> Le blog à géométrie variable de Valéry Ponzone sur la bande dessinée, voire plus si affinités…
lundi 11 décembre 2006
La torpille
Torpedo est né sous le pinceau habile et trempé dans l'encre de Chine d'Alex Toth, qui n'a semble-t-il pas souhaité continuer avec ce personnage trop sombre pour lui. Bernet reprend l'affaire en main et exécute le contrat... Une quinzaine d'albums vont suivre de cette collaboration avec Enrique Abuli, parfois inégale il est vrai, surtout dans les dernières histoires, mais toujours sombres et noires à souhait … Torpedo est un tueur à gages, un malfrat, un salaud mais un vrai indépendant (ou un alternatif suivant le point de vue !). Torpedo ne respecte rien aux USA, et ne respectait déjà rien dans sa Sicile natale : même Clint est balayé d'une chiquenaude, c'est dire… Je ne vais pas faire ici une critique profonde et affectée des histoires de gangters, de contrats et de réglements de comptes concoctées par Bernet et Abuli : il vaut mieux les lire. Et, il y a suffisamment de pseudo critiques et bonnes notes données sur la bande dessinée un peu partout pour éviter d'en rajouter une dose sans intérêt ! Le fait est que si les albums courants sont passés en couleurs au tome 4, sans grande nécessité (je me demande si c'est au tome 4 ou après qu'ils ont reçu le Prix du Meilleur Album Etranger à Angoulême d'ailleurs ?) , les éditions Vent d'Ouest ont l'excellente idée (qui plus est, plus un choix économique qu'esthétique) de sortir en cette fin d'année 2006 une Intégrale de tous les tomes qu'ils ont publiés, en version noir & blanc. Absolu et magnifique : 640 pages d'excellente bande dessinée bien noire par l'un des meilleurs dessinateurs de bande dessinée de genre européen, en format classique et relié !… Pour seulement 35 euros : hallucinant non ? Une preuve de plus que les éditeurs sont capables de proposer quelques heures de lecture pour un prix réellement abordable !!! Mais qu'attendent-ils pour généraliser le principe et arrêter de privilégier le côté onéreux et soit-disant bibliophilique (avec une fabrication industrielle, on croit rêver !) de la bande dessinée européenne ? Que les dernières générations de lecteurs aient disparues sous leurs piles de livres ?