, par des commentaires proches des dessins et/ou planches concernées certaines précisions importantes sur le travail de Chaland, que j'ai relevées visuellement et, qui méritent vraiment d'être expliquées à tout le monde : sachant bien que maintes autres me sont passées sous le nez !…
Je ne sais que trop bien que d'autres regards affutés verront ce que je ne vois pas…

Par exemple : 

- Freddy Lombard, dessin pour la première sérigraphie éditée par Chic Bull.
Je l'ai déjà écrit. : ce n'est pas la première sérigraphie de Chaland.
Je remarque la rustine, normalement ce doit être cela un repentir (?), sur le personnage de Freddy Lombard et cela répond à mon interrogation d'origine par rapport au poster publié dans Eppo… Didier Pasamonik, l'éditeur de l'estampe quand il s'occupait de la librairie Chic Bull avec son frère n'avait pas su vraiment me répondre afin de savoir quelle était la première version de ce dessin… D'après les styles graphiques j'avais pensé que, logiquement, la version Epposter était la première et celle de l'estampe, la seconde… Il suffit de voir la reproduction de l'original pour comprendre que la version du poster Eppo est comme je le pensais l'originelle et que Chaland a arrangé le dessin en re-dessinant juste Freddy Lombard  pour le coller sur le Freddy Lombard d'origine : une rustine !…
Rien d'autre n'a été modifié dans le dessin, hormis ce qui a été caché par la posture différente du nouveau Freddy… Cela n'est précisé nulle part, alors que c'est le genre de détail fichtrement intéressant sur la façon de travailler de Chaland, ou de tout auteur,  qui allait directement au but pour améliorer un de ses dessins en fonction de sa destination !…
D'autant plus que Chaland a très souvent modifié des dessins entre leur première publication et une édition différente, souvent sous forme d'estampe.
Cela revêt une autre importance d'autant plus grande que cela démontre à quel point Chaland concevait ses dessins pour la reproduction et l'édition avant de les penser comme "œuvres originales"…

Yves Chaland, Freddy Lombard - poster
Eppo 1982

Yves Chaland, Freddy Lombard - estampe
Chic Bull 1983


- Crime de la rue Morgue, Illustration pour une sérigraphie
répond exactement à la même logique de travail : la première version a été faite pour le portfolio WFCBA édité par Déesse en 1983. Chaland avait repris ce dessin pour sa première estampe en sérigraphie éditée par Champaka en 1986 et, suivant le même processus, il a modifié l'image pour cette édition en collant une rustine sur le couple qui entre dans la pièce… Encore une fois cela n'est pas précisé, pas plus que la référence à la nouvelle de EA Poe…
On semble discerner dans le livre d'autre partie avec repentir… 

Crime de la rue Morgue
Première version portfolio WFCBA - Éditions Déesse

Crime de la rue Morgue
Seconde version estampe - Éditions Champaka


- Freddy Lombard, La comète de Carthage planche 7
Il eut été intéressant de préciser que cette planche est la version de prépublication dans Métal Hurlant et est différente de celle publiée en album !…

(…/…)

Dans un texte de ce genre, il est regrettable de mettre en relation telle histoire de Chaland avec telle référence… sans la montrer. De toujours trop partir du principe que tout le monde connait ce dont on parle… Cet entre-soi récurrent est assez agaçant…
Il est certains que lorsque l'on parle du Godefroid de Bouillon de Sirius, tous les lecteurs de Chaland ne connaissent que lui, bien évidemment !…

Sirius Godefroid de Bouillon
Éditions Dupuis 1950

Je n'ai pas saisi (on m'expliquera cela très certainement) pourquoi la comparaison entre Sirius et Chaland se fait-elle entre une autre série de Sirius, Timour, et Freddy Lombard, et ne reste pas centrée sur les Godefroid de Bouillon respectifs ?…
Pourquoi pas L'Épervier Bleu pendant que l'on y est ?…
J'espère que le passage sur Freddy Lombard qui campe au portes de Jérusalem (sic), pour rester dans la comparaison étonnante Timour / Freddy Lombard, relève de la licence poétique ou de l'allégorie puisque tous les lecteurs savent que Freddy Lombard n'a évidemment jamais posé le moindre orteil (ou la moindre sardine : campe / sardine = humour ?) à Jérusalem : l'intégralité de l'action, du présent (du récit) au décrochage temporel, puis retour au présent, se déroulant à Bouillon…
Ce décrochage temporel étant très proche entre autres classiques référentiels de séries comme Bob et Bobette, je pense principalement au Fantôme espagnol que Chaland avait bien évidemment dans sa bibliothèque !… C'est le fantôme sans barrière temporelle qui permet à Monsieur Lambique, Bob et Bobette de retourner dans le passé, pendant l'occupation espagnole (Pays-bas espagnols)… Mais Freddy Lombard ne fait que s'endormir et nous suivons certainement plus son songe : entre Mickey à travers les siècles qui n'a besoin que d'un coup sur la tête pour retrouver une période aléatoire de notre Histoire, à l'assoupissement rêveur (les yeux ouverts) de Corto Maltese sur une plage irlandaise dans Les Celtiques

Chaland Le testament de Godefroid de Bouillon
Éditions Magic-Strip

D'autant plus dommage de ne pas montrer le livre de Sirius dans sa première édition que l'on remarque instantanément que Chaland va jusqu'à presque calquer la typographie du logo titre de la biographie de Sirius, pour prolonger d'autant le lien avec ses références de la bande dessinée belge…

Au niveau typographique, l'extrême est d'ailleurs atteint avec cette édition allemande (cartonnée / dos toilé) qui pousse le gothique, non pas dans l'escalier ou the head in the door, mais au bout de la route de Memphis Sedan : la typographie gothique dégouline partout, du nom de l'auteur à celui de l'éditeur, en passant par le titre bien sûr, le tout sous une maquette qui fait davantage référence aux éditions noir et blanc de Tintin qu'à ceux des espiègles éditions Dupuis…
Avec, qui plus est un 4e plat comportant une sorte de blason étrangement vide, faisant davantage penser à la Collection du Lombard et ses "peaux d'ours" ou à ceux de la Collection Bleue de Bob et Bobette

Yves Chaland, Das testament…
Édition allemande 1986

Pour rester dans cet exemple précis, il est encore plus dommage de parler du Testament de Godefroid de Bouillon et ne pas savoir mettre les références citées en relation dans l'œuvre même de Chaland, finalement de glisser, (ne pas connaître ?)  sur les liens et les évidences… et de ne pas avoir dévoilé les boucles internes dans l'œuvre même de Chaland !…

Godefroid de Bouillon n'est pas seulement présent dans cette première histoire de Freddy Lombard, mais aussi, notamment, dans Le Jeune Albert, avec pas moins de trois planches qui se suivent pour les vacances d'Albert et son faire-valoir à Bouillon, constituant une sorte de récit dans l'ensemble du livre avec  toujours une histoire de trésor à trouver d'ailleurs…
Ce qui un lien- boucle important dans l'ouvre même de Chaland.

Yves Chaland, Le Jeune Albert et le trésor de Bouillon
Éditions Les Humanoides Associés, 1985

Yves Chaland, Le Jeune Albert et le trésor de Bouillon
Éditions Les Humanoides Associés, 1985

Yves Chaland, Le Jeune Albert et le trésor de Bouillon
Éditions Les Humanoides Associés, 1985


Lien-boucle qui continue d'ailleurs,  toujours avec les Croisades et encore avec le Jeune Albert mais à travers le magnifique portfolio Cauchemars (L'Atelier, 1986),  dont il était question ici, et l'une de ses planches imprimées en sérigraphie… Chaland nous montre certainement plus ici des Templiers installés dans leur commanderie après les Croisades, via un nouveau décalage spatio-temporel,  que les mêmes en Terre-Sainte.
Yves Chaland était probablement inspiré par la Commanderie d'Argentens, une résonance,  située sur la commune de Nérac, mais il nous offre en même temps une toute autre piste, avec cette borne kilométrique RN23 — Chartes à Nantes — typiquement françaises (qui re situe donc Albert en France) …
Yves Chaland brouilleur de pistes dans ses interviews, semble continuer à exceller dans le jeu sur le plan graphique : il ne nous reste qu'à reconnaitre le village situé à l'arrière-plan, ou le placement des étoiles dans le ciel ?…

Yves Chaland, Portfolio Cauchemars
Éditions L'Atelier, 1986



L'oncle Rémi est une très belle planche du Jeune Albert, en référence à la disparition d'Hergé en 1983 (Georges Rémi)… Cela est relevé, mais aller au fond des choses, ce peut être aussi, hors des dessins référentiels à Tintin, notamment Le fétiche, Tintin au Liban (…), lier cette planche à un détail de la troisième planche de Bob Fish dans laquelle le caricaturiste signe… Georges Rémy !…


Yves Chaland, Le Jeune Albert et l'oncle Rémi
Éditions Les Humanoides Associés, 1985

Yves Chaland, Bob Fish
Éditions Les Humanoïdes Associés, 1981

Les boucles, les liens sont oubliés, et c'est dommage de passer à côté d'autant de choses de fond, qui feraient aussi peut-être le ravissement de ceux qui ont envie d'aller un peu plus loin dans l'approche du travail d'un auteur comme Yves Chaland, et l'éducation des masses laborieuses®…

Comme celles de F-52 : un avion futuriste pour une histoire de Spirou et Fantasio, puis un portfolio éponyme et, enfin, le dernier livre de Freddy Lombard

Celles-ci ne sont pas uniquement entre les sources de la Bande Dessinée franco-belge dont Yves Chaland s'est nourri, mais aussi interne à ses propres créations,  ce qui les rend encore plus riches…
Ce ne devait peut-être pas être le rôle du texte de référence, dont le but est probablement davantage biographique, mais il y avait certainement la possibilité graphique — et la place — de caler des modules de commentaires de quelques lignes de remarques là où cela le méritait… à l'image de ceux (difficilement lisibles en rouge) qui reprennent ici ou là des extraits d'entretien ou de textes…

J'en termine, pour ce premier tour d'horizon, avec la bibliographie de la fin, qui s'ouvre sur une page complètement vierge : pourquoi ne pas avoir placé un bloc texte et écrire un  simple ""bibliographie", voire de l'illustrer avec un dessin de bibliothèque (celle, très haute,  de Bill Baxter et les reliques de la mort m'a toujours fait rêver ; voire avec le dessin du Bulletin club Rombaldi et son collectionneur de BD…) ???…

Il est étonnant de pas préciser que le très touchant cahier Absences qui accompagne le tirage limité du Jeune Albert, Les horreurs de la guerre (édité par … Champaka) est de Isabelle Beaumenay-Joannet (aidée de Götting et Avril) est un gros oubli… de son propre éditeur !…

- Étonnant de parler de « coffrets » pour des ouvrages à peine présenté dans ce qui est un cache poussière basique en carton : Tirages de luxe Spirou Cœurs d'acier ; Le jeune Albert Les horreurs de la guerre ; Les inachevés……

- Bob Fish n’est pas un tirage de tête toilé mais avec couverture imprimée et dos façon toile…

- Les exploits du géant est un portfolio et non pas un album géant

La vague du cartonné-toilé : il s'agit plutôt de cartonné-dos toilé ?…

Il y a des détails très précis dans cette bibliographie succincte (le but de ce livre n'est pas d'en faire une exhaustive), comme un coup de fil d'untel ou des projets avortés, mais nulle trace des sorties des portfolios, au moins aussi importants qu'une édition de luxe, et bien davantage qu'une pochette de disque tout de même, ou de mettre les deux éditions de Kidnapping en télétrans ???…


Yves Chaland, Portfolio F-52
Éditions Déesse, 1986 
Yves Chaland, Portfolio Cauchemars
Éditions L'Atelier, 1986 


Beaucoup de choses de Chaland se trouvent dans Chaland : dans la première case extraite de Bob Fish, Le Jeune Albert est encore Al Memory : ci en deux versions, celle en bichromie dans l'album de 1981 et une version avec une mise en couleurs pour un tirage en sérigraphie édité par Champaka en 2009…
Mais ce qui importe se trouve dans le décors, les affiches de cinéma plus exactement : 
- Salle 1 :  un western, La vengeance de John Bravo
- Salle 2 : Ça y'en a beau Congo

Pour l'anecdote, les professionnels de l'image auront constaté que le second film est projeté en Technicolor® et Hypergonar® !…

John Bravo parait en strip couleurs dans Astrapi en 1980, et sera édité en livre, également en bichromie en 1987, et Spirou vivra ses aventures à la recherche de Bocongo, quelques années plus tard dans les pages du beau Journal de Spirou avant d'avoir une vie éditoriale beaucoup plus turbulente qu'un vol en Première Classe dans un F-52 : chapeau bas l'artiste !…


Yves Chaland, Bob Fish
Éditions Les Humanoides Associés, 1981

Yves Chaland, Bob Fish
Éditions Les Humanoides Associés, 1981 

Yves Chaland, Bob Fish - Astrapi 1980
Éditions Carton, 1987

Yves Chaland, Spirou et Fantasio Cœurs d'acier
"Le cas de Bocongo mérite d'être raconté…"
Éditions Dupuis, 2013



On s'attend d'ailleurs presque à voir le Spirou de Franquin accroché à l'arrière de la 4CV qui passe devant le cinéma : comme dans La mauvaise tête !!???…



Valéry Ponzone (suite aux prochains numéros…)