mardi 10 janvier 2017

> Des cartes de vœux… Floc'h, Berthet, Ted Benoit, Sattouf et Vance

J'ai pioché ici ou là dans différentes boîtes d'archives pour en ressortir d'anciennes cartes de voeux de Bande Dessinée : cela ira peut-être un peu dans toutes les directions graphiques ?…

Le but est d'en montrer une (voire plusieurs) par jour, et ce jusqu'à la fin du mois puisque que l'on peut présenter ses vœux jusqu'au 31 janvier !…
J'ai moi-même envoyé mes propres vœux si souvent au tout dernier moment, que l'intégralité du mois n'y suffisait jamais !

Quelques cartes de vœux des Éditions Dargaud, pour la dernière décennie du XXème siècle et la première décennie du 21ème siècle.
À tout (autre) Seigneur, tout Honneur (me répèterais-je ???) avec Sir Floc'h, et cet hommage appuyé à Edward Hopper…

Floc'h pour les Éditions Dargaud
Impression en quadrichromie — 1995

Floc'h pour les Éditions Dargaud
Impression en quadrichromie — 1995

Puis Berthet, avec certainement un hommage appuyé à un peintre de pin-up  tel que Vargas (Alberto, pas Roco pour les obsédés de la Ligne Claire®, qui doivent si peu connaître Daniel Torès et son héros de la Conquête Spatiale maintenant que j'y pense ?) ou Gil Elvgren…

Berthet pour les Éditions Dargaud
Impression en quadrichromie — 1996

Berthet pour les Éditions Dargaud
Impression en quadrichromie — 1996

Et Ted Benoit, puisque son Blake et Mortimer, L'affaire Francis Blake venait tout juste de sortir à la rentrée 2016 et démontrer à tous la célèbre formule de Lavoisier, que tous les adeptes de l'écologie et du recyclage devraient se tatouer sur le corps…

Ted Benoit pour les Éditions Dargaud
Impression en quadrichromie — 1997

Deux exemples de la décennie suivante avec Riad Sattouf et son Jérémie, puis Vance avec XIII : pour en terminer avec ces quelques exemples de cartes de vœux des Éditions Dargaud…

Sattouf pour les Éditions Dargaud
Impression en quadrichromie — 2006

Vance pour les Éditions Dargaud
Impression en quadrichromie — 2007

Je reviens sur la première carte de vœux présentée : celle de Sir Floc'h.
Ce dessin reprend — image inversée — à quelques détails prêts l'ambiance de cette case extraite de Jamais deux sans trois, édité par Albin Michel en 1991, sur un scénario de son acolyte Fromental…

Floc'h + Fromental, Jamais deux sans trois
Case page 46 — Éditions Albin Michel 1991

La modification est faite dès 1992 pour une version de luxe de cette variation graphique d'une toile de Hopper, qui prendra la forme d'une estampe imprimée en sérigraphie par les Éditions Champaka Brussel. L'hommage est affirmé et revendiqué dans le titre même imprimé de ce tirage : Hopper's Gas Revisited.
Floc'h précisait que dans "Jamais deux sans trois il avait déjà utilisé cette scène sans en être totalement satisfait." et "qu'il était toujours frustré quand il fait de la bande dessinée parce qu'elle n'offre pas la perfection de l'illustration".
Je laisserai chacun commenter ou méditer à loisir sur ces comparaisons, puisque tel n'est pas ici mon propos…

Floc'h, Estampe en sérigraphie  Hopper's Gas Revisited
150 exemplaires numérotés et signés —  Éditions Champaka, 1992

C'est toujours bien de parler de Edward Hopper, et de citer telle ou telle œuvre de ce grand artiste peintre du quotidien américain, mais le mieux est de montrer celle dont il est question ici : la voici…
Seuls la saison et le décor de l'arrière-plan ont vraiment été modifiés…
Principe, composition voire perspective sont à l'identique, d'autant plus que la version dessinée de l'estampe a été remise dans le "bon sens", celui correspondant à la peinture de Hopper…

Edward Hopper, Gas (peinture) 1940

Passons au volet intérieur de cette carte de vœux des Éditions Dargaud, pour l'année 1995 : je la remontre pour vous éviter vous-même de devoir remonter en haut de ce billet…
Je sais, je sais : comme toujours, la Maison de Valéry ne renonce à aucune sacrifice pour vous simplifier la lecture de ces quelques lignes !
La pavillon de chasse, ou la cabane typiquement américaine avec son feu de cheminée chaleureux,  son trophée de chasse au-dessus de celle-ci, son sapin de Noël décoré et la bouteille de champagne déjà consommée, dans son seau avec les deux flûtes posées sur la table basse, entre autres détails de cette image…

Floc'h pour les Éditions Dargaud
Impression en quadrichromie — 1995

Restons sur cette chaleureuse ambiance, réconfortante au possible. Et regardons la dernière vignette de Jamais deux sans trois.
La gamme couleur est modifiée mais Floc'h fait résonance avec lui-même, entre cette version de 1995 et celle — originelle — de 1991.
Cette dernière grande case prend véritablement toute son importance par ces / ses quelques détails dans l'histoire qu'elle clôt. En effet, si cette bande dessinée peut se lire relativement vite, par ce qu'elle voulait probablement n'être qu'une variation classique sur le fameux triangle amoureux (mari, femme et amant), son intérêt réside avant toute chose dans son approche esthétique, incroyablement référentielle tant sur le plan graphique que plastique…
Chaque case de ce livre de Bande Dessinée méritait d'être agrandie tel un certain peintre du pop-art !…
Il faut remarquer le trophée de chasse situé au-dessus de la cheminée, présent dans les deux versions  — et forcément dans un triangle amoureux, comme dans tout chassé croisé, il y a en amont un mari trompé — comme les deux chandelles sur le rebord de la cheminée, pour n'appuyer que sur ces deux évidences
Les protagonistes trinquaient avec des coupes de Champagne, là, où les flûtes (plus élégantes à mon humble avis — qui n'intéressera personne, et je ne le comprends que fort bien — hors du débat annuel de Science et Avenir sur le meilleur des deux récipients pour déguster du Champagne) les ont remplacées dans la version de la carte de vœux pour les Éditions Dargaud, extraite du Journal d'un New-Yorker

Floc'h + Fromental, Jamais deux sans trois
Case page 56 (dernière case du livre) — Éditions Albin Michel 1991

Un dernier clin d'œil.
C'est ce même dessin qui sert d'introduction (et de vœux indirects ?) au supplément des Inrocks de la fin du novembre 2016 : un dessin de 1991 tout de même !
Un quart de siècle après la sortie initiale de l'album de Floc'h et Fromental, que j'ai malheureusement trop souvent vu ici ou là soldé (les lecteurs ne savent pas à côté de quoi ils passent parfois), et réédité  par Dargaud en 2016…
Une parenthèse ouverte pour m'interroger sur le fait que l'édition de luxe de Jamais deux sans trois (accompagnée de 3 tirages photos façon Studio Harcourt valorisés par Loustal d'ailleurs) s'est peut-être plus facilement vendue que son tirage courant ?
Avec 5500 nouveautés par an dans le seul domaine de la Bande Dessinée, n'y aurait-il pas de véritables nouveautés ou de Bandes Dessinées d'éditeurs défricheurs — ou, tout du moins plus aventureux — à mettre en avant qu'une réédition ?
Qui, sans aucunement bouder son plaisir de lecteur de Bande Dessinée, n'est pas et ne sera jamais un classique du genre, et moins encore le livre de Floc'h à lire absolument : pour cela il vaut toujours mieux se diriger vers Le rendez-vous de Sevenoaks, Dossier Harding ou À la recherche de Sir Malcom, composants de l'incontournable Trilogie anglaise, et davantage encore vers Blitz que le véritable lecteur de Bande Dessinée ne pourra jamais apprécier que dans sa version carrée, faut-il encore le préciser !?…
Il est certain que ce beau feu de cheminée ne peut que faire du réchauffé, mais, tout de même, Jamais deux sans trois est sorti en 1991 !!!

In Les Inrocks, supplément au numéro 1096
du 30 novembre 2016






Bonne Année 2017 !!!
Que cette année soit Belle, Merveilleuse et remplie de sérénité…
Santé et prospérité !
Mes meilleurs vœux de bonheur pour cette nouvelle année !!!



Valéry Ponzone