vendredi 11 novembre 2016

> Serge Clerc et la Science-Fiction en intégrale…

Non, ce ne sera pas une histoire de mathématiques… Rassurez-vous.
Mais the big book est enfin sorti : je l'attendais comme on attend toujours Serge Clerc d'ailleurs…
Un gros livre, une somme désespérée et tant espérée… ou tout au moins attendue.
La question qui me taraude est de savoir pourquoi cette attente qu'un ami a réussi a réactiver au niveau de mon tiroir "envie" dans ma petite caboche ?
Peut-être — et très certainement — parce que ce livre me fait retourner au moins 35 ans en arrière !
Ce qui n'est pas rien et encore moins offert à tout le monde…
Voilà, en fait, le véritable élixir de jouvence, ou bien alors le voyage spatio-temporel qui nous permet de filer sur les lignes infinies du temps pour nous régénérer et rajeunir (on appelle cela la relativité en faisant simple) ?…
La question a son importance, mais la réponse… 

Voilà la bête…
Je ne parle pas de la magnifique et resplendissante pin-up qui accroche tant le regard grâce à sa poitrine généreuse ses yeux dans lesquels on souhaiterait se noyer…
Le livre est beau, presque autant que la pin-up de couverture d'ailleurs… ce qui n'est pas une mince affaire, surtout quand on voit l'épaisseur de cette intégrale de près de 400 pages !
Tirée à 2500 exemplaires, tous signés par Serge Clerc via un tirage couleurs inséré et relié au début du livre : ce n'est pas tant que cela, tout en étant un gros tirage pour ce type d'ouvrage, flirtant entre l'intégrale thématique compilation des histoires de SF en Bande Dessinée de Serge Clerc, et le Art Book / recueil d'illustrations sur le même thème, avec tous les dessins, couvertures, recherches voire dédicaces (!?) qui les accompagnent dans un ordre chronologique…
On y trouve les récits courts tels Les merveilles de l'univers, ou la  Route de la gloire,  histoire de 15 pages faite avec Rodolphe qui commençait à être scénariste ( c'est aussi le titre d'un roman de Heinlein, dont il existe une édition en CLA Opta illustrée par… Moebius !)
Et, bien évidemment la reprise de tous les livres épuisés : principalement Captain Futur (la couverture est très mal reproduite dans mon exemplaire ? alors que les noirs sont plutôt pas mal) ou Sam Bronx et les robots… qui n'est pas le Sam Bronx de Phil Perfect, mais ça va devenir compliqué.
Un bon prétexte pour nous recaser Mélanie White, sur scénario de Manchette (qui n'était pas l'exclusivité de Tardi) : si je l'ai lu quand je l'ai acheté à l'époque (hé oui !), je me souviens toujours de la tête des collectionneurs de Serge Clerc quand je leur sortais ce livre, entre autres collectors, estampes ou choses plus rock'n roll du Dessinateur Espion® !…
Cette fois-ci, ils ne vont pas pouvoir y échapper…

Serge Clerc — Science-Fiction Intégrale
> La couverture encore emballée avec son totocollant marketing…
Éditions Dupuis — 2016

Serge Clerc — Science-Fiction Intégrale
> La couverture encore emballée : pour voir l'épaisseur (c'est la tranche !)
Éditions Dupuis — 2016

Serge Clerc — Science-Fiction Intégrale
> La couverture : déballé sans son totocollant = devoir garder l'emballage !
Éditions Dupuis — 2016

Serge Clerc — Science-Fiction Intégrale
> Clerc en pin-up boy et l'image signée : numérotation sidérale…
Éditions Dupuis — 2016

Serge Clerc — Science-Fiction Intégrale
> La couverture sous la jaquette… la surprise du 1er plat
Éditions Dupuis — 2016

Serge Clerc — Science-Fiction Intégrale
> La couverture sous la jaquette… la surprise du 4e plat
Éditions Dupuis — 2016

Serge Clerc — Science-Fiction Intégrale
> La couverture sous la jaquette… (presque) ouverte
Éditions Dupuis — 2016

Pour ce qui est du livre dans sa forme, Dupuis est passé du classique dos carré de la collection Patrimoine au dos rond / arrondi… ce qui va trancher avec les deux précédentes intégrales de Serge Clerc (qui sont en fait les deux suivantes : volonté de faire aussi compliqué que Star Wars ?) déjà présentes dans la bibliothèque : mais peut-être cela est-il un choix afin de vraiment différencier cette période de celles de Phil Perfect et de la musique ?
Il me semble que c'est le seul livre de la collection Patrimoine à passer au dos rond, à la mode depuis Futuropolis, Casterman et autres éditeurs… même moi avais fait ce choix pour l'intégrale de Lloyd Llewellyn de Daniel Clowes que j'ai éditée !…
Au déballage, la jaquette est plutôt du genre fragile que sensible. Le papier est trop léger, heureusement qu'il a été pelliculé pour lui donner un tant soit peu de main, mais il va falloir manipuler le livre avec d'infinies précautions : qui tient son livre avec la jaquette encore dessus — que l'on enlève souvent pour lire le livre lui-même — la marquera certainement. 
Il aurait été préférable d'augmenter légèrement le grammage voire de faire une jaquette américaine…
Un effort camarade : la jaquette protège et met aussi le livre en valeur… C'est le lecteur qui va devoir protéger sa jaquette… rapidement.
Celle-ci risque vraiment de s'abimer vite puisque ce livre ne se lira pas d'une traite (à moins de chercher à faire une cure de sommeil en maison spécialisée ?)…
Malgré toutes les précautions prises par les collectionneurs : mains propres et stérilisées, ongles manucurés et coupés, gants blancs en coton spécialement adapté à la manipulation de documents précieux et éviter de répandre l'acidité des mains sur le papier (attention de ne pas avoir les mains abimées telles que Dionnet et Pirus nous l'ont décrit dans Rose profond !), puis lecture en elle-même : verre de cognac prêt sur la table basse près de son fauteuil préféré, femme(s) et enfant(s) sortis pour faire les courses de Noël et musique douce en toile de fond sonore : je conseille The Clash ou The Cramps (hé, on ne va pas lire un Jonathan et, sincèrement, Mike Oldfield me fait vomir les tympans !)…
Et Vangelis ne marche que si l'on regarde Blade Runner

Je l'ai donc feuilleté. Plusieurs fois d'ailleurs. J'ai picoré et pioché ici ou là…
Ça me rappelle comme j'ai lu Le journal du même Serge Clerc : en prenant des passages au gré de ce qui accrochait mon regard et absolument pas de façon stricte de la première à la dernière page…
J'hésite pour ce gros livre entre foisonnement, richesse, somme exhaustive (la totale ?)  et compilation.
Tellement il y en a dans tous les sens.
On passe d'histoires de Bande Dessinée, à des illustrations, à des recherches, à des couvertures de livres : je verrai à la lecture si cela passe et se digère avec légèreté. 
Mais quoiqu'il en soit, l'envie est là, grande. Elle se développe tel un alien qui veut sortir retrouver maman Sigourney…
Le choix de la chronologie, a priori plus simple pour la mise en page et apparemment plus cohérente peut être un piège pour le lecteur: on peut aussi choisir de chapitrer ce type de livre, les histoires en Bande Dessinée d'un côté, et la face cachée de la planète illustration d'un autre…
Le papier me parait un chouïa léger, on perçoit une légère transparence parce que Serge Clerc dessinait vraiment pour le noir & blanc, parfois rehaussés de trames manuelles : les lèvres sont souvent bien noires…
On peut considérer qu'un grammage supérieur aurait eut un impact (on dit impacté dans le monde du marketing actuel : beurk !) probable sur le prix de vente public (PVP fixée par le seul éditeur) de cette édition intégrale et l'éditeur a certainement préféré ne pas écorner notre budget pré Noël…
Un aparté…
Intégrale qu'il faut bien évidemment et absolument aller acheter dans une librairie spécialisée en Bande Dessinée.
C'est déjà très difficile pour elles, encouragez les spécialisés dans votre domaine de prédilection plutôt que tout autres types de librairies : sinon les bandes dessinées ne se vendront plus que chez les gros du net ou dans des ZAC…
Un libraire spécialisé quel qu'il soit doit être défendu… Toujours. Ami, partout etc.
Même quand vous ne vous en rendez pas compte…

Il est dommage de ne pas m'avoir demandé le scan de cette première planche de L'étoile de Vega qui devait être la suite d' Exterminateur 17 de Bilal et Dionnet : je l'aurais fourni avec plaisir…
Je vous l'offre, à vous mes lecteurs fous (de me lire !)  : la page sans le logo titre, pour voir le dessin de Clerc et ce magnifique étoilé de l'espace intersidérale dans son intégralité…
Le logo est juste dessous : vous pouvez maintenant jouer à reconstituer tout seul — comme un grand — la page en kit à la suédoise

Serge Clerc + Dionnet — L'étoile de Vega
> Planche originale page 1
Sans le logo titre

Serge Clerc + Dionnet — L'étoile de Vega
> Logo titre original
Compose toi même la maquette de cette planche…

Un vrai regret : que l'image signée soit reliée dans le livre. Celui-ci étant filmé dès sa sortie de l'imprimerie, elle eut pu être (c'est français ?) juste insérée afin que celui qui l'aime puisse la mettre sous cadre sur un mur et décorer ainsi son intérieur d'un beau dessin de Serge Clerc.
Ce n'est 'qu'une' quadrichromie, mais tout de même, la relier ainsi, sur le modèle des éditions signées de la collection Aire Libre : bof, bof, bof
Le pire est cette numérotation mécanique : aaaaaaargh !
L'horreur… Le mauvais goût sous ce beau dessin !
J'offre toutes les idées du monde à qui en a besoin (rhooo, le prétentieux : non mais vous entendez ça !)…
Au minimum, faire imprimer le tirage/nombre "2500" d'après une numérotation écrite par l'artiste pour faire illusion (et Serge Clerc a une super belle écriture et/ou signature !) et prendre une petite main (un stagiaire ou apprenti en métier du livre/ édition dans le milieu) pour écrire la numérotation à la main et au crayon…
Ce type de numérotation mécanique peut être conservée pour numéroter le livre sous son colophon ou dans une page de justificatif de tirage : il s'agit là d'une illustration pleine page d'introduction à l'ouvrage…
Il eut mieux valu numéroter le livre lui-même de cette façon et laisser le tirage de ce dessin juste signé par Serge Clerc…
Dupuis a peut-être retrouvé les numéroteurs qui servaient pour leurs tirages de têtes des années 80, ceux à douze millions d'exemplaires ?
Je sais bien que c'est fait en machine (comme les tickets de tombola par exemple), mais tout de même…
Et, toujours le même souci pour un livre de cette pagination et donc volume/temps de lecture : l'absence de signet pour marquer sa page…
Cela est une quasi constante dans l'édition de Bande Dessinée : les livres sont devenus de plus en plus gros (et lourds) et la mode des intégrales s'est ajoutée à ces éditions : il n'y a quasiment jamais de signet, alors que le moindre Pléïade en contient au moins deux…
Il faut toujours trouver un marque-ta-page ou un machin, un ticket, un papier qui traîne pour savoir où reprendre son (gros) livre de Bande Dessinée… et, parfois beaucoup plus tard puisqu'on le lit tranquillement, à son rythme.
Je me demande si les éditeurs lisent les gros livres qu'ils éditent, eux ou leurs confrères, et surtout s'ils marquent les coins des pages de ceux qu'ils liraient ?
J'imagine le collectionneur de Bande Dessinée qui cornerait l'angle d'une page de sa bande dessinée : certains feraient une attaque en essayant juste d'imaginer la scène !…

Il ne reste que la taille des textes de légendes des différents documents ou récits, avec certains en cyan : un bon moyen de me faire remarquer que ma vue a baissé, même si je m'obstine à ne pas porter de lunettes et à faire des exercices avec GlassesOff. J'aurais parfois apprécié une typo un tout petit peu plus grosse et un bleu plus soutenu que ce cyan qui vibre (les commentaires de Serge Clerc himself) devant mes pupilles, peut-être trop dilatées à la découverte de tous ces magnifiques dessins du Dessinateur Espion®…

J'ai été très déçu de ne pas être dans les remerciements (mais non ce n'est pas vrai du tout : je plaisaaaaante !) : pourtant, en feuilletant cette intégrale, je me suis au moins souvenu  avoir vendu, pour la plus grande joie de l'auteur, la grande majorité des pages originales de Captain Futur & Co

Nul doute que je vais prendre plaisir à retrouver cette inoubliable ambiance des années 70 et cette Science-fiction que j'ai toujours tant appréciée… et dont Serge Clerc fut un incroyable acteur !
Ce qui est le plus important reste le contenu de cette Intégrale et de retrouver toute cette période incroyable dans l'œuvre de Serge Clerc, mêlant vaisseaux spatiaux, tueurs et aventuriers de l'espace sans états d'âme et ces pulpeuses pin-ups aguichantes et aguicheuses à sauver, telles des Hélène de Troie du futur : sans oublier ce style ciselé tel un orfèvre de l'humour décalé qui caractérisait tant de Serge Clerc…

Comme je le disais à mes clients : "bonne lecture !"




Valéry Ponzone