mercredi 25 mars 2020

> Parlez dans l'hygiaphone…

Parlez

Parlez dans l'hygiaphone

T'as pas besoin d'sonner

Demande à l'interphone

Si t'as envie d'quelqu'un, vas-y

Décroche ton téléphone


Hygiaphone - Wikimedia Commons

Voilà quelque chose de finalement bien utile qui a disparu un peu partout au fil des décennies, de grands décideurs choisissant de les enlever complètement dans certains espaces publics (Mairies ; La Poste ; SNCF…) afin d'être plus proches
Si certaines vitres avaient réapparu dans les bureaux de poste dans les années 80, on se souvient de ces vitres sur-épaisses (blindées ?) comme celles des banques, et pire encore, de ces blocs/sas rotatifs qui permettaient de donner ou récupérer ses paquets (pas trop gros sinon… par la porte latérale) entrainant une communication parfois compliquée entre la clientèle (on parlait d'usagers non ?) et guichetiers : tout le monde devait se pencher vers les interstices des côtés pour comprendre, du fait de la distance et uns et des autres et de l'épaisseur des verres et de l'absence d'hygiaphone…
Tout cela a quasiment été démonté dans les dernières années, par cette volonté de nous rapprocher…
Sauf dans les accueils / sas de transit avant disparitions du métro parisien, et quelques rares bureaux de vente de tickets de la SNCF (station RER C Saint-Michel avec accès par la Seine par exemple)… 
Il fut un temps où les commerces de proximité avaient des caissières à temps plein (ce qui donnait plus d'emplois !) : de la boulangerie, au boucher ou à la charcuterie, en passant par ce que l'on appelait encore le marchand de quatre saisons, même dans les années 80… C'était souvent la femme du patron qui tenait ce rôle ou la mère, en tout cas cela restait en famille dans ces petites entreprises familiales : gérer l'argent était sérieux et on ne pouvait pas laisser cela à n'importe qui (Francis Blanche ne le sait que trop bien : touche pas au grisbi…) : une grande différence avec tous ces commerces alimentaires qui touchent pain ou denrées alimentaires puis encaissent sans se laver les mains, et repartent servir dans une boucle infernale, du petit commerce de proximité aux rayons frais des super et hypermarchés : effectivement c'est super, c'est hyper même !…



Dans la librairie de Bande Dessinée nous avions la môman des frères Rasquain dont le rôle dévolu était davantage de tenir la caisse que nous renseigner sur l'intérêt de lire telle ou telle Bande Dessinée (humour : jamais !) , de la toute petite librairie Album du 6 rue Dante (Paris 5e arrdst.) à l'origine de l'ascension de la dynastie, à la plus grande librairie Album, voisine rachetée dès la fin de Temps Futurs… Remplaçante des Stan Barets, Patrick Gaumer, Erick Gilbert ou José-Louis Bocquet (…)

Nul doute que ces hygiaphones vont  devoir être remis en place sous peu de temps (un bon plan de placements ?), dans tous les lieux publics et commerces : les hypermarchés encore en activité redécouvrent, pour certains par le bricolage et le système D (tasseaux pour les pieds+axes verticaux+vitre plexi) un minimum d'intérêt et de sécurité sanitaire à la présence de ces vitres qui permettent d'évitera promiscuité avec les microbes et les postillons de la clientèle… Postillons plus nombreux encore entre les picoleurs professionnels et les énervés du bulbe qui aiment tant s'en prendre aux caissières (Fort avec les faibles, et faibles avec les forts) !…

On va se rendre compte rétroactivement que l'hygiaphone était un premier pas vers plus d'hygiène, comme le simple fait de se laver les mains : ce qui peut paraitre hallucinant à moins d'appartenir à des générations de… crados !…

La bande des Crados par Art Spiegleman (hé oui…)

À ce sujet, il semblerait que notre ministre de l'Éducation Nationale ne connait pas tant que cela la nature réelle du terrain de chasse du mamouth™ et comment sont vraiment les écoles à ce sujet : si le savon liquide a remplacé ces gros savons jaunes (au citron?) sur lesquels tous les enfants passaient leurs mains sales pour se les laver, à en laisser une bouillasse noirâtre sur la surface, il faudrait qu'il sache qu'il n'y en a pas toujours (!!!), et, que l'autre chose importante dès lors que l'on se lave les mains est de pouvoir les… essuyer correctement et que, là aussi, le papier est souvent manquant, sans parler d'écoles où pendouillent des espèces de serviettes peu râgoutantes, dégoulinantes (…) et la simple absence d'eau chaude, pour les enfants comme pour les enseignants d'ailleurs… Contraire au Code du Travail pour ses employés m'avait-on dit un jour…
Si cela relève davantage de la responsabilités des municipalités certaines semblent mieux équiper leurs gymnases, leurs médiathèques ou leurs propres dépendances que les écoles : une forme de laisser aller un peu trop répandu !?…
Il est certain qu'il vaut mieux frimer à la réunion des Maires de France en se vantant d'avoir installé des tableaux numériques dans les classes (un vidéo projecteur) d'enfants qui devraient être le moins possible devant des écrans d'ordinateurs, ou des surfaces réfléchissantes, que s'être occupé d'avoir des points  d'eau et des sanitaires irréprochables, qui donnent vraiment aux enfants l'envie de prolonger à l'école ce que leurs parents passent leur temps à leur répéter à la maison : "tu t'es lavé les mains ?…"
Il n'est pourtant pas interdit d'être au courant de ce qui se passe dans le monde réel avant de toujours ne faire que des annonces politiques décalées de la vraie vie
Que les enfants se lavent les mains, certes, mais en ont-ils vraiment la possibilité optimale voire ludique ?… (Un nouveau axe de l'éducation nationale avec de nouveaux métiers à la clef : donner envie aux élèves de se laver les mains !…).
Cela est le cas même dans l'école de ma fille, où pourtant le Ministre avait fait un tour du propriétaire il y a peu de temps (peut-être les poubelles placées en espace ouvert, à côté des toilettes avaient-elles été enlevées ?)  : il s'agit pourtant d'une jolie petite école de quartier, très tranquille, avec des enseignants sympathiques ("l'équipe pédagogique"), un peu vintage avec autant de têtes blondes (véridique !) où même des auteurs de Bande Dessinée parmi les plus intéressants (si, si !) y ont leurs enfants, qui ne peuvent pourtant jamais trop se laver les mains aussi bien qu'il le faudrait…


Fontaine par Duchamp - 3e réplique, 1964
Wikimedia Commons

Ne parlons pas de la topographie des sanitaires situées très souvent en fond de cour à l'opposé des réfectoires : il est évident qu'en plein hiver, par temps de pluie ou non, les enfants n'ont qu'une envie : aller se laver les mains, avec ou sans savon, avec ou sans moyen de les sécher avec ce stress des horaires qu'on leur apprend le plus tôt possible, puisque les services de cantine n'attendent pas vraiment que tous les enfants aient les mains propres pour commencer les services !… 
On sent que tout est fait pour optimiser le rapport simple à l'hygiène de nos enfants !…
Cela dit certains parents d'élèves soulèvent régulièrement, pour ne pas dire systématiquement ces questions : "pas assez d'hygiène"  lors des Conseils d'école, et à chaque fois le même jeu politique à deux balles, avec répercussions virales diverses et variées,  de la part de responsables municipaux qui ne méritent pas leurs postes : cela peut être inscrit au calendrier des travaux de l'école mais pour dans x années, puisque cela a déjà été voté, ou qu'il y a une échéance électorale qui différera encore le vote, le budget etc. 
Toujours la même rengaine qui ne peut que souligner un principe de base : si cela avait été pensé en amont, des années auparavant, avec un peu plus de simple bon sens, il n'y aurait pas besoin de refaire de travaux !… Mais, non pour certains responsables politiques locaux cela ne semble pas important ! Pourtant s'il faut installer un ascenseur indispensable du fait d'une loi européenne justifiée d'une mise aux normes, ils s'exécutent avant l'échéance : mais pour le bien être réel des enfants via l'hygiène quotidienne, bof, moins intéressant ?…
Mon dentiste surenchérirait avec l'absence totale de possibilité de se laver les dents dès lors que l'on est en milieu scolaire : une aberration totale, mais comme disait Rudyard, cela est une autre histoire, qui en dit malheureusement un peu trop long sur nous !…
De qui se moque-t-on toujours en fin de compte : finalement, de nos enfants, et ce n'est pas bon signe !…

Affreux Jojo va !…

Finissons-en : " au suivant !…"  criait-on de derrière son hygiaphone, un petit coup de nostalgie collégienne ou lycéenne pour certains…
Ou Un autre monde, quand on en rêvait encore?…



T'as pas besoin d'sonner
Demande à l'interphone
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Valéry Ponzone