Retour sur le blog et visite de l'exposition Hergé au Centre Pompidou. Après avoir échoué lamentablement devant une file d'attente trop importante pour voir l'exposition de dessins érotiques d'Auguste Rodin dans le VIIe arrondissement, repli stratégique vers le classique des classique de l'école franco-belge, craignant aussi une foule démesurée. Fort heureusement en ce dimanche de janvier 2007, peu ou pas de monde au Centre Pompidou ! Donc confort optimal pour admirer les différents originaux et documents présentés à nos regards éblouis et curieux sur la mezzanine et au sous-sol du Centre. Toujours très touchants de voir le travail original d'un grand dessinateur issu de l'inconscient / conscient collectif de la bande dessiné mondiale. Plus encore celui d'Hergé. La première planche des soviets est présentée, entre tous les travaux, agglomérat de cases collées les unes avec les autres afin de composer cette planche devenue mythique grace à l'impact du célèbre reporter... Malgrè tout le plaisir de voir toutes ces sublimes planches et dessins originaux du Maître de la Ligne Claire européenne, dont l'ensemble de toutes celles du Lotus Bleu première version noir & blanc je suis resté, après coup un peu mitigé sur la mise en valeur de cet ensemble plutôt impressionnant. Il faut dire que celle-ci est finalement proche du néant ! L'initié,connaisseur plus ou moins averti de l'œuvre d'Hergé s'y retrouve aisément, mais une exposition même d'Hergé au Centre Pompidou n'est pas destiné qu'aux seuls lecteurs et collectionneurs, mais à tout un chacun... Donc très étonnant que de voir tout cet ensemble si peu explicité et présenté ainsi. Je me demande même pourquoi certaines planches sont placées ainsi : je m'explique, danc cet agencement vous pourrez voir une planche crayonnée d'un album placée dans ces immenses vitrines après une planche crayonnnée, ou bien alors une planche du Trésor de Rackam Le Rouge avant deux planches du Secret de la Licorne (les deux très très belles ou Haddok mime le duel de son illustre ancêtre après l'abordage de son navire par le pirate sanguinaire : Rackam Le Rouge), voire deux planches du même album de Tintin, avec la supérieure située avant la planche inférieure etc.
Que se passe-t-il chez Moulinsart, on lit de droite à gauche et plus de gauche à droite ? Une chronologie c'est mieux quand elle est respectée, plus encore qaund deux pages sont extraites du même livre !
Même étrangeté dans la présentation sur deux rangées de toutes les planches du Lotus Bleu (pourvu que l'on ne se retrouve pas devant des visiteurs lecteurs de l'histoire sous cette forme...) : sens de lecture allant non pas de gauche à droite et de haut en bas comme un sens de lecture classique d'un livre de bande dessinée, un Z en fait, mais de haut en bas et de gauche à droite, un N inversé ; en dépit du bon sens et de la pure logique ! Assez délirant toutes ces erreurs que même des médiathèques organisant une exposition avec de simple photocopies ne feraient pas !
Àla fin des vitrines des planches exposées sur la mezzanine, d'autres errances entre planches crayonnées et planches encrées, avec cette planche crayonnée du Thermozéro présentée après (entre ? je ne m'en souviens plus avec assurance ?) une planche crayonnée de l'Alph-Art et une planche encrée des Picaros : qui connaît l'histoire de cette histoire écrite par Greg sur une demande d'Hergé et abandonnée en cours de route ? Pourquoi la placer ainsi, alors que faite dans les années 60, et quoi qu'il en soit laissée pour compte ? Plus encore sans expliquer son origine, à cpoté de tous ces travaux issus - eux - de livres édités ?? Très étrange !…
Passage au sous-sol où l'on peut retrouver un long alignement de couvertures du du Petit XXe : mettre un si grand nombre de couvertures - magnifiques au demeurant - du Petit XXe c'est très beau. Sans expliquer vraiment ce que fut ce journal et ce qu'il fut avec ce supplément destiné aux Jeunes lecteurs c'est un peu étrange... En fait les planches sont présentées, et le principe même de la bande dessinée est d'être très proche de l'original, pour les voir, les lire à tous les sens du terme, ce qui marque une immense différence avec la peinture, pour laquelle recul et approche (une forme de focus) ne sont que bénéfiques. On peut découvrir des documents étranges dans cette exposition, comme cette correspondance que l'on aperçoit sous vitrines dès la descente de l'escalier menant au sous-sol : le papier à lettre d'Hergé avec les différents logos qu'il créait m'ont toujours subjugué ; certains ont été reproduits dans le livre de Benoit Peeters, et, là on les voit de près. Le plus intéressant en est le sujet : certains échanges au sortir de la Guerre entre son futur-nouvel éditeur, Casterman, et Hergé. Très instructif au sujet des accords passés concernant Tintin entre Hergé et l'Abbé Wallez… Ce qu'il faudrait négocier ou régulariser avant de pouvoir passer chez Casterman, Hergé ayant un accord moral avec lui et tenant à le respecter (ce qui plutôt assez rare de nos jours, surtout avec les dessinateurs de bande dessinée), mais aussi surle contexte politique du juste après-guerre et une censure encore présente au dessus de la tête d'Hergé. Plus encore instructif est le style et le ton employé, si proche et si décalé de la réalité syntaxique des écrits de notre présent : nous sommes vraiment plongés dans une autre époque !